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Brève de comptoir bibliophile: de l'évolution des prix en salles des ventes. Accusés, levez-vous!

Amis Bibliophiles bonsoir,

Si l'est bien une chose que je dois à ce blog, en dehors de milliers d'heures passées à écrire des messages, c'est de m'avoir permis de rencontrer une foule d'amoureux du livre: relieurs, libraires, bibliophiles, universitaires... Certains sont devenus des amis et l'un de mes grands plaisirs est de les retrouver autour d'une bonne table pour parler livres. 

On évoque et on présente nos dernières trouvailles, tordant le cou à l'idée que les bibliophiles se jalousent, on raconte les dernières ventes aux enchères auxquelles nous avons assisté, nos dernières visites en librairies et on partage avec l'air entendu des vieux conspirateurs des anecdotes croustillantes...

Depuis un moment déjà, nous évoquions l'envolée des prix en salle des ventes, vieux serpent de mer des bibliophiles, qui interpelle certains d'entre nous et remet en question une habitude bien ancrée d'acheter en salle, plutôt que de jamais mettre un orteil dans une librairie.

Lecteurs attentifs des catalogues, nous avions en effet remarqué qu'au delà des régulières "ventes montées", - ventes aux enchères alimentées par des fonds de librairies -, apparaissaient de plus des lots présentés quelque temps auparavant par des libraires bien connus: des ouvrages de voyages bien traçables qui apparaissent au Grand Palais sur un stand d'un libraire après avoir été proposés dans les catalogues ou la vitrine du même libraire... et que l'on découvre dans une grande vente aux enchères allemande 3 mois plus tard. D'autres qui sont au Grand Palais puis proposés dans une vente normande, etc, etc. 

Il était temps de se poser sérieusement la question autour d'un grand Bourgogne, se pouvait-il vraiment que les prix s'envolent en salles, préparant un nouveau paradigme bibliophile? Etait-ce pour cela que des livres proposés en librairie se retrouvent dans des ventes? Ou était-ce simplement un mécanisme ancien du marché devenu plus visible grâce à internet? 

Cela tombait bien, nous avions un libraire à table... et celui-ci nous étonna en livrant son analyse, très personnelle, de la situation: 

Oui, les adjudications des livres importants s'envolent en salle, oui cela touche aussi des livres moins importants. Oui cela pose la question de tenter sa chance en salles plutôt que de conserver longtemps un livre en stock. Oui le marché de la librairie est aujourd'hui à deux vitesses: si l'on parle vraiment de livres de bibliophilie, un fossé se creuse entre libraires ayant des trésoreries importantes et accès à des livres "sans prix" (et donc les clients qui vont avec), et libraires plus contraints.

Mais alors pourquoi? Là encore, notre ami libraire, connu pour son franc-parler, proposa une interprétation très personnelle: si les prix en salles augmentent, ce n'est pas sous les coups de boutoir d'un Léviathan qui n'impacte finalement le marché qu'à sa marge, c'est sous l'impulsion des bibliophiles eux-mêmes...

Les bibliophiles seraient en effet de plus en plus présents en salles des ventes, poussés par plusieurs facteurs: 

- l'accueil poussiéreux des libraires qui ne savent plus attirer les jeunes amateurs, 

- jeunes amateurs qui maîtrisent les nouveaux moyens de communication (accès simplifié aux catalogues de ventes, plus simplement qu'à ceux des libraires, possibilité d'enchérir à distance, depuis son fauteuil, sans avoir à subir la pression de la salle, etc.),

- écart de prix favorable entre le prix en salles et le prix en librairie (supposé ou réel d'ailleurs); encore que le retour de balancier actuel modérera à terme cette idée. (Une remarque intéressante d'ailleurs de la part du convive: peu importe finalement les libraires qui "braient" - je le cite - et assurent que leurs prix en magasin sont plus faibles qu'en salles si personne ne franchit leur pas de porte...)

(Là, le bibliophile avait déjà noirci un coin de nappe, on a ouvert une 2ème bouteille)

Bref, les bibliophiles font monter les prix en salles, simplement parce qu'ils sont plus nombreux à y assister et à franchir le pas (merci les systèmes d'enchères en live depuis son fauteuil), motivés par une idée - juste ou fausse d'ailleurs, c'est sans importance - que les prix sont moins élevés en salles que chez les libraires. Idée tenace, entretenue par le bon sens: "les libraires achètent en salles pour revendre dans leurs librairies, c'est donc forcément moins cher pour un bibliophile d'acheter en salle"... CQFD. 

Finalement, plus les amateurs verront de libraires en salles des ventes, plus ils seront confortés dans l'idée que les prix y sont moins élevés. La logique est assez imparable.  

Elle en pose une autre... si les prix deviennent plus hauts en salles, où les libraires vont-ils se fournir, et l'habitude de passer des livres de librairie en vente peut-elle se généraliser?

Il était tard, on avait parlé de tout et de rien, mais ce petit moment resta dans ma mémoire. Où en étais-je moi même d'ailleurs? La réponse était dans la question.





signe

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