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Channel: Le Blog du Bibliophile, des Bibliophiles, de la Bibliophilie et des Livres Anciens
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Miscellanées du bibliophile: Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg et Andersen, un cauchemar et un conte de Noël... Arnaque sur le Bon Coin, quand le livre numérique surpasse le livre papier sur le plan pédagogique...

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Amis Bibliophiles bonjour,

Tous mes voeux de bonheur à tous en cette nouvelle année, qu'elle soit douce pour vous, ceux et celles qui vous sont chers. 

Un poignet droit façon puzzle me rend chaque chose un peu plus difficile en ce début d'année... il n'est pas exemple pas simple, ni sans douleur de taper sur un clavier. J'avais prévu une refonte du blog début janvier, nouveau look, nouveaux liens et une petite surprise, mais cela devra attendre un peu désormais; au moins début mars.


J'avais évoqué les méfaits de l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg dans un message ici http://bibliophilie.blogspot.fr/2012/12/sichergestellt-durch-einsatzstab.html. 70 ans plus tard, le sujet est toujours d'actualité. Ainsi selon Reuters qui cite le journal autrichien Der Standard, des centaines de livres anciens et d'oeuvres volés par les Nazis feraient aujourd'hui partie des collections du musée juif de Vienne.

Longtemps après les autres grands musées autrichiens, le musée juif de Vienne a entamé en 2007 un inventaire systématique de ses collections pour en déterminer l'origine. Ce travail a permis de déterminer qu'un demi-millier d'oeuvres et environ 900 livres seraient d'origine douteuse.

"Tout ce qui a été acquis illégalement doit être restitué. Il n'y aura là-dessus pas l'ombre d'une hésitation", a déclaré au Standard la conservatrice du musée, Danielle Spera.

Mais la période de Noël est aussi propice aux contes, et après la bible de Gutenberg découverte dans un grenier parisien, c'est un conte inédit d'Andersen qui vient d'être retrouvé au fond d'un carton.

Ce conte de fées centré autour d'une bougie qui voudrait être allumée vient en effet d'être authentifié par des historiens à Odense, au Danemark. Exhumé des archives nationales en octobre, le manuscrit de six pages serait l'une des premières histoires écrites par Hans Christian Andersen.

Alors qu'il fouillait les archives de la famille Andersen dans sa ville natale, Esben Brage découvre La Bougie de suif, au fond d'un carton. "J'étais fou de joie, a déclaré M. Brage, cité par un blog du New York Times. J'ai immédiatement contacté le conservateur des archives pour lui faire part de ma découverte." Probablement écrit entre 1822 et 1826, le texte précède les débuts littéraires d'Andersen, datant de 1829, lors de la publication du poème L'Enfant mourant.

"C'est sensationnel, a répété en écho le directeur du musée d'Odense, Einar Stig Askgaard, au quotidien The Guardian. En partie parce que ce texte est vu comme le premier conte de fées d'Andersen, et aussi parce qu'il témoigne de son intérêt précoce pour ce genre littéraire." M. Askgaard a ajouté qu'il ne doutait pas que le texte ait été écrit par l'auteur de La Petite Sirène. "C'est une des premières fois où Andersen, qui à l'époque n'avait que 18 ans, s'essaie à la prose", a ajouté le directeur.

L'histoire est dédiée à la veuve du pasteur Bunkeflod, qu'Andersen a connue enfant. Selon M. Askgaard, Andersen se rendait régulièrement chez Mme Bunkelflod pour lui emprunter des livres. C'est la découverte la plus impressionnante depuis les années 1920, lorsque les mémoires d'Andersen avaient été retrouvés à la bibliothèque royale danoise. (Source M Blog).

Il est temps de fouiller dans vos cartons!

Cela sera toujours plus sûr que de fouiller sur le site Leboncoin.fr où les arnaques continuent de se multiplier. Ici c'est le cas de l'exemplaire des fermiers généraux qui fût vendu sur ebay en décembre pour 8000 euros environ. Et bien il est revendu (évidemment l'ouvrage n'existe pas) ici http://www.leboncoin.fr/livres/414253413.htm par un escroc. 


J'ai sollicité le vendeur qui si vous le contactez, vous proposera de le payer sur un compte bancaire à l'étranger, vous fournira un kbis falsifié et une carte d'identité usurpée. Moche. Je me demande si cela fonctionne.

De la supériorité des livres électroniques sur les livres papiers? Débat sans fin, mais qui semble à mes yeux tourner à l'avantage du livre électronique, en tout cas au niveau pédagogique. Ainsi la très belle initiative d'Orange, de la BNF et la Voltaire Foundation (aucun diable américain, les chagrins le constateront...) qui vous proposent de redécouvrir une œuvre majeure de notre patrimoine littéraire, Candide de Voltaire. 




Si vous avez un ipad, vous pouvez vous rendre ici https://itunes.apple.com/fr/app/candide-ledition-enrichie/id581935562?mt=8 et télécharger cette application qui vous invite, dans une approche à la fois ludique et scientifiquement rigoureuse, à découvrir ou redécouvrir cette œuvre de Voltaire, au gré de vos envies. Elle offre de nombreux enrichissements autour du texte ainsi que des éclairages qui contribuent à la compréhension de l’œuvre. 

L’application « Candide, l’édition enrichie » comprend trois parties :

- Le Livre : centré sur la lecture et la découverte du texte, il propose l’affichage synchronisé du texte et du manuscrit conservé à la BnF. La voix de Denis Podalydès vous permet d’écouter une interprétation vivante et personnelle de Candide. En un tap, vous accédez à un mode de lecture augmentée qui vient faciliter l’appropriation de l’œuvre : définitions, variantes de l’édition critique établie par René Pomeau et publiée par la Voltaire Foundation, fiches sur les personnages, les lieux, les concepts, illustrations du texte par des graveurs du XVIIIe siècle mais aussi par Paul Klee...

- Le Monde : la carte vous permet de suivre le voyage de Candide tout en proposant des approfondissements pédagogiques autour de l’œuvre, avec des interviews de personnalités, une anthologie et des contenus iconographiques. Michel Le Bris, Alain Finkielkraut, Martine Reid et Georges Vigarello apportent tour à tour leur éclairage sur des thèmes tels que les femmes au XVIIIe siècle, l’Eldorado, l’image de l’autre, cultiver son jardin, …

- Le Jardin : espace collaboratif, le jardin vous permet d’organiser, de commenter et de publier vos favoris sous forme d’un carnet. Ces carnets apparaissent dans le jardin comme autant d’arbres de la connaissance pointant sur les réinterprétations produites par les lecteurs-contributeurs depuis le web. Cette partie a notamment vocation à être un outil pédagogique : les professeurs peuvent créer leur propre présentation dans le jardin et inviter leurs élèves à y contribuer. La création des contenus des arbres se fait à partir du site web (fonctionnalité disponible début 2013).

Pas mal du tout!

Pour finir... entendu hier chez un bibliophile alors que sa fille de 16 ans s'apprêtait à ouvrir un volume "tu es folle, ne l'ouvre pas!".

Hugues



Dans la bibliothèque du bibliophile: Les Liaisons Dangereuses, 1796, 1ère édition illustrée, maroquin de Brany

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Amis Bibliophiles bonjour,

Poignet cassé, le bibliophile sort une fiche de sa manche :)


Les Liaisons Dangereuses.
Lettres recueillies dans une société, et publiées pour l'instruction de quelques autres.
Pierre Choderlos de Laclos

Londres [Paris], 1796.

2 volumes in-8 [200 x 135 mm] de 1 frontispice, 415 pp., 7 figures ; 1 frontispice, (2) ff., 398 pp., (1) f. blanc et 6 figures.


Reliure en plein maroquin rouge signée Brany. Dos à nerfs orné de fers délicats, triple filet en encadrement des plats, double filet sur les coupes, large guirlande sur les chasses. Gardes marbrées, toutes tranches dorées. Quelques frottements sans gravité, quelques toutes petites piqures sur les plats. Papier en parfait état, gravures parfaitement contrastées, très belles marges.



Un des rares exemplaires sur vélin du Marais. Cohen (col. 235) observe que ce tirage de luxe va de pair avec des figures avant la lettre. Toutefois, Reynaud fait état d'un exemplaire sur papier vélin avec la lettre, comme ici (Notes sur les livres à gravures du XVIIIe siècle, p. 86).

Ex libris gravé d'Oliver Brett sur la premier contre-plat de chaque volume, ex libris de le Barbier de Tinan sur un feuillet liminaire du premier volume.

Il s'agît ici de la première édition de 1796 et non de la réimpression similaire de 1812 : comme le souligne Cohen, le titre est ici sur huit lignes et le lieu d'édition et la date sont séparés par deux traits (un seul trait ondulé pour l'édition de 1812).

Illustré de 15 magnifiques gravures (2 frontispices et 13 illustrations de lettres), commandées spécialement pour cette édition à Fragonards fils, Monnet et Melle Gérard, et gravées par Baquoy, Duplessis-Bertaux, Dupreel, Godefroy, Langlois, Lemire, Lingée, Masquelier, Patas.





La plus belle édition des Liaisons Dangereuses, et la première édition illustrée. Oeuvre fascinante et considérée comme l'un des sommets de la littérature française. Vicomte de Valmont, Marquise de Merteuil... On ne présente plus ces personnages de fiction devenus aussi vivants qu'illustres. 

«Ce livre, s'il brûle, ne peut brûler qu'à la manière de la glace» (Charles Baudelaire).

Sous la Terreur, les amateurs se préoccupent davantage de sauver leur tête que d'enrichir leur bibliothèque. Fragonard, Moreau le jeune et Greuze se survivent. L'art de la vignette est tombé en désuétude sous l'empire d'un académisme glacial. Les ateliers de gravures font office d'écoles de vertus. Si Les Liaisons dangereuses ont droit de cité, c'est que l'époque y voit un pamphlet politique inspiré par l'esprit révolutionnaire. Toutefois, la sensualité fougueuse des compositions surprit et fit sensation. N'était-ce pas renouer avec le libertinage « aristocratique » sous prétexte d'en flétrir les effets ? Parmi les « striking plates » vantées par Gordon N. Ray, il y a ce tableau risqué d'une scène de séduction entre Mme de Merteuil et la « petite Volange ».

Bel exemplaire sur vélin. 

Bibliophilie et Sciences: Varignon, académicien de la première heure et l'un des fondateurs de la mécanique analytique

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Amis Bibliophiles bonsoir,


Pierre Varignon (1654 - 1722) est un des géomètres français les plus célèbres de son temps. Il étudie la théologie et la philosophie au collège jésuite de Caen avant d'être ordonné prêtre. À son arrivée à Paris en 1686, il se consacre à l'étude des mathématiques, enseigne cette matière au collège Mazarin de Paris et devient membre de la section de géométrie de l'Académie royale des sciences en novembre 1688. Il en est nommé premier titulaire par Louis XIV, le 28 janvier 1699. De 1710 à 1719 il est sous-directeur, puis directeur de cette Académie. Il est élu à l'Académie de Berlin en 1713 et à la Royal Society en 1718. La correspondance qu'il a entretenue avec Leibniz, Newton et surtout les frères Bernoulli lui a permis de devenir, de concert avec le marquis de l’Hôpital, l’un des promoteurs les plus actifs de l’introduction en France du calcul différentiel et intégral, créé par Leibniz. Ses disputes sur le sujet avec Michel Rolle sont restées célèbres.


Le nom de Varignon est également resté attaché à une figure géométrique, le parallélogramme de Varignon : lorsqu'on joint les milieux d'un quadrilatère convexe, on obtient un parallélogramme.  Varignon fut aussi le premier à utiliser le calcul différentiel dans certains domaines de la physique. Il est un des pères de la cinématique moderne par sa formalisation, dans deux communications à l'Académie Royale des Sciences, des définitions de la vitesse instantanée et de l'accélération. Il prouve notamment que la seconde est la dérivée de la première. Il est aussi l'inventeur du premier manomètre en 1705.


Projet d’une nouvelle mécanique avec un examen de l’opinion de M. Borelli...
Paris, Vve E.Martin et J. Boudot. 1687. EO.
1 volume in-4 ; (18), 133, (3) pp, 13 pl.


Dans ce premier ouvrage Varignon démontre la règle de la composition des forces concourantes énoncée par Stevin (règle du parallélogramme). Dans la deuxième partie, Examen de l'opinion de Borelli*, qui critiquait les idées de Stevin, il se prononce en faveur de Stevin, tout en reconnaissant l'importance des travaux scientifiques de Borelli. Cet ouvrage fut repris dans les Acta Eruditorum de 1688.

*Giovanni Alfonso Borelli publie en 1667 De vi percussionis, en 1670 De motionibus naturalibus a gravitate pendentibus liber, et en 1680 De Motu Animalium. Une édition paraît en 1686, sous le titre De vi percussionis, et motionibus naturalibus a gravitate pendentibus, sive… de motu animalium… accurante [J. Broen, Lugduni Batavorum, Petrum Vander Aa ;  1 volume in-4, frontispice, (14), 262 pp, 6 pl, (22) pp.]


Nouvelle mécanique ou statique, dont le projet fut donné en 1687...
Paris, C. Jombert. 1725. EO.
2 volumes in-4 ; (28), 387, (1) pp, 28 pl. - (4), 478, (2) pp, 36 pl.

Varignon peut être considéré comme l’un des fondateur de la mécanique analytique : il introduit le calcul différentiel en mécanique. Dans deux communications à l’Académie des Sciences il définit la vitesse instantanée (5 juillet 1698) et l’accélération (20 janvier 1700).


Varignon traite la statique à l’aide de la règle du parallélogramme et énonce le théorème des moments qui peut s’énoncer : Le moment en O de la résultante de plusieurs forces concourantes en un point O est égal à la somme des moments en O de ces forces.

Varignon travaillait à cet ouvrage à sa mort en 1722. Fontenelle , à qui Varignon avait légué ses papiers, a remis ce traité à M. de Beaufort, Académicien, qui s’est chargé du soin de cette édition avec M. l’Abbé Camus. Le traité est précédé de l’éloge de Varignon par Fontenelle.

Premier volume : Lemmes pour l’intelligence des sections suivantes – Des poids soutenus avec des cordes seulement, en quelque nombre qu’elles soient, et pour tous les angles possibles qu’elles peuvent faire entre elles – Des poulies et des moufles, soit que le centre de ces poulies demeure fixe, ou qu’on le suppose mobile ; et pour toutes les directions possibles des puissances ou des poids qui y seront appliquez – Du tour et des autres machines qui y ont rapport – De toutes sortes de leviers, de quelque figure, de quelque espèce, et dans quelque situation qu’ils soient, et pour toutes les directions possibles des puissances, ou des poids qui y sont appliquez.

Second volume : Des poids soutenus sur des surfaces inclinées – De la vis – Du coin – Corollaire général de la théorie précédente – De l’équilibre des liqueurs. A la suite de ce traité se trouve une importante seconde partie « où l’on applique la théorie précédente à la résolution de plusieurs problèmes ; à la démonstration de quelques machines, et à l’examen de l’opinion de M. Borelli, sur les propriétez des poids suspendus par des cordes. »
Certains exemplaires ont un portrait et une planche 49 bis non signalée au 3ème feuillet du tome II.


Traité du mouvement et de la mesure des eaux courantes et jaillissantes...
Paris, Pissot. 1726. 2èmeédition.
1 volume in-4 ; (12), 128 pp, 5 pl.

Ouvrage posthume, publié par l'Abbé Pujol qui en avait trouvé le manuscrit à la mort de Varignon. Les quarante-huit premières pages sont consacrées à un  Traité préliminaire du mouvement en général. La première édition date de 1725. 

Bernard

Ebayana, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay...





J.J. ROUSSEAU, La Nouvelle Héloise, EDITION ORIGINALE, Dos à la grotesque, 1761. PAS DE PRIX DE RESERVE - NO RESERVE -






















































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Les ventes aux enchères de livres anciens: « C’est pour rien », « 300 au fond, 400 sur ma droite », « vous en voulez ? 420 ? Non ? Adjugé ! »

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Amis Bibliophiles bonjour,


Tout au long des siècles, les ventes aux enchères de livres ont joué un rôle fondamental dans la pratique bibliophilique. Si les ventes aux enchères existaient déjà à Babylone vers 500 av. J.-C., avec le marché du mariage, et si l’on suppose que des ventes se sont tenues dès le xve siècle en Flandre, la première vente de livres connue en Europe s’est déroulée en 1599 aux Pays-Bas (vente de la bibliothèque de Philippe de Marnix, orchestrée par Louis Elzevier). 

En France, les premières ventes identifiées datent du xviie siècle. Néanmoins, avant 1699, il semble que les livres pouvaient être achetés aussi bien aux enchères qu’à l’amiable, en bloc ou livre par livre, ainsi Jacques Amelot de Beaulieu acquît-il en bloc la bibliothèque de Gilles de Souvré (28 novembre 1632). 


Le doute est entretenu par le catalogue de la vente du fonds du libraire Thomas Blaise (Catalogue des livres de la boutique de Thomas Blaise libraire, lesquels se vendront en destail, au plus offrant & dernier encherisseur, aux jours, lieu & heures assignez par les affiches, qui pour cet effet, seront mises és lieux & endroits accoustumez. Le present catalogue se distribuera en la maison où ledit Blaise est demeurant à present, en la ruë Sainct Jacques à l’enseigne Sainct Thomas) en 1641, qui stipule que les livres seront vendus « en détail, au plus offrant et dernier enchérisseur», alors que le prix de chaque ouvrage est imprimé.

Les ventes sur catalogue sont déjà nombreuses à l’époque, mais c’est la vente Claude Boucot qui est aujourd’hui reconnue comme la première vente aux enchères de livres en France (16 novembre 1699 – Catalogue de la bibliothèque de défunt M. Boucot, garde-rolle des offices de France, composée de plus de dix-huit mille volumes de livres imprimez très bien conditionnez, plusieurs des in-folio étant de grand papier et reliez en maroquin, de plus de soixante et dix mille estampes entre lesquelles il y a dix-sept mille portraits ; d’un très grand nombre de livres d’arts, d’éloges de descriptions, de médailles, d’emblêmes, de plantes et autres remplis de figures ; et de plusieurs manuscrits en velin ornez de très belles mignatures. La vente s'en fera en détail au plus offrant et dernier enchérisseur, le 16 novembre 1699 et jours suivants.). La vente de la bibliothèque nécessita plusieurs vacations puisque, bien qu’elle ait débuté le 16 novembre 1699, le Bréviaire de René II de Lorraine, n° 601, ne fût adjugé que le 6 janvier 1700 (Henry Martin. Le Cabinet d’estampes de Claude Boucot. In Mélanges offerts à M. Henry Lemonnier. Paris, Édouard Champion, 1913).

Au xviiie siècle, Paris s’affirme comme la capitale mondiale des ventes aux enchères de livres, place qu’elle ne quittera plus et qu’elle conserve encore aujourd’hui. C’est aussi l’âge d’or des catalogues rédigés par Gabriel Martin ou De Bure qui constitueront ensuite des ressources bibliographiques de premier plan.

Depuis le xviiie, les grandes collections sont en général dispersées dans des ventes importantes, qui sont autant de moments privilégiés de la pratique bibliophilique. L’amateur peut alors découvrir la bibliothèque rassemblée par un pair, et saisir l’opportunité d’enrichir sa propre bibliothèque.

Parmi les grandes ventes de livres, on retiendra notamment les ventes Hoym, Descamps-Scrive, Rahir, Berès, mais on peut en général considérer que les bibliothèques des plus grands bibliophiles finissent le plus souvent par subit le feu des enchères. De la vente du comte d’Hoym, on peut par exemple retenir qu’elle nécessita 59 vacations, du 12 mai au 2 août 1738, et coûta finalement plus d’argent qu’elle n’en rapporta, malgré la qualité évidente des ouvrages proposés. C’est Gabriel Martin, « savant libraire, le premier en France après Prosper Marchand à se livrer avec succès à la rédaction de catalogues de livres à vendre, et qui sut la porter à un degré de perfection difficile à surpasser » (Brunet, t. III, col.1497), qui fût chargé de la rédaction du catalogue d’une bibliothèque qu’il avait d’ailleurs contribué à enrichir : Catalogus librorum bibliothecae illustrissimi viri Caroli Henrici comitis de Hoym [...]. Digestus & descriptus à Gabriele Martin, bibliopola parisiensi. Cum indice auctorum alphabetico. Parisiis, apud Gabrielem & Claudium Martin [...]. MDCCXXXVIII.

Tout bibliophile en vient un jour à vouloir goûter le parfum des enchères, qu’il souhaite assister à l’une de ces nombreuses « ventes du siècle », durant lesquelles les bibliothèques d’autres amateurs sont dispersées, ou, plus simplement, qu’il se sente prêt à enchérir pour acquérir un lot depuis longtemps convoité.

Il reste cependant rare de croiser des nouveaux venus en bibliophilie dans les salles des ventes, tant cet exercice requiert de connaissances à la fois propres au livre, mais également bien spécifiques au jeu particulier des enchères.

S’aventurer dans une salle des ventes sans ces connaissances et se risquer à enchérir nécessite en effet d’être bien préparé. Mais, pour qui en maîtrise les arcanes, les ventes aux enchères de livres sont une magnifique occasion d’enrichir sa bibliothèque, parfois à moindre coût par rapport à un achat en librairie – et c’est là d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les connaissances du bibliophile sont cruciales dans une vente, puisqu’il ne bénéficie pas du conseil du libraire, que ne remplace pas l’expert –, et de façon, il est vrai, plus ludique.

L’enchère elle-même est l’aboutissement ultime de l’un des plus doux plaisirs du bibliophile: la lecture d’un catalogue. C’est une source inépuisable d’informations et de découvertes, et l’occasion de découvrir, voire d’acquérir, des ouvrages encore inconnus avant la vacation.

Participer au jeu des enchères nécessite une préparation particulière : pour les ventes courantes qui ne bénéficient pas d’un catalogue, voire de la présence d’un expert (et où les chances de dénicher un ouvrage rare, en bonne condition, sont rares, il faut bien l’avouer), il est impératif de visiter l’exposition – obligatoire depuis 1861 – afin de pouvoir manipuler, voire collationner rapidement, les ouvrages, afin d’éviter toute mauvaise surprise.

Pour les ventes cataloguées, la lecture attentive et approfondie du catalogue est une nécessité, de même qu’une visite de l’exposition, pour évaluer « de visu » la qualité d’un ouvrage, est utile, si l’amateur en a la possibilité. Toute description, même effectuée par un expert, reste en effet subjective, et un « bon exemplaire » peut parfois réserver des surprises à l’amateur exigeant qui n’aurait pas eu l’ouvrage entre les mains. Du reste, la précision « complet » ayant quasiment disparu des descriptions pour limiter les risques de réclamation, il est également fort recommandé de vérifier les collations des ouvrages convoités. Le catalogue lu et relu, les descriptions vérifiées dans les bibliographies adaptées les plus récentes, les ouvrages évalués « de visu », voire manipulés à chaque fois que cela est possible, les estimations comparées aux prix disponibles – si tant est que deux exemplaires puissent être comparés –, le moment d’enchérir se rapproche.


Plusieurs solutions s’offrent alors à l’amateur : enchérir en personne, soit dans la salle, soit à distance (le plus souvent par téléphone), ou faire appel à un tiers pour lui confier un ordre d’achat. Ce tiers peut être l’une des personnes organisant ou assistant la vente, telle que le commissaire-priseur, l’expert, voire le crieur ou un commissionnaire. Les diverses options peuvent se combiner, et il n’est pas rare d’observer un libraire présent dans la salle, dont le commis enchérit par téléphone, par mesure de discrétion. Pour la même raison, l’amateur peut également confier un ordre, tout en étant présent dans la salle.

Pour qui ne peut se rendre à l’hôtel des ventes le jour de la vacation, les deux solutions les plus communes sont de participer aux enchères par téléphone, ce qui reste le moyen le plus sûr de remporter un lot, ou de laisser un ordre d’achat au commissaire-priseur qui enchérira alors en votre nom. L’ordre est un exercice délicat : il permet certes d’éviter la folle enchère, mais pose la question de confier ses intérêts à un intermédiaire qui est à la fois juge et partie, et dont l’intérêt reste de soutenir les prix lors de la vente.

Il n’est hélas pas rare de voir un commissaire-priseur démarrer les enchères au niveau maximum des ordres qui lui sont confiés, au lieu d’enchérir progressivement comme cela devrait être le cas. Et ce, d’autant plus que les études qui organisent les ventes ont une tendance naturelle a favoriser les enchérisseurs présents dans la salle, ce qui simplifie la gestion et les questions logistiques.

La présence dans la salle des ventes ou les enchères téléphoniques sont donc les formules à privilégier. A l’hôtel Drouot, à Paris, la coutume permet également de confier ses enchères aux bons soins d’un commissionnaire, qui défendra alors vos intérêts lors de la vente. L’usage veut alors qu’en cas de victoire, l’amateur remette un pourboire au commissionnaire, qui peut inclure une partie variable, généralement inversement proportionnelle au prix de l’adjudication.

Le déroulement de la vente est d’une grande simplicité : le commissaire-priseur égrène les lots dans l’ordre du catalogue, avec l’aide d’un expert qui peut ajouter des détails nécessaires et agrémenter la description présente au catalogue d’un commentaire plus personnel. En France, on vend en général environ 80 lots à l’heure, selon l’importance des lots, la durée des enchères, voire la dynamique insufflée par le commissaire-priseur ou l’expert.

Le bibliophile ou le libraire qui assiste à une vente connaît la tension croissante à l’approche du lot convoité, et la satisfaction ou la déception qui accompagnent l’adjudication. Pour enchérir, chacun agit selon son tempérament, du bras levé au discret hochement de tête, voire au clignement d’œil qui n’est guère perceptible que par le commissaire-priseur. Chacun également choisira sa place dans la salle de façon stratégique : au premier rang pour bien [re]voir les lots présentés et leur jeter un dernier coup d’œil avant la mise en vente, ou au contraire au fond de la salle, position souvent privilégiée par les professionnels qui peuvent ainsi « contrôler » la salle et les enchères, et surveiller d’éventuels concurrents, car la psychologie joue naturellement un rôle essentiel dans cette pièce de théâtre aux nombreux acteurs.

Les ventes aux enchères sont ainsi le théâtre d’une véritable « comedia dell arte » jouée par ses acteurs et l’occasion d’assister à des scènes savoureuses : amateurs qui soupçonnent – le plus souvent à tort, mais parfois à raison – des ententes entre les professionnels et redoutent la « révise » qui les priverait d’un lot convoité, libraires qui soutiennent les prix pour éviter qu’un amateur ne vienne faire de trop bonnes affaires dans leur « pré carré », manettes, objets de luttes acharnées, concurrence féroce entre libraires « ennemis », amateurs et professionnels se laissant emporter au delà du raisonnable par le jeu des enchères. Il s’y joue d’ailleurs un acte particulier de la relation libraire/amateur, puisque ces vacations constituent l’un des moyens d’approvisionnement des professionnels et que le bibliophile peut donc souvent y acquérir des ouvrages à des prix très sensiblement inférieurs à ceux pratiqués en librairie.

Les ventes aux enchères ont donc, sans conteste, un intérêt majeur pour les bibliophiles : leur préparation nécessite une lecture forcément très enrichissante et formatrice des catalogues, elles permettent d’être en contact avec un nombre très important de livres, ce qui est également très didactique, elles sont une opportunité évidente d’acquérir des ouvrages de qualité, à des prix souvent inférieurs à ceux pratiqués en librairie, elles permettent de vivre les grands moments de la grande histoire de la bibliophilie, dont les catalogues resteront comme des témoignages et des outils aussi précieux que certaines bibliographies, mais elles permettent également, et enfin, de vivre de merveilleux moments d’humanité et de comédie humaine, que l’on en soit un simple spectateur ou l’un des acteurs.

On se souvient de ce grand libraire, aidé par deux assistants, achetant les deux-tiers des lots mis en vente lors d’une vacation, au grand désarroi des autres enchérisseurs présents dans la salle, qui finirent par abandonner la partie. 

On connaît ces ventes d’outre-Rhin où le commissaire-priseur ne décrit pas les lots et se contente de donner leur numéro, écoulant ainsi près de 150 lots à l’heure, mais donnant au spectateur l’impression d’assister à une gigantesque partie de loto. 

On reconnaît également cet amateur, habitué de Drouot, ayant pratiquement perdu la vue et qui se fait relire à voix basse chaque description par une assistante, avant de caresser d’une manière si particulière chaque ouvrage acquis. 

On pense encore des années plus tard à ce libraire spécialisé en bibliographie qui racheta une partie de ses propres ouvrages lors de la vente de sa propre bibliothèque, ne pouvant s’empêcher de lever le bras. 


On soupçonne l’identité de cet acheteur téléphonique si souvent victorieux lors des ventes Berès, dont peu connaissaient le nom véritable et qui passa des jours entiers à enchérir à distance. 

On observe avec amusement ces libraires tentant sans succès de « réviser » un ouvrage dans un café, à côté de Drouot, se livrer au jeu des prix écrits sur des petits morceaux de papier, avant de solliciter l’arbitrage final, et forcément éclairé, du cafetier. 

On s’amuse de voir la même troupe de libraires s’assurer mutuellement de leur présence à Drouot le lendemain, et se retrouver tous, ou presque, dans une vente à 400 kilomètres de là, incognito.

Enfin, l’amateur habitué des salles se souvient des nombreuses fois où il a regretté de ne pas avoir levé la main une fois de plus avant que le marteau d’ivoire ne s’abatte, et se souvient, dans le même élan, des nombreuses fois où il a regretté d’avoir levé la main une fois de trop.

Lexique:

Adjugé : terme prononcé par le commissaire-priseur et accompagné d’un coup de marteau, pour signifier qu’un objet mis en vente devient la propriété de celui qui a porté la plus forte enchère. Seul le mot « adjugé » formalise l’adjudication et transfère la propriété du lot au meilleur enchérisseur. Généralement, il est précisé si le bien est adjugé à une personne au téléphone, à une personne ayant laissé un ordre d’achat à la S.V.V., ou Société de ventes volontaires, à l’expert ou au commissionnaire.

Bordereau d’adjudication : le bordereau d’adjudication est la liste des objets remportés par un acheteur. Il précise le prix d’adjudication et les frais pour chacun des lots. Il tient lieu de preuve d’achat.

Bourrage : technique qui consiste, pour le commissaire-priseur, à gonfler artificiellement les enchères, afin d’atteindre un prix raisonnable pour le vendeur, obtenir un montant d’adjudication au moins égal au prix de réserve. Cette pratique a donc pour objectif de protéger le vendeur. Ces enchères fictives, si elles sont parfois contestées, pour porter atteinte au droit des acquéreurs, permettent également de contrer la pratique illégale de la révision. La jurisprudence a d’ailleurs autorisé la pratique du bourrage. À l’occasion d’un procès concernant la vente d’une œuvre de Max Ernst, le jugement a retenu que le commissaire-priseur « qui a implicitement reconnu avoir recours à des tiers connus pour animer les enchères, était, vis-à-vis des acquéreurs, libre d’adopter l’attitude la plus conforme aux intérêts de son client, et de déterminer conformément à son mandat si les enchères étaient suffisantes ». Comme pour la révision, on le voit, la loi et la jurisprudence considèrent le bourrage, comme un usage ancien, avec une certaine clémence, sans oublier toutefois d’en limiter les abus.

Catalogue : ouvrage imprimé contenant la description, le numéro d’ordre de la vacation et parfois la photographie de chacun des meubles et objets constituant la vente. L’estimation des lots peut aussi y être mentionnée, mais elle est facultative. Le catalogue doit décrire les objets vendus de telle façon que l’acheteur ne puisse concevoir aucun doute sur l’identité et les qualités réelles de ces objets ; il engage ainsi la responsabilité de leurs auteurs (S.V.V. et experts). Les termes employés pour la description doivent donc respecter les définitions établies par le décret n° 81-255 du 3 mars 1981.

Commissaire-priseur : le commissaire-priseur dirige la vente publique aux enchères de biens meubles, la prisée étant l’estimation d’une chose destinée à la vente. La vente aux enchères publiques permet l’établissement du juste prix par la confrontation transparente entre l’offre et la demande. Le terme de commissaire-priseur apparait pour la première fois en 1713 et son statut ne sera pas modifié jusqu’à la Révolution. Les commissaires-priseurs commencent aussi, au cours du xviiie siècle, à s’entourer d’experts, notamment en tableaux et estampes. La Révolution mettra fin à la fonction en 1790 et 1793, laissant la profession sans aucune règlementation. Face au vide juridique créé par les révolutionnaires dans ce domaine, le 27 ventôse de l’an IX, le Premier consul Bonaparte autorise l’exercice de 80 commissaires-priseurs à Paris. Le statut de commissaire-priseur restera une spécificité française et un gage de sécurité, jusqu’à la réforme du 10 juillet 2000 qui en réduira l’impact, en posant une distinction entre les commissaires-priseurs judiciaires et les commissaires-priseurs habilités. Cette réforme ayant pour but d’harmoniser les statuts de la profession en Europe et d’ouvrir le marché français à la concurrence internationale.

Crieur : c’est, comme son nom l’indique, celui qui annonce les enchères. C’est aussi le lien entre le commissaire-priseur et la salle : il remet les bulletins et prend les preuves de paiement et l’identité des acheteurs. Il est aussi habilité à prendre des ordres d’achat pour autrui.

Droit de préemption : la loi du 21 décembre 1921 accorde à l’État, par l’intermédiaire de ses musées nationaux, le droit de se substituer au dernier enchérisseur, pour acquérir un objet en vente publique. Intervenant une fois l’adjudication prononcée, le droit de préemption est exercé sur proposition du ministère de la Culture, pour le compte des musées nationaux.

Enchère : offre supérieure à la mise à prix ou aux offres précédentes pendant l’adjudication.

Estimation :évaluation du prix d’une œuvre faite par une personne agréée dans une Société de vente ou étude ; il peut s’agir d’un commissaire-priseur, d’un clerc ou d’un expert. Cette estimation est généralement une fourchette de prix comprise entre l’estimation basse et l’estimation haute. L’estimation basse est supérieure ou égale à la réserve fixée par le vendeur. (NDLR: avec le temps, les estimations sont venues ajouter une touche d'humour à la lecture des catalogues).

Étude : office d’un commissaire-priseur judiciaire, officier ministériel, seul habilité à diriger une vente judiciaire.

Expert : personne travaillant pour le compte d’une Société de vente et assistant le commissaire-priseur dans l’identification et l’estimation des biens. Les experts sont des spécialistes reconnus dans leur domaine, qui effectuent les recherches nécessaires à la juste qualification de l’objet. L’expert est soumis à une prescription décanale pour l’identification des biens.

Exposition : présentation des lots proposés à la vente, elle fait généralement l’objet d’une mise en place particulière et soignée. Elle a lieu la veille de la vacation (ou durant les quelques jours précédents) et le matin de la vente.

Ordre d’achat : un acheteur ne pouvant se rendre à une vente peut mandater un tiers agréé pour porter les enchères en son nom. Le mandataire peut être le commissaire-priseur (ou l’un de ses représentants), l’expert, le crieur ou un commissionnaire. Cet ordre d’achat est effectué gracieusement.

Prix de réserve : minimum fixé par le vendeur en dessous duquel le commissaire-priseur ne peut adjuger le bien. Il est inférieur ou égal à l’estimation basse et reste confidentiel.

Révise ou révision : tradition des fonds de salle, la révision consiste, pour un groupe d’acheteurs intéressés par les mêmes objets, à ne pas surenchérir sur un membre du groupe. Un seul réalise l’acquisition du bien au prix de la dernière enchère. Une fois le lot adjugé, le groupe se réunit, plus ou moins confidentiellement, et les « enchères » reprennent. L’acheteur ayant finalement prononcé le prix maximum lors de cette « révise », s’acquitte du prix d’adjudication auprès du commissaire-priseur et remet la différence au groupe, qui se partage la somme à parts égales. Cette technique revient donc à atténuer le prix de vente au détriment du vendeur, lequel ne perçoit pas l’intégralité du prix qu’il pouvait légitimement escompter. C’est pourquoi le droit pénal français a prévu de lourdes sanctions à l’encontre des « réviseurs ». En effet, l’article 313-6 du Code pénal prévoit : «Le fait, dans une adjudication publique, par dons, promesses, ententes ou tout autre moyen frauduleux, d’écarter un enchérisseur ou de limiter les enchères ou les soumissions, est puni de six mois d’emprisonnement et de 22 500 € d’amende. Est puni des mêmes peines le fait d’accepter de tels dons ou promesses [...]. Le fait de procéder ou de participer, après une adjudication publique, à une remise aux enchères sans le concours de l’officier ministériel compétent ou d’une société de ventes volontaires de meubles aux enchères publiques agréée.»

En France, les principales maisons de ventes aux enchères de livres sont: Alde, Piasa, Pierre Bergé et Sotheby’s.

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NRLA numéro IV - HO

Le manuscrit de Voynich, un mystère de la Bibliophilie

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Amis Bibliophiles bonjour,


Débutons cette belle année par un message quelque peu différent, paru il y a 3 ans sur le blog. Après le message sur la carte du Vinland (http://bibliophilie.blogspot.com/2009/01/la-carte-du-vinland-un-oopart.html), je vous propose de découvrir aujourd'hui un nouveau mystère bibliophilique, le manuscrit Voynich. Même si le manuscrit de Voynich n'est pas réellement un OOPArt, comme l'est la Carte du Vinland.

Pour mémoire, voici la "définition" de l'OOPArt que j'avais donnée ici même il y a quelques mois (années?): OOPArt est le terme créé par le zoologiste américain Ivan T. Sanderson pour désigner un artéfact archéologique ou historique dont les caractéristiques diffèrent de celles attendues d'un objet appartenant à la zone géographique ou temporelle du site où il a été découvert, au point qu'il est impossible au monde scientifique de le reconnaître comme appartenant réellement à la culture de ce site. Les crânes de cristal par exemple, qupar exemple être des faux, des canulars, liés à des erreurs d'interprétation, ou des objets mis en avant pour défendre des thèses contestables, telles que le créationisme ou l'ufologie.
Le manuscrit de Voynich, pour étrange et mystérieux qu'il puisse être et malgré quelques hypothèses qui ont a un moment voulu faire de lui un canular du début du 20ème siècle, n'est pas un OOPArt, dans un le sens où il n'est ni anachronique, ni un "non-sens" culturel. Au contraire même.

En préambule, je vous prie de m'excuser si certaines informations sont déjà connues de vous, ou si certaines sont déjà dépassées, mais il y a des centaines de milliers de pages d'étude sur le manuscrit de Voynich et en faire la synthèse est illusoire, en tout cas à l'échelle d'un message sur le blog du Bibliophile. Aussi, en 2009, le mystère demeure entier quant à la nature exacte de ce manuscrit puisque les thèses les plus diverses s'affrontent, même s'il une vérité semble se dessiner peu à peu.

Le manuscrit de Voynich donc. De quoi parlons-nous? Le manuscrit de Voynich est un manuscrit ancien de 235 pages écrit à l'aide d'un alphabet inconnu. Selon les estimations les plus couramment admises, il aurait été écrit entre 1450 et 1520. (Le livre est constitué de 235 pages de 15 cm de large et 23 cm de haut. Le manuscrit est en vélin et 42 pages sont manquantes d'après la pagination.)
Ce manuscrit tire son nom d'un de ses anciens propriétaires, Wilfrid M. Voynich, qui l'acquit en 1912 avec une trentaine d'autres manuscrits auprès des Jésuites de Frascati, aux environs de Rome.
A la mort de Voynich en 1930, sa veuve Ethel Lilian Voynich hérita du manuscrit. Elle mourut en 1960 et laissa le manuscrit à son amie proche, Mlle Anne Nill. En 1961, Anne Nill vendit le livre au marchand de livres anciens Hans P. Kraus. Incapable de trouver un acheteur, Kraus en fit finalement, don à l'université Yale en 1969 (Hans P. Kraus ou HPK pour le petit monde de la librairie ancienne du 20ème siècle ouvrît sa librairie à Vienne en 1932, avant de l'installer à New York en 1939. Elle semble avoir fermé en 2003).
Le propriétaire officiel le plus ancien de ce manuscrit était un certain Georg Baresch, un alchimiste qui vivait à Prague au XVIIème siècle. Apparemment Baresch était lui aussi perplexe à propos de ce « Sphinx » qui a « pris de la place inutilement dans sa bibliothèque » pendant des années. Baresch écrivit au réputé jésuite bien connu des bibliophiles Athanasius Kircher pour l'informer qu’il détenait un livre mystérieux qui était écrit dans une écriture inconnue et abondamment illustré avec des dessins de plantes, d’étoiles, de secrets alchimiques. On imagine que Baresch espérait que Kircher pourrait déchiffrer ce manuscrit grâce à son expérience reconnue de « briseur de codes ».

Il lui envoya une copie d'une partie du manuscrit à Rome par deux fois, demandant des indices. Sa lettre destinée à Kircher datant de 1639, qui a été retrouvée récemment par René Zandbergen, est la première allusion au manuscrit trouvée jusqu'alors.
On ne sait si Kircher a répondu mais il semblerait qu'il s'intéressa assez au sujet pour tenter d'acquérir le livre, que Baresch refusa apparemment de montrer.

A la mort de Baresch, le manuscrit passa à son ami Jan Marek Marci (Johannes Marcus Marci), alors proviseur à l'Université Charles de Prague, qui envoya finalement le livre à Kircher, son ami de longue date et correspondant. La lettre d'explication de Marci (1666) est encore jointe au manuscrit. La lettre prétend entre autres que le manuscrit fut, à l'origine, acheté pour 600 talers d’or par l'Empereur Rodolphe II qui pensait que l'ouvrage était le fruit du travail de Roger Bacon. Voici en substance le texte de la lettre:

« Ce livre que m’a légué un ami intime, je vous le destine, mon très cher Athanasius, aussitôt qu’il est venu en ma possession, car je suis convaincu qu’il ne peut être lu par personne d’autre que vous . Le précédent détenteur de ce livre voulait vous demander votre opinion par lettre, en vous copiant et vous envoyant une partie du livre duquel vous auriez pu lire ensuite le reste, mais il a refusé à ce jour d’envoyer le livre lui-même.
Pour son déchiffrement il devolut un labeur soutenu, comme est apparent de la tentative que je vous envoie présentement, et il abandonna l’espoir de trouver durant sa vie. Mais son labeur aura été vain, tel le Sphinx qui n’obeirait qu’à ses maîtres, Kircher.
Acceptez maintenant cette marque de témoignage , telle qu’elle est et malgré une longue attente, de mon affection pour vous, et percez ses obstacles, s’il y en a, avec votre succès habituel.
Dr Raphaël, précepteur de langue de Ferdinand III, alors Roi de Bohème, m’a dit que le livre évoqué a appartenu à l’empereur Rodolphe et qui offra au titulaire du livre 600 ducats. Il croyait que l’auteur était Roger Bacon, l’anglais. Sur ce point, je suspends mon jugement. C’est votre rôle de définir pour nous quelle vue nous prendrons sur le sujet, vers qui par grâce et bonté je me confie sans réserve, et restant aux ordres de votre révérence »

On perd ensuite la trace du livre pendant 200 ans, mais selon toute vraisemblance il était conservé, comme le reste de la correspondance de Kircher, dans la bibliothèque du collège romain, actuelle université pontificale grégorienne. Il y resta probablement jusqu'à l'invasion de la ville par les troupes de Victor-Emmanuel II d'Italie, qui annexa les États pontificaux en 1870. Le nouveau gouvernement italien décida de confisquer beaucoup de biens de l'Église, notamment la bibliothèque du collège romain. D'après les recherches de Xavier Ceccaldi et d'autres, de nombreux livres avaient été transférés à la hâte juste avant ces événements dans les bibliothèques privées de ses facultés. Ces dernières avaient été exemptes des confiscations. Les lettres de Kircher étaient parmi ces livres et, apparemment, le manuscrit de Voynich aussi, vu qu'il portait encore l'ex-libris de Petrus Beckx, Supérieur général de la Compagnie de Jésus et proviseur de l'université en même temps.
La bibliothèque privée de Beckx fut déménagée à la Villa Mondragone, Frascati, un grand palais près de Rome, acheté par la Compagnie de Jésus en 1866. C'est à cette bibliothèque que Voynich acheta le manuscrit.

Le mystère est donc double à ce jour: après plus de 360 ans, personne n'est encore parvenu à comprendre ou traduire un seul mot des 235 pages, et son auteur reste mystérieux, même s'il existe aujourd'hui des présomptions fortes.
En effet, bien que la piste Bacon ait été écartée par divers chercheurs, elle a permis d'orienter les recherches vers John Dee, qui est probablement la personne qui a vendu le manuscrit à Rodolphe II de Bavière. Dee était un mathématicien et un astrologue de la cour de la reine Élisabeth 1ère, il vivait en Bohème avec son médium Edward Kelley quand ils tentèrent de s'attacher la protection de l'Empereur. Néanmoins, Dee tenait un registre de ses activités, et ce registre ne mentionne pas le manuscrit, ce qui rend l'hypothèse douteuse. (A moins qu'il ne l'ait rédigé sans y faire référence pour favoriser l'hypothèse qu'il s'agisse d'un vrai travail de Roger Bacon).
Kelley

Les chercheurs se sont alors tournés vers Kelley. Kelley était un alchimiste peu ordinaire: il avait annoncé sa capacité à transformer du cuivre en or par le biais d'une poudre secrète qu'il avait découverte dans la tombe d'un évêque au Pays de Galles.

Il affirma également être capable d'invoquer des anges en touchant une boule de cristal et d'avoir de longues conversations avec eux. Dee rapporta ces faits dans des documents manuscrits. Le langage des anges était l'énochien, d'après Énoch, le père biblique de Mathusalem. D'après la légende, Kelley aurait fait un voyage avec les anges et aurait expliqué son périple dans le livre d'Énoch. Plusieurs personnes ont suggéré que comme Kelley avait inventé le livre d'Enoch pour tromper Dee, il aurait également pu fabriquer le manuscrit de Voynich dans le but de le vendre à l'empereur (qui rémunérait déjà Kelley pour ses supposés talents d'alchimiste). Toutefois, si Roger Bacon n'est pas l'auteur de l'ouvrage alors le lien entre Kelley et le manuscrit de Voynich est tout aussi faible que celui concernant Dee. Le mystère reste donc entier.

L'hypothèse Voynich? Certains chercheurs évoquèrent la possibilité que Voynich fût un falsificateur, mais ceci est à écarter définitivement en raison des lettres (Marci notamment et des traces laissées par le manuscrit dans l'histoire).

Autres hypothèses?

Une reproduction photostatique de la première page du manuscrit, réalisée par Voynich vers 1921, montre certaines annotations quasiment imperceptibles qui avaient été effacées. Le texte a pu être rehaussé à l'aide de produits chimiques, et a laissé apparaître le nom de Jacobj `a Tepenec. Il s'agirait de Jakub Horcicky de Tepenec, Jacobus Sinapius en latin.
Ce spécialiste en herboristerie était le docteur personnel de l'empereur Rodolphe II et s'occupait également de ses jardins. Voynich et d'autres personnes après lui, conclurent d'après cette « signature » que Jacobus possédait l'ouvrage avant Baresch, voire qu'il puisse en être l'auteur.
Un doute repose sur cette piste : la signature effacée du manuscrit ne correspond pas aux autres signatures connues de Jacobus comme celle découverte par le chercheur Jan Hurich. Il est tout à fait plausible que cette annotation sur la page fut l'œuvre d'un libraire ou d'une quelconque personne qui eut l'occasion d'étudier ou de posséder le livre. À l'époque de Kircher, Jacobus est le seul alchimiste ou docteur de la cour de Rodolphe II auquel on a consacré une page entière dans les livres d'histoire jésuites. Tycho Brahe est par exemple à peine mentionné. L'application des produits chimiques a tellement dégradé le vélin que la signature est à peine visible. Il est possible que Voynich ait volontairement façonné et endommagé cette signature dans le but de renforcer la théorie attribuant la paternité à Roger Bacon, tout en empêchant d'éventuelles contre-expertises.

Jan Marci? Celui-ci rencontra Kircher alors qu'il était à la tête d'une délégation envoyée par l'université Charles à Rome en 1683.
Au cours des vingt-sept années qui suivirent, les deux érudits s'échangèrent un volumineux courrier scientifique. Le voyage de Marci avait pour but d'assurer l'indépendance de l'université Charles vis-à-vis des jésuites. Ceux-ci géraient le collège Clementinum, qui était un rival pour l'université. Malgré ces efforts, les deux établissements furent fusionnés sous le contrôle des jésuites.
C'est dans ce contexte religieux et politique tendu que Marci aurait pu fabriquer les lettres de Baresch et plus tard le manuscrit de Voynich dans le but de se venger de Kircher, favorable au jésuitisme. La personnalité de Marci et ses connaissances semblent être compatibles avec la réalisation de l'ouvrage. Kircher était convaincu de détenir le savoir, mais il était plus connu pour ses erreurs et sa candeur que pour son prétendu génie. Kircher était donc une cible facile et il s'était déjà fait ridiculiser à une autre occasion. L'orientaliste Andreas Mueller lui avait concocté un manuscrit soi-disant originaire d'Égypte, le contenu était en fait incohérent et volontairement sans aucune signification. Mueller demanda à Kircher d'en faire une traduction. Kircher renvoya alors une traduction complète, ce qui ne manqua pas de le discréditer.
Les seules preuves de l'existence de Georg Baresch sont trois lettres envoyées à Kircher : une par Baresch (1639) et deux par Marci (environ une année plus tard). La correspondance entre Marci et Kircher s'achève en 1665, au même moment que la lettre concernant le manuscrit de Voynich. Cependant, toute cette thèse repose sur la haine de Marci à l'égard des jésuites. Ce sentiment n'est que pure conjecture : Marci était un fervent catholique, il avait lui-même étudié pour devenir jésuite et peu avant sa mort en 1667, il fut nommé membre honorifique de l'ordre.
Là encore, la piste existe, mais aucun élément factuel ne peut la confirmer définitivement.

Ce qui semble certain aujourd'hui, c'est que ces pages indécodables sont le fruit d'un seul auteur, sur des périodes différentes, que ce livre existait déjà sous le règne de Rodolphe II, et que Marci et Kircher au moins ont été en contact avec lui.

En ce qui concerne le sens du texte, là encore nous sommes face à un paradoxe: globalement le sens de l'ouvrage est compréhensible en raison des très nombreuses illustrations et ses grandes parties se détachent assez simplement, mais chaque mot reste encore incompréhensible malgré les efforts de nombreux crytopgraphes, notamment militaires. Le texte est clairement écrit de gauche à droite, avec une marge à droite quelque peu inégale. Les sections les plus longues sont divisées en paragraphes avec parfois des « puces » dans la marge de gauche. Il n'y a aucun signe évident de ponctuation. Le ductus (l'ordre et la direction selon lesquels on trace les traits qui composent la lettre) est fluide ce qui laisse penser que le scribe comprenait ce qu'il écrivait au moment de la rédaction. Le manuscrit ne donne pas l'impression que les caractères ont été apposés un par un, caractéristique qui apparaît dans le cas d'un chiffrement compliqué. L'écriture n'est toutefois pas toujours soigneuse : par endroit, l'auteur doit resserrer les interlignes par manque de place. Ceci est particulièrement visible dans la partie « recettes » avec un texte ondulé qui dénote que le scribe n'était probablement pas un « professionnel ».
Le texte comprend plus de 170 000 glyphes, normalement séparés les uns des autres par de fins interstices. La plupart de ces glyphes sont écrits avec un ou deux traits. Les experts restent divisés concernant l'alphabet utilisé car certains des glyphes sont similaires. On pense toutefois que l'alphabet du manuscrit de Voynich comprend entre 20 et 30 signes. Certains caractères inhabituels apparaissent ici et là, on en dénombre une douzaine de ce type.

Des espacements plus larges divisent le texte en 35 000 mots environ, de taille variable. Il semble que le texte suit des règles phonétiques ou orthographiques : certains caractères doivent apparaître dans chaque mot (à l'instar des voyelles en français), certains caractères n'en suivent jamais d'autres, d'autres peuvent apparaître en double. Etrange système double avec des progressions arithmétiques d'un alphabet multiple ou sustème basé sur une grille de Cardan, ou même langue mandchoue? Je vous laisse continuer les recherches de votre côté si le sujet vous passionne.
Ce côté de l'énigme ne renseigne pas sur l'auteur mais permet quand même de limiter son origine à un nombre réduit d'érudits capables entre le 13ème et le 16ème siècle de lire, écrire et imaginer un système d'écriture complet. En ce qui concerne l'écriture elle-même, et sa datation, elle date sans doute d'avant le style gothique, et les experts pensent qu'il y a peu de chances qu'elle soit postérieure au 15ème siècle.
Voilà pour l'histoire et les tentatives de datation, mais qu'est ce donc dans la pratique pour nous, bibliophiles que nous sommes, que ce manuscrit de Voynich?

L'impression générale dégagée par le manuscrit suggère qu'il devait servir de pharmacopée ou de référence pour de la médecine médiévale. La présence d'étranges illustrations peut également suggérer d'autres sujets et permet de classer ce manuscrit dans les ouvrages alchimiques. Trois grandes parties se détachent: un herbier, un traité alchimique et une partie astrologique. Sur son excellent site (http://www.almaleh.com/voynichf.htm), Francois Almaleh décrit superbement ces trois parties avec les mots suivants:

"1. capter les humeurs (c'est-à-dire le principe de vie) où l'on voit les nymphes jeunes et nues qui communiquent ces humeurs par des tubulures, après des passages dans l'eau et le "feu". Pour garder la vie, il faut capter ce principe de vie, chez les jeunes nymphes.

2. mélanger ces principes de vie avec des herbes et plantes rares.
3. concocter tout cela en fonction de thèmes zodiacaux, c'est à dire en fonction des thèmes astrologiques afin de réunir les meilleurs conditions de réalisation de l'élixir."

Les illustrations dans le manuscrit donnent peu d'indications sur son contenu exact mais permettent d'identifier une demi-douzaine de sections consacrées à des sujets différents avec un style qui varie. Excepté pour la dernière section dont le contenu est entièrement textuel, presque toutes les pages contiennent au moins une illustration. Les sections et leur nom contemporain sont:

Herbier : chaque page contient une plante, parfois deux, accompagnées de paragraphes. Le tout est présenté selon le style européen des herbiers de l'époque. Certaines parties sont des agrandissements et des versions améliorées des esquisses présentes dans la partie pharmacologie.
Astronomie : des diagrammes d'astres comme des soleils, des lunes et des étoiles suggèrent que le contenu porte sur l'astrologie et l'astronomie. Une série de 12 diagrammes représente les symboles des constellations du Zodiaque (deux poissons pour la constellation des Poissons, un Taureau, un soldat avec une arbalète pour le Sagittaire, etc.). Chaque symbole est entouré d'exactement 30 figures féminines, la plupart nues, qui portent une étoile avec une légende. Les deux dernières pages de cette section, le Verseau et le Capricorne, ont été perdues. Quant au Bélier et au Taureau, les pages qui leur sont consacrées sont divisées en deux paires de schémas avec 15 étoiles chacun. Certains de ces dessins sont sur des pages qui peuvent être dépliées.

Biologie ou balnéothérapie : un texte dense et continu parsemé de dessins qui représentent principalement des femmes nues se baignant dans des bassins ou nageant dans un réseau de tubes élaboré. La forme d'une partie de cette plomberie fait penser à des organes. Certaines de ces femmes portent des couronnes.

Cosmologie : des diagrammes circulaires à la signification obscure. Cette section possède également des dépliants. L'un d'entre eux s'étale sur six pages et contient des cartes de 9 « îles » reliées par des chemins avec la présence de châteaux et de ce que l'on estime être un volcan.

Pharmacologie : plusieurs dessins de plantes avec une légende. Les figures décrivent des parties des végétaux (racines, feuilles, etc.) ce qui fait penser à un guide pour un apothicaire. Des objets dans les marges ressemblent à des pots utilisés par les pharmaciens de l'époque, les pages sont clairsemées avec seulement quelques paragraphes de texte.
Recettes : beaucoup de paragraphes assez courts, chacun étant marqué d'une puce en forme de fleur ou d'étoile.

Comme vous pouvez le constater, c'est un travail somptueux, qui est aujourd'hui conservé, avec ses mystères, est conservé à la Bibliothèque Beinecke de l’université Yale... comme la Carte du Vinland, cocasse, non?
Je vous laisse aller plus loin si vous le désirez, la littérature sur le sujet est abondante. Il est en tout amusant de constater que le manuscrit de Voynich a eu un rayonnement important dans notre culture populaire: le « très dangereux » grimoire Necronomicon apparaît dans le mythe de Cthulhu de H. P. Lovecraft. Alors que vraisemblablement Lovecraft a créé le Necronomicon sans connaître le manuscrit de Voynich, Colin Wilson a publié une nouvelle en 1969 appelée The Return of the Lloigor (Le retour du Lloigor), dans Tales of the Cthulhu Mythos (Contes du Mythe de Cthulhu) de la maison d'édition Arkham's House, où un personnage découvre que le manuscrit de Voynich est une copie partielle du grimoire mortel. Depuis, le Necronomicon de la fiction a été assimilé de façon récurrente à cette énigme réelle par d'autres auteurs; Des dessins et des allusions au manuscrit de Voynich ont été inclus dans l'intrigue du film Indiana Jones et la dernière Croisade; L'intrigue de Il Romanzo Di Nostradamus écrit par Valerio Evangelisti met en scène le manuscrit de Voynich comme un travail de magie noire, contre lequel l'astrologue français Nostradamus luttera toute sa vie; Dan Simmons mentionne le manuscrit de Voynich dans Olympos (p. 486), le décrivant comme « un singulier et intéressant manuscrit acheté par Rudolph II le saint Empereur Romain, en 1586 »; et même dans le jeu vidéo Les Chevaliers de Baphomet : le Manuscrit de Voynich, le manuscrit de Voynich est traduit par un hacker qui se fait alors assassiner par des neo-templiers pour protéger les informations contenues, à savoir la localisation d'endroits sur terre où l'on trouverait de « l'énergie géomancienne », etc.

Encore une fois, ce message est une invitation au voyage, une invitation à découvrir le manuscrit de Voynich. Je vous laisse faire le reste du chemin si cela vous intéresse.

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Je vous invite à consulter les sources suivantes: wikipedia bien sûr mais surtout http://www.almaleh.com/voynichf.htm, http://www.ms-voynich.com/preambule.html et www.voynich.info, qui conclue par ces termes: "Le manuscrit de Voynich est une invention relativement récente, contenant un texte factice, forgé à l’aide d’un système de remplissage numérique.", et qui offre une solution de déchiffrement (mais ne rêvez, pas de texte déchiffré disponible sur le site). Je vous laisse vous faire votre propre avis...

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay:



























 









































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Les grands livres de la bibliophilie: La Topographia Galliae de Merian

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Amis Bibliophiles bonsoir,


Gaspard (ou Kaspar) Merian était à la fois le fils et l’élève du graveur Matthias Merian. À la mort de son père en 1650, il prit sa suite à la tête de sa maison d’édition à Francfort sur le Main. Ce faisant Gaspard Merian héritait également de la Topographia Germaniae, atlas topographique des provinces de  langue allemande, gravé par son père pour les planches et dont les textes étaient dus à Martin Zeiller. Les premiers volumes étaient parus en 1642. Gaspard allait poursuivre cette publication et l’enrichir progressivement de la topographie de la France, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Suisse.


De 1655 à 1661, Gaspard Merian édite en allemand et en caractères gothiques, les 13 parties de la Topographia Galliae. Le “Merian” comme on le nomme parfois en France est un célèbre recueil in-4° de gravures illustrant la France du XVIIe siècle. Le titre de l’ouvrage dans son édition originale allemande “Topographia Galliae, oder Beschreibung und Contrafaitung der vornehmsten, unnd bekantisten Oerter, in dem mächtigen und grossen Kônigreich Franckreich.” peut se traduire par Topographie de la France ou description et (visage?) des lieux les plus connus du grand et puissant royaume de France.”. L’auteur du texte n’en est pas moins le géographe allemand d’Ulm, Martin Zeller, qui parcourut la France pendant un an et demi. L’illustration profuse de cette topographie constitue tout l’intérêt de la publication. Gaspard Merian s’est également inspiré de gravures déjà publiées de Nicolas Tassin, Israël Sylvestre, Jan Peeters ou Jean Marot


L’édition compte un frontispice général, 13 titres gravés ou typographiés, 18 cartes dépliantes à double page et 307 planches offrant près de 400 vues et plans de monuments ou villes, en ce qui concerne mon exemplaire. Cependant les collations donnent de 296 à 312 planches.


Le dénombrement des planches varie autant semble t-il selon les bibliographes et les libraires que suivant les exemplaires. Le décompte des planches est en effet rendu un peu complexe par le fait que les feuilles collées ensemble qui composent quelques planches sont répertoriées, par l’éditeur lui même, comme autant d’estampes. Ainsi les deux grandes vues de Paris comptent-elles pour 5 estampes dans la table! Les planches dépliantes ou non comportent souvent deux voire trois gravures.

Le frontispice de l’édition originale représente, posées sur un piédestal, la couronne de France un lys au naturel et une fleur de lys héraldique. Les colliers de Saint-Louis et du Saint-Esprit entourent le titre sur ce socle. Au premier plan, le dieu Seine tient une rame, ou un safran, d’une main (ce qui me fait écarter l’hypothèse du dieu Neptune trouvée ici ou là), une corne d’abondance de l’autre. La ville de Paris se devine en arrière plan (la Bastille est à gauche, le Temple à droite). Il existe un autre frontispice représentant Clovis et Louis XIV.
La première partie de l’ouvrage est la plus spectaculaire et la plus dense. Elle concerne Paris et sa banlieue illustrées en 110 planches parmi lesquelles deux vues panoramiques dépliantes de Paris et deux plans relief.  La promenade permet de découvrir des monuments disparus, Saint-Victor, le Temple, la tour de Nesle...


Au fil des livres l’illustration est moins abondante et moins originale. On retrouve de plus en plus de vues copiées dans d’autres ouvrages et de reproductions de plans un peu sommaires. Comme toutes les grandes productions, vers la fin, l’éditeur tire le coût de revient.

Signalons toutefois les grandes vues dépliantes de Rouen, La Charité, Nevers, Bordeaux, Saumur, Tonnerre, Saint-Malo, etc, qui offrent des panoramas que peu de cités ont préservés aujourd’hui. Au fil des pages on découvre des monuments singuliers (acqueducs de Fréjus et de Saintes, le Mont Saint-Michel), des forteresses (Marcoussy, Pignerol), des châteaux et des jardins de plaisance (Meudon, Tanlay, Richelieu)…

Il serait bien sûr vain de chercher la Corse par exemple dans cette édition, mais rien n’interdit de compléter avec les publication des pays voisins de l’époque. L’Alsace pays de langue allemande était paru en 1646.



L’édition originale sera suivie d’une édition latine (à Francfort chez Mérian en 1655) puis d’une édition flamande (à Amsterdam chez la veuve J. Boersz et Appelaer, 1660-1662) qui reprennent les mêmes gravures.



Pour ne pas être trop Parisien j’ai choisi quelques estampes de villes élues par des bibliophiles bien connus de la blogosphère, mais Mérian n’a pas représenté toutes les villes...

Lauverjat



La Carte du Vinland: un OOPArt Bibliophilique?

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Amis Bibliophiles bonjour, 


Poignet douloureux... Je vous propose aujourd'hui de redécouvrir le premier acte de la saga de la carte du Vinland, l'une des grandes "énigmes", voire l'un des grands scandales de la "Bibliophilie" au 20ème siècle. 

Avant tout, deux questions: qu'est-ce qu'un OOPArt et les péripéties d'une carte ancienne ont-elles un rapport avec la Bibliophilie?

1. Qu'est ce qu'un OOPArt: il s'agît du terme inventé par le zoologiste américain Ivan T. Sanderson pour désigner un artéfact archéologique ou historique dont les caractéristiques diffèrent de celles attendues d'un objet appartenant à la zone géographique ou temporelle du site où il a été découvert, au point qu'il est impossible au monde scientifique de le reconnaître comme appartenant réellement à la culture de ce site. Les crânes de cristal par exemple, qui ont eu récemment les faveurs du cinéma sont un OOPArt. Les OOPArts peuvent par exemple être des faux, des canulars, liés à des erreurs d'interprétation, ou des objets mis en avant pour défendre des thèses contestables, telles que le créationisme ou l'ufologie.

2. Quel est le lien entre une carte ancienne, puisque c'est bien de cela dont il s'agît, comme vous allez le découvrir ci-dessous, et la Bibliophilie? Il est très important dans ce cas précis dans la mesure où le destin de la carte est extrêmement lié à celui de deux ouvrages anciens, mais aussi parce qu'elle est passée entre les mains de libraires, pour terminer dans une grande bibliothèque américaine. Mais je suis certain qu'après avoir découvert la saga de la carte du Vinland, vous comprendrez son intérêt bibliophilique.

La carte du Vinland, aujourd'hui conservée à la Bibliothèque Beinecke de Yale, daterait du xve siècle et serait la copie d'un original du 13ème siècle. 
Son importance réside dans le fait que, outre la présence de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, elle montre une portion de terre au-delà de l'Atlantique Nord, appelé Vinland, qui confirmerait le fait que les Européens auraient eu connaissance des voyages des Vikings au xie siècle, anticipant de quatre siècles la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb (1492). La carte indique également un certain nombre d'îles, notamment une île nommée "Beati Brandani" (île de Saint Brandan) et une île nommée "Branziliae" rappelant étrangement le mot Brésil.

Elle est dessinée sur une feuille de vélin pliée verticalement en son milieu pour former deux feuillets. Elle est reliée avec un manuscrit, Historia Tartarorum (ou Relation Tartare), version ancienne du texte du franciscain Jean de Plan Carpin, lui-même autrefois relié en appendice au Speculum Historiale de Vincent de Beauvais. Le texte de ce manuscrit est d'une écriture cursive gothique à deux colonnes par page et ses feuillets sont de même dimension que ceux de la carte. L'ensemble est recouvert d'une reliure qui semble avoir été exécutée entre 1900 et 1957.

L'histoire récente de cette carte est assez romanesque: elle est apparue officiellement sur le marché pour la première fois en 1965 quand le libraire américain Laurence Witten l'a proposée à la bibliothèque de Yale. En réalité Witten fût en contact dès 1957 avec la carte lors d'un voyage d'affaires en Europe. Elle faisait partie d'un lot proposé au libraire genevois Nicolas Rauch par un courtier italien du nom d'Enzo Ferrajoli. Celui-ci vivait en Espagne après avoir servi dans l'armée italienne puis s'être engagé dans les troupes franquistes au moment de la Guerre Civile. Enzo Ferrajoli est l'exemple d'une génération de courtiers cultivés et connaisseurs qui parcouraient alors l'Europe d'après-guerre pour dénicher et proposer des livres rares aux libraires et aux amateurs. L'époque était faste pour les bibliophiles et les livres affluaient en grand nombre sur le marché, conséquence directe de la guerre: origines incertaines, bibliothèques contraintes de se séparer d'une partie de leurs fonds pour financer des travaux, collections dispersées, etc. 

Ainsi par exemple des centaines d'incunables de la bibliothèque de l'Etat de Bavière furent mis en vente. Les livres de Ferrajoli venaient notamment de ce genre de collections et nous savons qu'il se trouve toujours des bibliophiles ou des libraires pour fermer les yeux sur la provenance d'un ouvrage... d'autant plus que les feuillets de garde, indiquant les provenances furent souvent arrachés. 

Witten finît par acheter un lot à Ferrajoli, incluant le manuscrit et la carte, bien que celle-ci ait été également proposée à de grands libraires anglais qui hésitèrent puis renoncèrent devant les implications qu'une telle carte suggérait. De plus, dès le départ, quelques interrogations furent soulevées, comme le fait que les trous de vers de la carte et du manuscrit ne correspondaient pas, et si les doutes sur l'authenticité du manuscrit furent rapidement levés, ils subsistaient pour la carte. (NB: reproduire un manuscrit de 1450 lignes comme celui de la Relation Tartare est considéré comme quasiment impossible).

Néanmoins, Witten acheta l'ensemble, notamment parce que le manuscrit en lui-même restait un ouvrage d'une grande rareté, mais aussi parce Ferrajoli, finalement, n'eût pas d'autre acheteur. Restait pour le libraire à authentifier la carte... Après cette première étape, le hasard (...?) intervient et permet à Laurence Witten d'entrer en contact avec Tom Marston, qui lui présente un volume en reliure du 15ème siècle au dos refait, contenant une partie du texte de Vincent de Beauvais... le Speculum Historiale. Les similutudes entre la Relation Tartare et ce nouveau texte sautent immédiatement aux yeux de Witten: le texte est écrit sur deux colonnes, sur des cahiers de papier dont les premières et huitièmes feuilles sont de vélin. Là aussi, il s'agît d'une écriture cursive gothique du 15ème siècle et les deux manuscrits ont la même taille, et les deux papiers laissent apparaître une tête de boeuf en filigrane. En comparant les ouvrages plus précisément, il s'avéra que leur dimension était très exactement identique. 

Plus intéressant, les trous de vers de la carte coïncidaient avec ceux du début du Speculum Historiale et que ceux de la Relation Tartare coïncidaient avec ceux de la fin du Speculum Historiale: tout laissait donc à penser que les trois éléments ne faisaient en fait qu'un, la carte du Vinland étant placée avant le Speculum et la Relation Tartare après le Speculum. Les éléments auraient été séparés par la suite, comme l'explique la reliure moderne et le fait que le dos du Speculum Historiale ait été refait. 

La réunion des trois éléments permettait semble-t-il d'authentifier la carte puisqu'il paraissait difficile d'imaginer qu'un faussaire ait désolidarisé le tout, faisant disparaître ainsi les preuves d'authenticité de la Carte et de la Relation. Le lien entre les trois éléments était de plus corroboré par une inscription figurant sur la Carte et signifiant à peu près "Delineatio primae partis. secundae partis. tertiae partis speculi", soit: dessin de la première partie, deuxième partie, troisième partie du speculum".

Mais revenons à la carte elle-même: La première équipe qui examina le document remarqua la ressemblance avec une carte des années 1430 attribuée au navigateur italien Andrea Bianco ; l’Afrique est coupée là où la carte de Bianco était pliée. Elle en diffère aux confins est et ouest, en particulier dans le cas du Groenland qui est représenté comme une île, fait pourtant ignoré des géographes scandinaves de l’époque.

En ce qui concerne le vélin, en 1995, des chercheurs de l’université d’Arizona et de la Smithsonian Institution se rendirent à l'Université Yale pour dater ce parchemin par la méthode du carbone 14 avec spectromètre de masse à accélérateur. Le résultat donna une date assez précise de 1434 avec plus ou moins 11 années en plus ou en moins soit entre 1423 et 1445 mais cette date n'est valable que pour le support de la carte, et non la carte elle-même. 

Vous le constatez, tous ces éléments indiquent que la carte du Vinland semble bien être la preuve bibliophilique irréfutable que les Vikings ont bien découvert les Amériques comme le content plusieurs sagas... Et pourtant. C'est loin d'être le cas, ... 

En effet, si la carte semble faire partie d’un ensemble dont deux éléments tendraient à confirmer l’authenticité globale, et si elle est tracée sur un vélin qui a bien été scientifiquement daté de la 1ère partie du 15ème, soit 50 ans environ avant que Colomb ne pose un pied sur le Nouveau Monde, il subsiste de nombreux doutes.

On peut aujourd’hui classer ces doutes en deux grandes catégories : ceux liés au contenu de la carte elle-même d’une part, et les éléments matériels d’autre part.

Ainsi, sur la carte, Leif Eriksson est appelé Erissonius, ce qui ne deviendra pourtant la norme qu'au 17ème siècle et supposerait une transmission italienne ou française. Cela suggère que l’auteur ne serait pas un scandinave connaissant le latin, mais un non-scandinave connaissant le latin et pas les langages nordiques. Le fait que l’Islande soit écrite Isolanda confirme que l’auteur pourrait être italien.

Par ailleurs, la graphie æ, qui apparaît plusieurs fois sur la carte, était hors d'usage à l'époque où la carte est censée avoir été produite, hormis quelques textes italiens transcrits délibérément à l'antique, et n'est habituellement pas utilisée en écriture gothique, qui est celle du document.

Sur la carte, on retrouve une virgule dans la ponctuation, écrite « / », ce qui est anormal dans l’écriture Oberrheinisch Bastarda utilisée, et aucune virgule n’est utilisée dans le manuscrit de la Relation Tartare.

Enfin, l'évêque Eirik est mentionné en latin « du Groenland et des régions voisines » (regionumque finitimarum). Or, cette expression avait déjà attiré, plusieurs années avant la découverte de la carte, l'attention du chercheur allemand Richard Hennig : on ne la trouvait que dans les ouvrages du franciscain Luka Jelic (1863–1922), et Henning voulait savoir de quelle source il la tenait. Il pensait avoir prouvé qu'elle venait de sources françaises citées par Jelic dans sa première édition (en français). « évèque régionnaire des contrées américaines » aurait été retraduit en latin dans les éditions ultérieures. Il ne s'agirait donc pas d'un titre ancien de l'évêque de Groenland et sa présence sur la carte permet de soupçonner une fraude s'inspirant de Jelic, qui fut lui-même un moment mentionné comme l'auteur possible de la carte.

De plus, et c’est un élément important, Laurence Witten s’est avéré incapable de préciser la provenance de la carte en dehors du nom du courtier et des possibilités qu’elle ait appartenu à un collectionneur espagnol du 10ème siècle. Et aucune trace de cette carte ou de ces volumes, même partielle, n’a pu être retrouvée dans les bibliothèques européennes, et ce depuis l’époque où la carte aurait produite. Laurence Witten a d’ailleurs toujours été assez flou sur les origines supposées de la carte, en dehors de l’acquisition auprès de Ferrajoli (qui de son côté a connu des problèmes avec la justice espagnole pour des vols de livres dans des institutions), il a même avoué avoir menti sur certains points.

Enfin, l’encre, dont l’analyse est encore sujette à de nombreux débats. Le tracé de la carte est constitué de la superposition de deux lignes, une noire presque effacée au-dessus d’une jaunâtre. En 1967, les chercheurs du British Museum remarquent la nature inhabituelle de l’encre pour un manuscrit. En 1974, l’expert légal Walter McCrone détecte la présence de dioxyde de titane (ou anatase), substance que la chimie ne sait produire que depuis le début des années 1920. Ce composé étant utilisé pour les couleurs pâles, sa présence indique que la ligne jaune ne résulte pas du vieillissement d’une encre ancienne mais d'une fraude. Pour autant, une analyse  contradictoire de juillet 1985 réalisée à l’Université de Californie à Davis, montre que le dioxyde de titane n’est présent qu’à l’état de traces.

Je vous livre pour terminer la conclusion de la chercheuse J. Olin du Smithsonian Institue : « Il est parfois possible de déterminer si un objet est un faux en se basant sur des analyses scientifiques. Il est très difficile de prouver qu’un objet est authentique. Le papier utilisé est une preuve que la carte du Vinland est d’époque. La composition élémentaire de l’encre est cohérente avec une encre médievale. Ces deux éléments attestent de l’authenticité de la carte. Les objections liées au fait que le Groenland soit décrit comme une île dès le 15ème siècle ont déjà été levées par ailleurs... les analyses diverses tendent donc à donner une grande crédibilité aux thèses défendant l’authenticité de la carte du Vinland ».


Il semble que ce soit désormais la thèse qui prévale même si une thèse intéressant a suggéré que le jésuite allemand Josef Fisher (1858-1944) puisse être le faussaire. En effet, dans un catalogue d’une vente suisse de 1934, on a découvert que l’un des lots pourrait être la 5ème section de l’ensemble, qui était manquante. L’origine de ce fragment était la bibliothèque du château Mikulov de Brno, connue pour ses cartes anciennes et que Fischer consulta. Il serait envisageable que Fischer ait acheté l’ensemble contenant la Relation Tartare et le Speculum Historiale lors de la vente de la bibliothèque au début des années 30. Dans ce cas, si la carte avait été présente, on peut penser que cet éminent cartographe l’aurait dévoilée… a contrario on peut aussi penser qu’il ait pu prélever le vélin nécessaire, induisant le découpage de l’ouvrage, pour produire une fausse carte.

A vous de vous faire votre avis (si l’un de vous est informé d’une nouvelle théorie, qu’il nous en informe) sur cette belle histoire. Son intérêt bibliophilique est évident, même si désormais sa dimension historique est moindre, puisque des fouilles dans L’Anse aux Meadows (Canada) ont depuis démontré que les Vikings avaient établi un campement en Amérique du Nord dès 970.

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Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour, 

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay:

















































































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Miscellanées bibliophiles de Monsieur H.: combien pour un Redouté incomplet, les Luynes aux enchères, le Grand Palais s'affiche

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Amis Bibliophiles bonjour,

Selon Dominique Laucournet, expert de la vente, « la dispersion d'une telle bibliothèque sera un événement dans le monde des amateurs de livres anciens et de bibliophilie » et d’ajouter « Une telle bibliothèque ne s’est pas présentée sur le marché depuis la vente de la bibliothèque du château de La Roche-Guyon, succession de Gilbert de La Rochefoucauld, organisée par Sothebys en 1987 ».

La bibliothèque des Ducs de Luynes, au château de Dampierre.
Crédits photo : WestImage - Art Digital Studio/Sotheby's
Cette vente est celle de l’incroyable bibliothèque des ducs de Luynes, sise au chateau de Dampierre. Elle sera mise en vente en deux parties chez Sotheby’s à Paris. La première partie se tiendra les 29 et 30 avril, elle devrait proposer 1500 à 2000 volumes réunis en 500 à 1000 lots selon les sources. Elle sera consacrée aux ouvrages couvrant la période de Louis XIII à la Révolution. La seconde partie de la vente se tiendra en automne.

Défileront sous le marteau « l’album unique des Fêtes données à Paris à l’occasion du mariage du Dauphin, fils du Roi Louis XV avec l’infante d’Espagne, en 1745, orné de 19 aquarelles originales présentées dans un livre-coffret relié en maroquin aux grandes armes Luynes (estimation entre 200.000 et 300.000 euros). » ou « le recueil d’Androuet du Cerceau sur les « Excellents Bastiments de France, 1576-1607″, avec les planches représentant le premier château de Dampierre (Yvelines) ».

Honoré Théodoric d'Albert de Luynes
Cette vente est destinée à financer les travaux de restauration du château de Dampierre, où se trouve la bibliothèque des ducs de Luynes.  Les propriétaires actuels espèrent récolter de 2 à 3 millions d’euros.

Contrairement à beaucoup de commentaires lus ici ou là, je ne parviens pas à réellement me désoler de cette nouvelle.  Il est bon que les livres tournent, et gageons que l’Etat ou de grandes institutions patrimoniales préempteront quelques ouvrages. J'y serai, et ce d'autant plus que le salon du Grand Palais se tiendra du 26 au 28 avril. Timing parfait donc, on imagine que Sotheby's y a également pensé.

Le salon du Grand Palais donc (http://www.salondulivreancienparis.fr), qui aura cette année comme invité d'honneur la bibliothèque du Museum national d'Histoire naturelle. Grand moment également, on peut d'ailleurs se demander si les amateurs seront prêts à faire des folies, quelques jours à peine avant la vente Luynes. Je pense que cela aura forcément des conséquences sur mes acquisitions potentielles. En passant, j'ai été surpris en découvrant l'affiche du salon, une nouvelle fois fort peu figurative. 


C'est toujours un choix qui m'étonne quand on connaît l'attrait visuel des livres anciens auprès des amateurs, mais aussi des promeneurs, qui sont souvent nombreux au Grand Palais.

Combien vaut un "Choix des plus belles fleurs" de Redouté? Environ 60 000 euros si l'on croit le libraire américain Arader... ou 6 000 euros sur ebay comme c'est le cas actuellement:


... mais avec 6 planches en moins. Le vendeur affiche en effet 138 planches au lieu des 144 habituelles.  6000 euros contre 60000 euros... 6 planches. Equation délicate à résoudre, mais qui semble attirer de nombreux acheteurs. Vous connaissez mon opinion sur les incomplets, mais dans ce cas, que vaut-il mieux pour un amateur rêvant de cet ouvrage et n'ayant pas 60000 euros? Payer celui-ci quelques milliers d'euros et s'en contenter?

Ou verrons-nous, plus vraisemblablement, cette vente se terminer au profit d'un libraire qui saura trouver les planches manquantes, les insérer et signaler cet ajout?

Nul doute que cela vaut la peine d'être suivi et de mettre quelques "marqueurs" sur l'ouvrage, en attendant de le voir réapparaître.

Mais vous, amis lecteurs, quelle valeur donneriez-vous à ces 6 planches manquantes?

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Miscellanées bibliophiles de Monsieur H.: les ventes abebooks en 2012... et sur ebay.com..., Arisophile vs Que choisir 1er round, le Redouté... finalement...

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Amis Bibliophiles bonjour,

Abebooks vient de révéler la liste des livres les plus chers vendus sur le site l'an passé. Comme chaque année, c'est un véritable inventaire à la Prévert:

10. Les Ruines de les Plus Beaux Monuments de la Grece, Julien David LeRoy (1770) - $23,530.
9. Cosmographia, Petrus Apianus. (1551) - $23,681.
8. Livre d'Heures, provenance Etienne de Poncher, Archevêque de Tours (16e siècle) - $24,680.
5-7. Polyglot Bible, Elisa Hutter(1599-1602) - $25,000.
5-7. Little Women, EO de Louisa May - Alcott's classic -  $25,000.
5-7. Where the Wild Things Are, EO de Maurice Sendak - $25,000.
4. Bible Latine (1491) - $26,200.
3. Die Verwandlung (La Méthamorphose) de Kafka,  (EO1915) - $30,000.
2. Casino Royale, Ian Fleming avec envoi (1953) - $46,453.
1. Uranometria, Omnium Asterismorum Continens..., Johann Bayer (1603) - $47,729.

A noter également, les Poèmes Saturniens de Verlaine (1866) pour $9,194.

Pas de Harry Potter cette année, et ce sont plutôt les livres anciens qui prédominent. Vous pouvez retrouver tous les classements ici.

Pendant ce temps sur ebay.com, quelques jolies ventes également au dernier trimestre 2012:

1. $15,000: manuscrit espagnol enluminé... dont il est intéressant de noter qu'il avait été adjugé pour $3,000 chez Gonnelli en novembre! (lot 26 - catalogue 11). Vendu par un libraire professionnel, Bibliopathos.

2. $10,500: un atlas de Blaeu, Theatrum orbis terrarium sive Atlas Novus (Amsterdam, 1649-55), volume 5 (1654) sur l'Ecosse et l'Irlande. Vendu par un professionnel, l'Antiquariat Steffen Völkel de Seubersdorf en Allemagne.

3. $10,200: Philosophiæ naturalis principia mathematica, Isaac Newton (3e ed. - London: William and John Innys, 1726). Vendu par un professionnel, Charles Vyvial de Montreal.

4. $8,950: Thesaurus Cornu copiae et Horti Adonidis (Venise, 1496) Vendu par un professionnel, Bibliofind. 

5. $8,100: Bilbo le Hobbit, EO anglaise. Vendu par "Oneinamillionbooks".

A noter que la France n'a pas a rougir avec une édition des Fermiers Généraux, vendue par la librairie Hugues de Bourbon pour 8330 euros sur ebay.fr le 16 décembre... et j'en ai sans doute manqué!

Ding - ding. Le premier round du combat que se livrent "Que choisir" et Aristophil se déroulera demain 6 février au Palais de Justice de Paris. Il suit de près une salve d'articles sur le sujet que vous pouvez retrouver sur internet en faisant une rapide recherche dans Google Actualités par exemple. 

Qui gagnera? Qui fera vraisemblablement appel dans la foulée? Vous le saurez en suivant le Blog du Bibliophile, mais je peux d'ores et déjà vous dire que la tension est extrêmement forte.

Le Redouté, lui, n'aura finalement fait que 6050 euros. Mais c'est déjà pas mal, non? Reste à savoir comment il va réapparaître sur le marché. Complet, incomplet, relié, dérelié? Chez un libraire, dans une vente, où va-t-il trouver refuge chez un amateur?

Enfin, l'ebayana c'est le vendredi, mais je ne résiste par à vous présenter quelques beautés qui vont se vendre d'ici là:









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Bibliophilie et Sciences: Helmholtz, figure marquante de la science allemande

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Amis Bibliophiles bonsoir,



Plaquette de bronze (51,5 x 40,5 mm)  de Tautenhayn. 
Parue en 1894, année de la mort de Helmholtz, 
à l'occasion de la 66e réunion des naturalistes et médecins allemands à Vienne.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Hermann von Helmholtz (1821-1894) fut peut-être le plus grand  scientifique allemand.  Il a étudié des matières aussi différentes que la thermodynamique, l'hydrodynamique,  l'électricité, la physique météorologique, la physiologie, et plus particulièrement la théorie de l'acoustique et l'optique physiologique. Je vais vous présenter les premières traductions françaises de ses trois ouvrages majeurs.



Mémoire sur la conservation de la force...
Paris, Victor Masson. 1869. 1ère édition française.
1 volume petit in-4 ; (4), III pp, pp 5 à 137, (3) pp.
Exemplaire du Comte de Gramont avec son ex-libris.

Dans Über die Erhaltung der Kraft (Berlin, G. Reimer, 1847, 72 pp), Helmholtz, qui n’a alors que vingt-six ans, donne, pour la première fois, une démonstration mathématique du nouveau principe de conservation de l'énergie mécanique. Le traducteur, Louis Pérard, professeur de physique à l’Université de Liège, indique en préface : «  … il a embrassé d’un large coup d’œil toutes les possessions du savoir humain et toutes ses lacunes ; il a indiqué les points vers lesquels doivent désormais converger les efforts des chercheurs… J’ai cru faire une chose utile également en ajoutant comme introduction à cet important travail, un Exposé élémentaire de la transformation des forces de la nature que M. Helmholtz a pris, il y a quelques temps, pour sujet d’une conférence publique ». Cette conférence a eu lieu le 7 février 1854.



Optique physiologique.
Paris, Masson. 1867. 1ère édition française.
1 volume in-8 ; (4), XI, 1057, (3) pp, 11 pl.
Cet exemplaire provient de la bibliothèque d’André Masséna, Duc de Rivoli, Prince d’Essling , et est relié à son chiffre couronné.

L’édition originale allemande de ce volume, parue en 1867, sous le titre Handbuch der physiologischen Optik, constitue le neuvième tome de l’Encyclopédie de physique de Karsten. La traduction française parue la même année est due à Émile Javal et Th. Klein. Helmholtz en a relu toutes les épreuves. Les traducteurs ont intercalé en leur lieu et place les suppléments de la dernière livraison de l’édition allemande. Les bibliographies ont été enrichies. L’ouvrage est partagé en trois parties : Dioptrique de l’œil – Des sensations visuelles – Des perceptions visuelles. 

Ce traité  transforma la compréhension du phénomène de la vision. Helmholtz fournit entre autres une explication du mécanisme de l'accommodation de l’œil, et précise la théorie des trois couleurs exposée par Thomas Young en 1801. Il indique pour la première fois avec précision qu’il existe une différence entre les couleurs observées par Newton dans son spectre et celles qui sont disposées sur une préparation blanche à l’aide de pigments. Les couleurs du spectre se mélangent par addition, alors que celles des pigments le font par soustraction.


Théorie physiologique de la musique fondée sur l’étude des sensations auditives.
Paris, V. Masson. 1868. 1ère édition française.
1 volume in-8 ; (6), 544 pp.

Cette première traduction française, par G. Gueroult, de l’édition originale de Die Lehre von den Tonempfindungen parue en 1863, a été revue par Helmholtz avant publication : « Pour pouvoir répondre moi-même, autant que possible, de la fidélité de la traduction, j’ai revu les épreuves, et même, en quelques endroits, j’ai fait des modifications au texte original ou ajouté des éclaircissements. De même à la fin du volume, il a été ajouté quelques nouveaux suppléments relatifs à des questions de physique ou de mathématiques ». Les seize suppléments originaux occupent les pages 487 à 534.

On doit à Helmholtz la notion de timbre d’un instrument de musique et l’importance des harmoniques en musique. Il étudie le phénomène de résonance de l’air dans une cavité. Son dispositif expérimental est bien connu des acousticiens sous le nom de résonateurs de Helmholtz. (Un exemple de résonance de Helmholtz est la résonance du son créé lorsque l’on souffle dans le haut d’une bouteille vide).

On doit à Helmholtz d'autres avancées scientifiques.   

En électricité, par exemple, son nom  reste attaché  à un dispositif constitué de deux bobines circulaires  utilisées  en physique pour créer des champs magnétiques quasi-uniformes relativement faibles avec peu de matériel. Les élèves de terminale le connaissent bien.

A bientôt pour de nouvelles découvertes de physiciens!

Bernard 

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour, 

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay:























































JULES VERNE AUTOGRAPHE   -> attention, copie!!!!!!!!!!!!!!!!!!















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Miscellanées Bibliophiles de Monsieur H.: la BNF numéri-privatise 70 000 livres anciens, Camille Aboussouan nous a quittés, le Magazine du Bibliophile devient trimestriel?

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Amis Bibliophiles bonjour,

La Bibliothèque Nationale accusée de privatiser le domaine public.


Un récent communiqué commun du ministère de la Culture, du commissariat général à l'investissement et de la BNF nous apprend qu'un nouveau partenariat a été conclu pour la numérisation et la diffusion des collections de la Bibliothèque nationale de France (BNF) avec la société ProQuest, éditeur de bases de recherches historiques et culturelles, couvrant les livres anciens et les fonds musicaux. Cet accord la numérisation de 70.000 livres anciens français datant de 1470 à 1700.

Le projet concerne tous les exemplaires des incunables imprimés avant 1500 et un exemplaire par édition pour les imprimés des XVIe et XVIIe siècle. Cet accord s'inscrit dans le programme européen «Early European Books», auquel participent quatre grandes bibliothèques européennes, et dont l'objectif est la création d'une bibliothèque numérique virtuelle rassemblant les principaux ouvrages parus avant 1700.

Une sélection de 3.500 ouvrages, choisis par la BNF, sera en libre accès immédiat sur sa bibliothèque numérique Gallica (...A condition de savoir bien chercher... NDLR). Puis, progressivement, à mesure de la numérisation, les autres ouvrages seront accessibles à tous les lecteurs de la BNF pendant dix ans avant d'être mis en libre accès à leur tour sur Gallica. L'accord prévoit aussi l'exploitation  commerciale exclusive pour 10 ans des oeuvres par Proquest. Un accord qui suscite de nombreuses et vives réactions.

Ainsi l'Association des Bibliothécaires de France (ABF) pose la question des conditions d'accès aux contenus numérisés, demande la publication des accords et "la suppression de toute clause réduisant la communication des oeuvres concernées à une prestation marchande".  

On peut en effet se demander ce que Proquest va faire de ces droits exclusifs? Les commercialiser?  Pour certains, tel Philippe Aigrain, dirigeant de Sopinspace (Société pour les espaces publics d'information), c'est un exemple d'expropriation et de privatisation du domaine public. Si l'accès gratuit au contenu demeure possible sur le site même de la BnF, il sera cependant payant pour la plupart des institutions culturelles françaises et étrangères, comme pour les particuliers qui ne pourraient se déplacer à la BnF. Ce qui n'est pas conforme à la recommandation du Comité des Sages de l'Union européenne souhaitant que les oeuvres du domaine public ayant fait l'objet d'une numérisation dans le cadre d'un partenariat public-privé soient accessibles gratuitement dans tous les Etats membres de l'Union européenne. 


Pour Bruno Racine, président de la BnF, la numérisation des 70 000 livres anciens sans partenariat aurait pris 25 ans. Il ajoute que les deux tiers du coût de la numérisation des livres seront assumés par ProQuest, et qu'il est par conséquent "logique qu'en contrepartie, et pendant une période donnée, ils puissent rentrer dans leurs frais". Je ne sais que penser... surtout quand Google numérise à tour de bras et met les documents numérisés (comme ceux de la bibliothèque de Lyon) à la disposition du public. 

Doit-on attendre impatiemment que Google rachète la BNF? :)


Camille Aboussouan (né le 30 août 1919 à Beyrouth, décédé le 15 janvier 2013 à Paris), n'est plus. Il est décédé à Paris à l'âge de 93 ans. Triste nouvelle pour les bibliophiles. Comment ne pas connaître le bibliophile très averti (il a possédé jusqu'à 12 000 volumes dont des livres précieux du XVe au XIXe siècle) et le grand mécène. On continuera de croiser avec plaisir son ex-libris dans les ventes.

Triste nouvelle - mais attendue -, le nouveau numéro du Magazine du Bibliophile sortira "pour la Saint Valentin"... Il est donc devenu.. trimestriel ou presque, aussi officieusement que discrètement. Si vous êtes abonné et que vous n'êtes pas sur facebook, et bien, vous n'avez qu'à attendre. 
Sur la page facebook du MdB
On gage que les abonnés auront droit à un numéro triple en termes de pagination, ou à une remise. 


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Portrait de relieur: Joseph Thouvenin jeune, l’autre Thouvenin.

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Amis Bibliophiles Bonsoir,

Joseph Thouvenin le jeune, naquit en 1796. Il est le frère cadet du célèbre Thouvenin de 5 ans son aîné, dont il porte le même prénom. Comme lui il devient relieur, comme aussi leur autre frère François, le puîné.


La roulette dorée entre les nerfs est utilisée par Thouvenin aîné (cf : Devauchelle page 187, et Paul Culot n°13), ainsi que la palette en queue (par exemple Culot n°76, Devauchelle page 186).

Thouvenin le jeune est installé à Paris au 2, rue de la Parcheminerie en 1823 puis sur la rive droite au 36, de la galerie Choiseuil. On sait que son frère aîné avait lui adopté pour son atelier modèle la rive gauche au 34, rue Mazarine, donnant sur le passage Dauphine.
La plupart des reliures rencontrées portent en queue la signature dorée “THOUVENIN-JEUNE”, le “jeune” étant en fonction de l’épaisseur du dos amputé d’un plus ou moins grand nombre de lettres. On trouve aussi rarement “R.P.THOUVENINJEUNE” (relié par...) Au total, la signature de Thouvenin le jeune est assez peu fréquente. A titre d’exemple elle ne figure que sur un seul livre des 574 que comporte la vente Descamps-Scive deuxième partie, livres romantiques . Dans cette même vente on retrouve 32 fois la signature de Vogel, 35 fois celle (du grand) Thouvenin et 37 fois celle de Simier. Certes la valeur indicative de ce décompte reste modeste, l’atelier de Thouvenin le jeune ne pouvant pas rivaliser en production avec celui de son frère qui employait seize ouvriers, ni avec sa réputation qui attirait à lui les plus grand bibliophiles.
Le style de Thouvenin le jeune est typiquement romantique et d’une grande qualité d’exécution sans paraître original. A l’exposition des produits de l’industrie du département de la Seine de 1823, il expose “diverses reliures à l’instar de celles de son frère” mais “le soin particulier qu’il met à l’exécution de ses ouvrages a fixé l’attention du jury”! Ce qui lui vaut une mention honorable (quand son frère obtient une médaille d’argent). Parmi les trois reliures que je vous présente on reconnaît deux types de roulettes présents sur les reliures du grand Thouvenin. L’aîné prêtait-il son matériel ou le jeune confiait-il l’exécution de la dorure à l’atelier de son frère?

Son activité de reliure semble maximale au début des années 1820. En 1832 il dépose un brevet d’invention pour l’application des procédés de reliure à l’encadrement et la fabrication des cadres.

Joseph Thouvenin le jeune décéda en 1844 à l’âge de 48 ans, 10 ans après son frère, mais je n’ai pas rencontré de reliures signées de lui dans cette décennie et vous?

Lauverjat

Lettre d'un candidat ou l'entrée à Bibliopolis, ou l'histoire de la bibliophilie en une centaine de vers par A. Girard.

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Amis Bibliophiles bonjour,


Comment écrire l'histoire de la bibliophilie en une centaine de vers? Voici la lettre d'entrée d'un candidat à l'entrée à Bibliopolis, celle d'A. Girard. J'ai réalisé que ce texte n'était pas disponible sur internet, le voici.




Lettre d'un candidat ou l'entrée à Bibliopolis

L'aurore bien des fois a de ses doigts rosés
Rouvert ses portes d'or dans les cieux embrasés,
Depuis que je languis, moi, devant cette porte,
Porte de bronze, aux clous de fer, épaisse et forte.

Là, demeure un mortel très expert, dont les mains
Voluptueusement palpent les parchemins.
Son nom est Pailletos.
                                      Il règne dans l'enceinte
De Bibliopolis et garde l'arche sainte.
Le Maître a près de lui des compagnons choisis.
Moi, qui depuis des mois et mois veille ici,
J'attends que mes accents l'émeuvent, qu'il découvre
Mon mérite, m'accueille à ses côtés, et m'ouvre
La porte de son temple aux profanes fermé!
Que faire?
                 J'ai - l'esprit de désirs consumé - 
Consulté l'autre jour la sybille delphique;
Et la sybille, dans un accès horrifique,
M'a répondu par cet oracle souverain:
"La clef d'or ouvrira cette porte d'airain."
Mon esprit flotte, esquif en proie au dur tangage;
"La clef d'or?..."
                      Si c'était la clef d'or du langage!

INVOCATION

O muse au beau front lauré,
Qui charmes le bois sacré
De l'Hélicon, et qui joues
Du luth d'or divinement,
Au point qu'un trouble charmant 
Pâlit et rougit les joues
De qui t'écoute un moment;

O Muse, accours, viens à moi,
Fais plus touchant ton émoi,
Et prête-moi l'harmonie
Qui pénètre dans les coeurs,
Et fait taire les moqueurs;
Oui, prête-moi ton génie
Pour que j'entre ici vainqueur.



LA MUSE

Me voici. Je descends du sublime empyrée
Et veux bien te prêter cette lyre dorée
             Qui charme les lions
Et construit les remparts de la ville rêver,
             Et dont se sert Orphée,
             Et dont use Amphion.

Mortel épris des vieux vélins et des des grimoires,
Où des temps disparus revivent les mémoires,
             Chante, on t'accueillera.
Chant, et, ravi des sons que la muse t'inspire
             Non sans un doux sourire,
             Pailletos t'ouvrira.

Chante les noms aimés des artistes du Livre,
In-quarto, manuscrits aux lourds fermoirs de cuivre,
              Cuirs roux gaufrés de lis,
Missels jadis gravés avec un art suprême,
              Chante la gloire même
              De Bibliopolis.

GIRARDOS

Eh bien! je chanterai, puisque l'on m'y convie,
Ceux-là qui, confiant aux signes leur esprit,
Firent le Livre, doux passe-temps de la vie
Où pour l'éternité brille le Verbe écrit.

Moines au front rasé, penchés dans vos cellules
Sur le parchemin blanc, ô bons bénédictins,
Je vous vois composant de nobles majuscules,
Avec la plume d'oie, aux horaires latins.

La lettrine en couleurs est compliquée et large;
Dessinée au trait rouge, elle éclate dans l'or
Et semble, débordant, superbe, sur la marge
Une fleur oubliée et toute fraîche encor.

Et voici Jean Fouquet, oeuvrant le livre d'Heures
Du contrôleur royal Etienne Chevalier,
Peignant Agnès Sorel qu'un léger voile effleure,
Charles VII et René, piétons et cavaliers.

Puis, voici Bourdichon pour Anne de Bretagne,
Figurant tour à tour de son subtil pinceau
La fleur, le fruit qui sur le rameau l'accompagne,
Et Jésus et les saints, et l'insecte et l'oiseau.

Memling, Van Eyck, d'un trait sûr, d'une touche vive
Immortalisent l'art flamand sur le vélin.
Puis des Italiens la Renaissance arrive
Et de l'enluminure apporte le déclin.

L'on taille dans le bois de menus caractères,
On les presse, enduits d'encre, à plat sur le papier,
C'est la xylographie. Enfin, sortant de terre,
L'Imprimerie avec Gutenberg va briller.

Pour envahir le monde, elle est née à Mayence.
Wolgemuth, Schongauer, vieux maîtres allemand,
Albert Dürer, au fin buron plein de vaillance,
Par elle ont reproduit leurs caprices charmants.

Venise à ce moment rayonne sur le monde,
Manuce fait régner son ancre et son Dauphin.
Après Vostre et Vérard, chez nous le livre abonde;
Dans Paris est Estienne et dans Anvers Plantin.

Au gothique pointu succède l'italique,
Les Elzevier à Leyde impriment Cicéron,
Cependant que Callot, au crayon satirique,
Précède Abraham Bosse au trait moelleux et rond.

La Régence caresse un livre maniable,
Où la vignette est due au délicat Watteau;
Cochin le fils y montre un talent agréable,
Boucher sait y graver des nymphes sans manteau.

Eisen ajoute encore aux vers de La Fontaine,
Moreau le jeune illustre et Molière et Rousseau,
Donne entre tous au livre une gloire certaine,
Et d'un siècle galant y met l'éternel sceau.

Dirai-je les Didot? La gloire du Racine?
Deveria gravant des fronts mystérieux!
Borel et les sujets macabres qu'il dessine,
Et Prudon révélant Chloé nue à nos yeux;

Meissonier façonnant des clichés impeccables,
Et Traviès et Daumier amusant le Journal,
Gavarni, caricaturiste infatigable,
Et Granville voyant l'homme dans l'animal;

Et Doré, ce Michel-Ange de la vignette,
Et l'éditeur Curmer? Et ceux-là, moins connus,
Dont le nom se déchiffre aux pages qu'on feuillette,
Dont les talents divers jusqu'à nous sont venus?

Non, je me dois encore aux belles reliures:
Soit que l'ivoire y soit patiemment taillé,
Ou que la perle y brille au milieu des dorures
Et de la riche étoffe et du cuir travaillé.

Voici les coins ferrés des évangéliaires
Vêtus de soie ou de velours ou de damas;
Les psautiers de drap d'or, livres nobiliaires
De diverse épaisseur et de divers formats.

Grolier avec amour couvre le dos des livres
De rinceaux somptueux; il décore les plats
De fleurons azurés. Le Gascon va le suivre
Et combine à son tour d'élégants entrelacs.

Et nos contemporains, quelle illustre phalange!
Trautz, Padeloup, Cuzin et Marius Michel,
Et Derome... Chacun dans mes rythmes se range,
Gruel, Lortic... Chacun répond à mon appel.

Beraldi plein d'humour, Brunet, Brivois, Uzanne
Chevauchant la chimère en vol vers l'idéal.
Leloir peignant Manon, suave courtisane,
Grasset campant les fils Aymon sur leur cheval.

Avril, Delors, Rudaux, pleins de charme et de grâce.
Rochegrosse les yeux éblouis d'Orient;
Adam, Merson fixant le passé qu'il embrasse,
Et Flammeng, et Toudouze, et Beaumont, et Le Blant.

L'inimitable Rops peint la femme charnelle,
La prêtresse d'Eros. Le crayon de  Forain
Apporte à la satire une forme nouvelle;
Vidal voit d'un autre oeil l'amour contemporain.

Bons graveurs, imprégnant vos cuivres de votre âme,
Boisson, Bida, Boilvin, Champollion, Jacquet,
Gaujean, Lalauze, tous, la gloire vous réclame.
Puis vous dont la vitrine a des trésors, Conquet,

Aimable et souriant, Ferroud, homme olympique;
Boussos, que les badaus lorgnent au boulevard;
Jouaust trop abondant, Mame l'évangélique,
Et trop vite partis!... Vous Launette et Testard!!!

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Et Girardos ému devant la maison close
De Pailletos chantait. Et le nuage rose,
Et l'arbre vert debout sur le chemin, l'oiseau
Qui s'enfuit, et le vent qui courbe le roseau,
Le nid qui chante et l'eau des ruisseaux qui murmurent,
Tout l'écoutait.

                         Alors les huis de fer s'émurent,
Et l'on vit comme un père au-devant de son fils
Apparaître le Chef de Bibliopolis.



Albert Girard.


Les images sont tirées de l'exemplaire n°73 de l'édition originale et unique, imprimée pour Girard en 1896 par Chamerot et Renouard, avec les compositions de Paul Avril. Exemplaire de De Claye, relié par Carayon, avec envoi de l'auteur.




Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonsoir,

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay:
















































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Portrait de relieur: Henri Noulhac (1866-1931)

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Amis Bibliophiles bonsoir,

Le Bibliophile descend d'avion, travaille beaucoup en ce moment... et vous propose de redécouvrir le travail d'un grand relieur au tournant du XXe siècle, Henri Noulhac.

En préambule de ce portrait du relieur par Lauverjat, j'ai ajouté quelques photos d'une acquisition récente, reliée par Noulhac, l'EO de Bel Ami de Maupassant (ex. sur Hollande), dans un très pur maroquin janséniste, qui illustre parfaitement la maîtrise technique de l'artisan.




La rapide consultation des évangiles selon Fléty, Devauchelle et Duncan et une brève recherche parmi les catalogues permet de préciser le travail de ce relieur.


Henri Noulhac est né à Châteauroux en 1866 et reçoit une formation dans sa ville natale. (À cette époque à Châteauroux, les libraires-éditeurs A. Nuret et fils signent des reliures simples de très belle facture.) Noulhac s’installe à Paris en 1894. Noulhac est encouragé dans ses travaux de type “janséniste” par Henri Béraldi car, nous dit Fléty, il n’était ni relieur ni doreur. 


Vers 1900 il adjoint à son activité un atelier de dorure tenu par un ouvrier spécialisé. Il introduit dans sa production des décors à motifs floraux dorés et des encadrements dorés. La reliure que je vous présente aujourd’hui sur un livre de 1887 date de 1914. Un peu plus tard, des décorateurs modernes proposent des décors de reliures qu’ils donnent à réaliser par des artisans. Noulhac réalise alors les décors d’Adolphe Giraldon illustrateur et de Jules Chadel dessinateur joaillier. Il travaillera ensuite sur les dessins de sa fille et un peu pour Pierre Legrain. Il réalise des reliures mosaïquées de maroquin de style Art-Déco. 


L’inspiration variant du type floral, à la décoration à la manière de parements de dallages colorés ou de compositions de vitraux. 


(photo reliure de 1921 issue du livre "la reliure en France Art-Nouveau-Art-Déco 1880-1940, Duncan & de Bartha, 1989)

Il s’attache à former des relieurs parmi lesquels Rose Adler et Madeleine Gras.

Sa réputation s’est établie sur une maîtrise professionnelle indiscutable avec une qualité d’exécution du corps d’ouvrage irréprochable.

Il travailla jusqu’à sa mort le 22 mars 1931.

Lauverjat

Etes-vous Bibliophile? Faites le test avec le Quizz Bibliophilie de Niveau I !

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Amis Bibliophiles bonjour,

Bibliophile, amateur, bibliophile amateur, bibliomane, curieux, simple curieux... qu'en est-il aujourd'hui de votre "niveau" en bibliophilie?


Etes-vous seulement bibliophile? 

Je vous propose cette semaine une série de trois tests (Bibliophilie Niveau I, II et III) sans prétention, destinés à vous aider à évaluer vos compétences.

Démarrons aujourd'hui par le test le plus simple, celui que vous devriez tous réussir si vous êtes de fidèles lecteurs.

A vous de jouer...

Attention, je découvre l'outil, pour la question sur l'EO, les réponses potentielles sont:

Q7. Une édition originale est la. . .
1.   Définition d'un livre au contenu peu commun
2.  1ère édition d'une oeuvre imprimée, publiée avec le consentement de l'auteur. . .
3.  1ère édition d'une oeuvre imprimée, publiée avec le consentement du roi
4. 1ère édition d'un ouvrage imprimé en français

Alors? Où en êtes-vous? Aucune erreur (en tout logique), deux, plus? Non? Plus? 

Si ce test vous a semblé facile, rendez-vous jeudi soir pour le test de Niveau II, si j'étais vous, je réviserai. 

PS.: n'hésitez pas à partager vos impressions et votre score en commentaires. 
PPS.: merci à ceux d'entre vous qui m'ont fourni des questions pour ce test et ceux à venir.
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