Amis Bibliopiles bonjour,
Charlie Hebdo, sous la plume de Laurent Léger, consacre un article intéressant de son édition du 15 octobre 2014 aux "Niches fiscales qui transforment le papier en or". Selon l'hebdomadaire près de 15000 clients ont investi dans des dispositifs élaborés à la rentabilité encore incertaine.
Selon Charlie Hebdo, "le parquet de Paris a ouvert au printemps une enquête préliminaire sur le chef d'escroquerie pour vérifier les activités d'Aristophil, une société créée par Gérard Lhéritier proposant des investissements dans les manuscrits et les vieilles lettres". Toujours selon l'hebdomadaire, "une procédure traîne depuis 2010 à la Répression des fraudes (DGCCRF), mais le procureur décidé d'agir, semble-t-il, en raison du risque désormais patent. Plus de 15000 clients y ont investi. "La puissance publique a la trouille que tout explose", décrypte l'un de ceux qui surveillent le dossier."
Aristophil s'est récemment illustré en acquérant pour 7 millions d'euros le manuscrit de Sade, les Cent Vingt Journées de Sodome. Le principe proposé par Aristophil est de "concocter des lots avec ces documents, chaque lot étant divisé en plusieurs centaines de parts vendues à des investisseurs. Un découpage virtuel: en achetant, on devient copropriétaire en indivision des œuvres pour 5 ans, mais les manuscrits restent physiquement chez Aristophil, dans un coffre, ou sont exploités via le Musée des Lettres et manuscrits, créé par le même Lhéritier".
Comme le souligne Laurent Léger, chacun de ces documents étant unique, il est très difficile d'établir une cote, d'autant plus qu'un acteur aussi influent qu'Aristophil fait potentiellement augmenter les prix par sa seule action sur le marché.
Une des questions posées par ce type d'investissement est la récupération de ses fonds ou de son bénéfice alors que les contrats proposés par ce type d'acteur ne garantissent aucune plus-value, même si des conseillers en patrimoine qui interviennent sur ce marché promettent parfois des intérêts mirifiques... Une autre question pourrait se poser si tous les investisseurs décidaient de récupérer leur mise en même temps, dans la mesure où Aristophile n'est pas un établissement financier et n'est donc pas obligé "de disposer d'une trésorerie susceptible de couvrir les dettes". Or près de 600 millions d'euros auraient été investis.
En Belgique, Aristophil f'ait également l'objet d'une enquête mais n'a pas été inculpé.
L'article se termine d'une façon cocasse, en évoquant un possible gain de 170 millions d'euros pas Gérar Lhéritier à un tirage Euromillions en 2012, information démentie par l'intéressé...
Rocambolesque!
Un article intéressant en tout et une bonne raison, entre autres, d'acheter de temps en temps ce journal satyrique.
A regarder aussi, une vidéo intéressante: http://www.quechoisir.org/argent-assurance/epargne-fiscalite/placement-financier/actualite-lettres-et-manuscrits-camera-cachee-des-methodes-de-vente-a-revoir
H
PS : le Blog du Bibliophile étant très soucieux de la réputation d'Aristophile ou d'autres sociétés actives dans ce type d'investissement, nous serons bien sûrs très heureux de publier leurs commentaires ou rectifications éventuelles.