Amis Bibliophiles bonsoir,
Le microcosme des bibliophiles reste souvent mystérieux aux yeux des non-amateurs, mais que dire de l'univers feutré des amateurs d'ésotérisme, de franc-maçonnerie ou de martinisme? C'est un monde secret...
C'est ce monde secret qui a vécu un épisode fort singulier pendant l'été avec la vente d'une partie de la bibliothèque de Robert Amadou.
Robert Amadou (1924 - 2006) est un auteur qui a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France et surtout dans l'étude de l'ésotérisme (franc-maçonnerie, martinisme, soufisme, etc.).
Au cours de sa vie, Robert Amadou a constitué une considérable bibliothèque de recherche, et c'est le vol présumé de cette bibliothèque qui a rompu le silence feutré du petit monde de l'ésotérisme pendant l'été.
Ainsi, Wikipedia consacre-t-elle un chapitre à cet incident: "la bibliothèque de Robert et Catherine Amadou, l’outil d’une vie de travail, toute entière consacrée, dans le dénuement, à l’étude de nos chers objets et au service de la cause, cette bibliothèque a fait l’objet d’un vol considérable de plus, voire de beaucoup plus de 5000 ouvrages, de très nombreux documents d’archives, de manuscrits et d’imprimés.
Dans une lettre publique datée du 7 juillet 2013 Jean François Var confirme le vol avec ces propos : «Puis vint un moment où les ressources d’Henri M. se trouvèrent drastiquement amputées du fait de circonstances qu’il n’y a pas lieu de conter ici, et il se trouva en peine d’acquitter le loyer du stockage... La tentation lui vint alors, et il ne sut hélas pas y résister, de commencer à se rembourser de ses débours, qui se montaient en gros, déménagements et loyers inclus, à plus de 50 000 €. Il commit alors une double faute : ce qu’il faut bien qualifier de vol, et aussi, par une fierté mal placée, de ne s’être pas ouvert à ses amis intimes de cette situation à laquelle ils auraient pu l’aider à trouver des solutions.»
À la suite de la révélation de ce vol, le responsable de ce dernier a été écarté de l'obédience à laquelle il appartenait. Voici les propos du Grand Prieuré des Gaules dans un communiqué du 9 juillet 2013:
"À la demande du Grand Maître du Grand Prieuré des Gaules, le Grand Maître adjoint Henri M. a démissionné de toutes ses fonctions au sein du GPDG et de son appartenance au GPDG".
À l'heure où beaucoup de ces ouvrages et de ces documents se retrouvent dans le commerce, Catherine Amadou prie ses amis de publier l'annonce suivante :
« Catherine Amadou et les trois enfants de Robert Amadou (conjoint survivant donataire et héritiers de R.A.) tiennent à vous informer que la Bibliothèque de Robert Amadou a fait l’objet d’un important vol (plus de 5 000 livres, XVIe - XXIe siècles, des manuscrits) Ils mettent en garde les amateurs sur l’origine frauduleuse des livres ou des papiers qui en proviendraient. Cette origine frauduleuse étant d’ailleurs souvent ignorée des intermédiaires qui mettent en vente tel ouvrage dédicacé à R.A. par un grand nom de la littérature ou tel rare document d’archives d’un cercle martiniste de la Belle Epoque. La famille met en ce moment en place un dispositif juridique pour faire valoir ses droits."
Une triste histoire semble-t-il, qui a fini par atteindre l'univers de la bibliophilie puisqu'il semble qu'une partie des documents incriminés ont été mis en vente par la maison lyonnaise De Baecque & Associés au mois de juillet dernier (http://www.debaecque.auction.fr/FR/v21776-de-baecque-associes-photographies-des-xixe-et-xxe-siecles-autographes-documents/index_p7.html).
Ces faits laissent songeur. Songeur, quant aux démarches qui vont devoir être effectuées, je l'imagine, auprès des acquéreurs des lots lors de la vente. Songeur aussi quant aux dispositions que devrait prendre chaque bibliophile avant de disparaître: laisser un catalogue, une estimation de la valeur, désigner des héritiers, organiser une vente de son vivant... On ne le fait pas bien sûr, mais ne devrions-nous pas, enfin, ne devriez-vous pas, chers amis, puisque moi, évidemment, j'assisterai à votre vente :)
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