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Channel: Le Blog du Bibliophile, des Bibliophiles, de la Bibliophilie et des Livres Anciens
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Ebayana, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay...












































Et quelques ouvrages autour du livre et de la bibliophilie...









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L'oiseau rouge, ou l'énigme de la Bibliothèque Carnegie de Reims

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Amis Bibliophiles bonjour,

Une fois n'est pas coutume, ce n'est ni moi, ni un lecteur du blog qui vous soumet une petite énigme, mais les services de la Bibliothèque Carnegie de Reims, qui sont également des visiteurs réguliers du blog.

Les interrogations des services de la bibliothèque portent sur un élément assez inattendu figurant à l'intérieur de l'un de leurs ouvrages: en effet, collée sur le contreplat inférieur d'un ouvrage, se trouve une pièce de carton découpé en forme d'oiseau et coloré.


Il me semble déjà avoir vu cela quelque part, mais je ne parviens pas à en retrouver la trace dans ma mémoire. Avez-vous une idée de ce que cela pourrait être?

L'ouvrage en question est le suivant:


Le Théâtre d'honneur, et de magnificence, préparé au Sacre des Roys. Auquel il est traité de l'Inauguration des Souverains ; du lieu où elle se fait, & par qui ; de la Verité de la Sainte Ampoule ; des Roys qui en ont été Sacrez ; du Couronnement des Reynes ; des Entrées Royales, & Ceremonies du Sacre ; de la Dignité de nos Roys. Par Dom Guillaume Marlot Docteur en Theologie, & grand Prieur de l'Abbaye S. Nicaise de Reims, Ordre de Saint Benoist. 
A Reims, Chez François Bernard, Imprimeur de Monseigneur l'Archevéque, ruë S. Etienne, au Grifon d'or. 
M. DC. XLIII.
Reliure parchemin 17e s. 
Les contreplats sont en papier de remploi (peut-être incunable).
Tampon Charles Givelet et ex-Libris gravé de Henri Jadart. Mention ms. du don de Givelet à Jadart en 1891. Don Louis Demaison 24 juin 1937.

Qu'en pensez-vous?

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Une escroquerie bibliophile élaborée, les faux de Harry Buxton Forman et Thomas Wise... Des originales avant les originales

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Amis Bibliophiles bonjour,

Cette escroquerie montée par le libraire anglais Harry Buxton Forman et le bibliophile Thomas James Wise nous conduit à Londres à la fin du XIXe siècle.
Thomas James Wise
Harry Buxton Forman
Harry Buxton Forman était un érudit respecté, spécialiste de Shelley et Keats, et libraire. Thomas James Wise, lui, était bibliophile, connu pour sa bibliothèque d'éditions originales et faisait également un peu de courtage.

Profitant de l'engouement des bibliophiles de l'époque pour les éditions originales, les deux associés proposèrent pendant près de 15 ans des faux qui devinrent rapidement très recherchés. L'astuce était elle-même relativement élaborée: bibliophile et libraire, Wise et Buxton Forman ne pouvaient ignorer combien il est difficile de produire un faux en bibliophilie (encore que, nous l'avons déjà vu...), en particulier pour des éditions originales qui venaient de paraître. Leur idée fût donc de proposer, d'inventer des pré-originales ou des tirages inconnus, ou privés des mêmes textes, le plus souvent sous forme de plaquettes.

De fait ces textes, antérieurs aux éditions originales, devenaient encore plus rares et étaient destinées à connaître un grand succès auprès des amateurs. Ils bénéficiaient en outre de la double caution d'un grand bibliophile de l'époque, Wise, et d'un libraire et érudit réputé, Buxton Forman, connu pour ses bibliographies sur Shelley et Keats. Aussi, c'est en toute logique qu'ils débutèrent leur carrière de faussaire avec Shelley.

En novembre 1886, Edward Dowden publia une biographie de Shelley, qui contenait un nombre importants de poèmes inédits. Ce fût le déclic pour Buxton Forman et Wise qui décidèrent alors de créer une une société écran, la Philadelphia Historical Society et de publier séparément les poèmes sous le titre Poems and Sonnets, avec une date antérieure à 1886.

Les ouvrages étaient imprimés à l'aide d'un complice imprimeur, Richard Clay & Sons, et réunissaient toutes les conditions pour être crédibles, se permettant même le luxe de proposer des éditions privées, antérieures aux éditions originales, d'auteurs encore vivants.

Buxton Forman et Wise créèrent ainsi des faux d'ouvarges d'Elizabeth Barrett Browning, George Elliot, John Ruskin, Matthew Arnold, Alfred Tennyson, George Meredith, William Thackeray et de beaucoup d'autres. Les deux escrocs les commercialisaient ensuite et ceci durant plusieurs décennies, à une échelle relativement vaste, puisqu'à la vente Brayton Ives à New-York en 1915, 24 faux étaient proposés aux amateurs.


Buxton Forman décéda en 1917 sans avoir été découvert, mais Wise était encore vivant lorsque deux experts et libraires, Pollard et Carter, démontrèrent en 1934 dans leur ouvrage (An Enquiry into the Nature of Certain Nineteenth Century Pamphlets) que de nombreux ouvrages étaient faux, en utilisant notamment des analyses scientifiques mettant en évidence que les matériaux utilisés, notamment de la pulpe de bois, étaient postérieurs aux dates affichées sur les ouvrages... avant de découvrir l'imprimeur complice et de le confondre.


Naturellement, les bibliophiles étant ce qu'ils sont, les faux de Buxton Forman et Wise sont aujourd'hui très recherchés, parfois plus que les éditions originales qu'ils étaient supposés supplanter. Mission accomplie donc!

Pour l'anecdote et plus près de nous, la librairie américain Oak Knoll proposait dans son catalogue 273 quelques ouvrages autour de cette fraude à grande échelle: un pamphlet (lot 718) daté de 1875 dans lequel un propriétaire précédent, John Spoor avait ajouté que "moins de 6  copies étaient connues", que l'édition avait ensuite été détruites et qu'aucune copie n'avait été connue avant 1897. Et pour cause Buxton Forman et Wise publièrent le pamphlet daté de 1875 en... 1896. Spoor acheta en tout 50 contrefaçons des faussaires.

Autre curiosité, dans le même catalogue (lot 887), une annotation du libraire Rosenbach, qui affirme qu'il savait que Wise était un faussaire 15 ans avait que cela ne soit démontré, mais qu'il n'avait rien fait pour ne pas entacher la réputation d'un ami...

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Ebayana, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonsoir,

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay...








































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Quand les SVVs se mélangent et les pinceaux... les Pichon du 21e siècle...

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Amis Bibliophiles bonjour,

L'amateur a parfois la chance d'acquérir un catalogue, souvent XIXe d'ailleurs, de ces ventes aux enchères de livres et d'y découvrir les noms des acquéreurs: Baron Pichon, Bordes, etc. C'est toujours intéressant sur le plan documentaire et cela permet parfois de remonter les provenances de certains ouvrages, qui n'ont pas tous hérités d'un ex-libris.

Pur plaisir documentaire donc. La petite erreur commise récemment par la respectable étude Binoche Giquello et concernant une vente très récente fait elle appel à d'autres ressorts de la personnalité du bibliophile, dont la curiosité, qui est toujours de mise quand un lot par au téléphone par exemple.

Les études ont pris l'habitude de communiquer les résultats des ventes, et nous nous en réjouissons, mais dans ce cas précis, la SVV a communiqué le procès-verbal de la vente, qui contient non seulement  les prix d'adjudication, mais aussi l'identité des acheteurs.

L'information ayant été relayée par Bibliorare (http://www.bibliorare.com/pdf/cat-vent_binoche5-12-2012-result.pdf), et étant donc publique, je la relaie ici (va-t-on me demander de l'enlever?).

Au delà de la curiosité, elle nous donne des informations assez intéressantes sur l'identité des acheteurs. Comme le souligne Olivier, qui a levé le lièvre, on remarque ainsi que la controversée association Aristophil est très active sur le marché, et pas seulement sur des autographes, mais souvent sur de très belles reliures. On constate aussi que les libraires étrangers sont présents dans les ventes françaises (Fluhmann à Zürich par exemple, Sims Reed), ainsi et c'est assez rassurant que les institutions, ainsi la bibliothèque de Reims ou... l'hôtel du département des Hauts-de-Seine.

A noter aussi les enchères par Drouot live, qui semblent fonctionner et permettent à un Pierre Louÿs de s'envoler à 16 000 euros.

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"Sichergestellt durch Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg für die besebzten Gebiete", ou la triste histoire des livres spoliés par les nazis pendant la 2e Guerre Mondiale

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Amis Bibliophiles bonjour,

Parcourir des classeurs d'ex-libris rassemblés par un ami réserve parfois des surprises étonnantes: on y croise de grands bibliophiles, des libraires, des anonymes mais aussi d'autres choses plus étonnantes, comme l'étiquette ci-dessous. 

Dans tous les cas, ces petites étiquettes sont une invitation au voyage et à la découverte. L'histoire que raconte celle-ci est moins douce que les autres, mais elle permet d'entrevoir malgré tout le destin connu par de nombreuses bibliothèques au cours de la deuxième guerre mondiale.


Le court texte qui figure sur cette étiquette, qui était elle même apposée sur le contreplat d'ouvrage, est en allemand: "Sichergestellt durch Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg für die besebzten Gebiete", elle pourrait être traduite par "mis en sécurité par l'Einsatzstab du Reichsleiter Rosenberg pour les territoires occupés", ou "assuré par l'Einsatzstab du Reichsleiter Rosenberg pour les territoires occupés".

L'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg était l'équipe d'intervention du Reichsleiter Rosenberg, une section du bureau de politique étrangère du NSDAP, dirigée dès 1933 par Alfred Rosenberg. L'ERR se voulait être l'organe exécutif de la Hoher Schule (« École supérieure ») de Rosenberg. L'ERR a effectué à partir de 1940 d'importantes confiscations de biens appartenant à des juifs et des franc-maçons dans les territoires occupés par la Wehrmacht.

Alfred Rosenberg (1893-1946) est un théoricien du parti nazi. Il est en outre responsable des massacres organisés dans les territoires à l'est de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment en tant que ministre du Reich aux Territoires occupés de l'Est. 

Il est condamné à mort le 1er octobre 1946 après avoir été reconnu responsable des massacres organisés à l'est de l'Allemagne pour plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l'humanité lors du procès de Nuremberg. Il est pendu le 16 octobre 1946. Quand il lui est demandé s'il a quelque chose à déclarer avant son exécution, il répond simplement : «Non.»

Rosenberg est aussi connu pour son rejet du christianisme, et pour avoir joué un rôle important dans le développement du paganisme qu'il percevait comme une transition vers une nouvelle foi nazie ainsi que pour son antimaçonnisme. Se considérant comme le « gardien du temple du national-socialisme », notamment de son idéologie, il fut tout au long de sa carrière raillé par les pontes du régime, pour son intellectualisation de la doctrine du parti, qui, en définitive, comme le note Joachim Fest, « résidait dans l'exercice du pouvoir », et non dans une « façade idéologique ».


Il est chargé à partir de 1940 de la confiscation des œuvres d'art et des bibliothèques volées aux Juifs à travers l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, dirigé, à Vilnius, par le Dr Muller. C'est en fait un ordre d'Hitler du 5 juillet 1940 qui autorise l'ERR à confisquer dans les territoires occupés :

- les bibliothèques d'État et les archives des manuscrits précieux pour l'Allemagne ;
- les greffes des autorités ecclésiastiques et des loges maçonniques ;
- tous les autres biens culturels de valeur appartenant à des juifs.

Le 18 novemtre 1940 Hitler ordonnait que toutes les oeuvres d'art confisquées soit envoyées en Allemagne et placées à sa disposition personnelle.


A Paris, l'ERR était opérationnel dès juillet 1940. L'administration centrale a toutefois été transférée à Berlin le 1er mars 1941. D'avril 1941 à juillet 1944, 29 convois ont transporté des biens saisis de Paris jusqu'au château de Neuschwanstein en Allemagne, où l'ERR avait constitué son principal lieu d'entreposage. Jusqu'au 17 octobre 1944, selon l'estimation de l'ERR elle-même, 1 418 000 wagons de chemin de fer contenant des livres et des œuvres d'art (ainsi que 427 000 tonnes par bateau) ont ainsi transité vers l'Allemagne depuis les territoires occupés.


En France, des objets d'art ont été confisqués dans plus de 50 lieux différents et exposés lors de 7 expositions au Jeu de paume, surtout dans le but de montrer à Rosenberg et Hermann Göring, avec lequel l'ERR a collaboré étroitement à Paris, une vue d'ensemble des objets précieux confisqués. Des bibliothèques firent ainsi l'objet de saisies, dont la "Bibliothèque polonaise", la "Bibliothèque Turgenjev" et les bibliothèques de nombreuses loges parisiennes, qui devaient alimenter la bibliothèque centre de l'École supérieure. Mi 1941, le travail de l'ERR en France était pratiquement achevé. Selon le rapport de travail de l'ERR, 203 collectes avaient concerné 21 903 objets.

Une des expositions au Jeu de Paume
L'ERR en France, sous la direction de Gerhard Utikal, des docteurs Gerhard Wunder et Karl Brethauer, de Franz Seiboth et de l'inspecteur Hans Hagemeyer, cinq équipes spéciales coordonnaient l'activité de depuis Paris :
Équipe musique (Dr. Herbert Gerigk)
Équipe arts figuratifs (Kurt von Behr, Robert Scholz)
Équipe bibliothèques des grandes écoles (Dr. Walter Grothe)
Équipe préhistoire (Prof. Hans Reinerth)
Équipe églises (Anton Deinert)

Le rôle joué par Goering dans les vols perpétrés par l'ERR fût important. Il est en effet avéré qu'il s'appropriait, en contradiction avec l'ordre du 18 Novembre 1940 émanant de Hitler, une grande quantité d'objets d'art (environ 700). Il tenta même de légitimer ces appropriations en appointant un artiste français, Jacques Beltrand, expert officiel du gouvernement français.  Les objets estimés et choisis par Bertrand étaient ensuite envoyés à l'état-major de Goering à Berlin, pour paiement. Néanmoins, aucun paiement ne fût envoyé par Goering à l'ERR, et aucune méthode n'a jamais été envisagée. 

Les collections spoliées sont souvent connues (Rothschild - dont des livres - , Kann, Weil-Picard, Wildenstein par exemple) et les objets spoliés furent souvent précisément inventoriés (http://www.lootedart.com). Ainsi, le rapport Scholz établi en juillet 1944 dénombre-t-il: 
1. Tableaux, aquarelles, gravures, pastels, miniatures et autres: 10,890 
2. Sculptures: 583 
3. Meubles:2,477 
4. Textiles (tapisseries, tapus, etc.): 583 
5. Objets d’art: 5,825 
6. Art asiatiques: 1,286 
7. Objets antiques: 259 

Au total, on estime à au moins 21 903 les objets spoliés, issués de 203 collections.  Certains d'entre eux furent revendus, échangés ou confiés à des marchands tels Gustav Rochlitz, Adolf Wuester, Max Stoecklin, etc.


Pour les bibliophiles, il est intéressant de noter que si des bibliothèques privées ou publiques ont été pillées, et les ouvrages marqués de l'étiquette de l'ERR, les livres ne sont pas ou très rarement inventoriés. 

Livres volés par l'ERR, à Riga
Tâche trop titanesque ou objets qui ne furent pas considérés par les nazis comme des oeuvres d'art? Réservés à "l'étude" à la Hohe Schule? Ou était-ce simplement parce qu'il n'y avait pas de bibliophiles par les hauts dignitaires nazis? 

Tiens, j'ai envie de penser cela.

H


Bibliophilie et Sciences: planches de philosophie naturelle au XVIII siècle

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Amis Bibliophiles bonjour,


Dans un billet précédent je vous ai présenté quelques planches qui illustraient un cours oral de physique cartésienne au début du XVIIIème siècle. Voici quelques autres planches de la même époque et issues d'un autre recueil. Cette « philosophie naturelle » comprenait  alors la logique et quelques notions d'anatomie.





























Bernard

La naissance d'un nouveau blog autour de la Bibliophilie: Histoire de la Bibliophilie par... Jean-Paul Fontaine

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Amis Bibliophiles bonjour,

Plus on est de fous, plus on rît ! Le Blog du Bibliophile est donc très heureux de vous annoncer la naissance d'un confrère, le blog "Histoire de la Bibliophilie", que vient de créer le Bibliophile Rhemus alias Jean-Paul Fontaine. Vous pouvez le retrouver ici: histoire-bibliophilie.blogspot.com


Ce blog, lancé aujourd'hui, jeudi 13 décembre, est une excellente nouvelle pour tous, et surtout pour les amateurs, qui vont pouvoir bénéficier de l'expertise de Jean-Paul... et devoir trouver un peu plus de temps pour lire chaque jour ou presque tout ce qui se dit autour de la bibliophilie dans la blogosphère.

Cela fait près de six ans que j'anime le Blog du Bibliophile et je souhaite au blog de Jean-Paul la même longévité!

L'article d'aujourd'hui, une introduction dans laquelle je retrouve le même esprit que dans celle de Christian Galantaris dans le 1er numéro de la Nouvelle Revue des Livres Anciens, est justement une "Introduction à une histoire de la bibliophilie"... soulignée par une citation très Jean-Paul Fontaine, et qu'il a de nombreuses fois rappelée sur le Blog du Bibliophile: "Tout a déjà été dit, mais comme personne n'écoute, tout est toujours à redire." (André Gide. Le Traité du Narcisse).

Et bien, Bibliophile Rhemus, redis nous tout, on t'écoute.

Je ne vais pas revenir sur Jean-Paul d'ailleurs!... Docteur en science esculapienne et bibliomanographe.,(auteur du Livre des Livres, du nouvel ouvrage de référence sur Cazin, etc), que tout les lecteurs du Blog du Bibliophile connaissent forcément, pour ses lumières, ses prises de positions toujours pertinentes et parfois aussi têtues que le breton qu'il est à moitié. 

Je dirais simplement que Jean-Paul n'est pas un ami, c'est plus que cela et notre relation est ancrée/encrée pour toujours dans l'encre indélébile des 4 numéros de la NRLA. Sublime croix que nous portâmes jusqu'à l'épuisement, mais qui brille encore de ses feux! :)

On pourrait aussi ajouter disant qu'après avoir été "collectionneur", Jean-Paul se définit comme devenu "collecteur", travaillant depuis plusieurs années sur les biographies et les "physiologies" des bibliophiles anciens (XVIe au XIXe inclus) pour essayer de comprendre le phénomène bibliophilique.

Je conclue par deux choses: bon vent à ce nouveau blog, dont le premier article se termine par deux phrases qui laissent, évidemment, augurer du meilleur: Il y a mille et une façons de traiter de la bibliophilie. La véritable histoire étant celle des individus, l’histoire de la bibliophilie peut donc être celle des bibliophiles, dont une partie de la vie se lit dans les catalogues de leurs bibliothèques.

Tout est dit dans ces deux phrases ou presque. Mais comme dirait l'autre, "Tout a déjà été dit, mais comme personne n'écoute, tout est toujours à redire."!

Bref, c'est ici que ça se passe: histoire-bibliophilie.blogspot.com

Hugues

Jean-Paul, tu nous en dis plus?

Ebayana, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay:

Jean Antoine de Baif : Les Oeuvres, 1572 - 1573


MANUSCRIT DEBUT XVIII(encre de chine)NOEL BOURGUIGNON DE GUI BAROZAI DIJON 1700 MANUSCRIT DE BERNARD DE LA MONNOYE ??

ENCYCLOPÉDIE DIDEROT ET D'ALEMBERT. VOLUME DE PLANCHES. 1779


Fenelon, Telemaque,fils d'Ulysse, relie GRUEL maroquin 1717,superbe

RARISSIME LE LIVRE DORE DE MARC AURELE A.DE GUEVARA J. DE TOURNES 1577

Simier Relieur : Exceptionnelle reliure !! pour DECAMERON MDCLXV


OFFICE DE LA SEMAINE SAINTE - 1715 -SUPERBE MAROQUIN ROUGE AUX ARMES DE LOUIS XV 4 gravures hors-texte. Complet.

Le livre moderne publiée par Octave Uzanne. Année 1890, 12 numeros Uzanne Octave / Bibliophilie

BRUNET MANUEL LIBRAIRE Bibliographie LIVRES 7/7 Silvestre Reliure 1842

LOUIS MORERI LE GRAND DICTIONNAIRE HISTORIQUE 8 VOLUMES IN-FOLIO 1732-1735 BEL EXEMPLAIRE RELIE A L'EPOQUE EN PLEIN VEAU


Saint-Exupéry Le petit prince 1ere Edition originale 1945 numérotée BE

Italie Venetia EO très rare petit livre 1582 Guerre de Goti Reliure Maroquin TBE Dele Guerre de Goti. Gabriele Chiabrera. Avec gravures

Les merveilles de la ville de Rome 1682 nombreuses gravures Guide touristique de l'époque

Le cabinet noir - Comte d'Hérisson - Exemplaire sur papier de Hollande

DE BURE BIBLIOGRAPHIE CONNAISSANCE DES LIVRES AUX ARMES DU MARQUIS DE RUOLZ 5 VOLUMES RELIES A L'EPOQUE EN PLEIN VEAU E.O 1765-1768

ABBE BONNATERRE ORNITHOLOGIE 152 PLANCHES GRAVEES D'OISEAUX IN-4 E.O 1790 TOME II SEUL COMPLET EN SOI PUBLIE PAR PANCKOUCKE

LE SAGE HISTOIRE DE GIL BLAS VIGNETTES JEAN GIGOUX PREMIER TIRAGE PAULIN 1835 TRES BEL EXEMPLAIRE HABILLE D'UNE SPECTACULAIRE RELIURE


ARMOIRIE BLASON peint 1752 BLANDINIERE RAFSENT sainte messe GRAVE

Illustré romantique La Fontaine Fables illustrées par Grandville 1839

EXCEPTIONNEL!!! 1682 - LE THÉÂTRE DE PIERRE CORNEILLE - À SAISIR! DERNIÈRE ÉDITION CORRIGÉE PAR CORNEILLE. LA RÉFÉRENCE!

Bible ancienne latin 1568 cartes gravures planches dépliantes

RACINET:Le Costume Historique( 500 Planches,Complet,Firmin Didot,1888 TTBE/ RARE

CUISINE - GASTRONOMIE - EDOUARD HELOUIS - LES ROYAL-DINERS - 24 PLANCHES - 1878. Ouvrage très rare. Complet.


GASTRONOMIE - CHRONIQUE DES CHAPONS ET DES GELINOTTES DU MANS - 1907. Poètes et goinfres du XVII° siècle. Tirage à 301 ex.

VOYAGE - TURQUIE / GRECE - CHALCONDYLE - HISTOIRE GENERALE DES TURCS - 1662. 2 volumes in-folio. 107 superbes gravures


"L' iliade d' Homère traduite par Hugues Salel + Ronsard " Vélin Doré 1570 RARE

ALDE - 1520 - in-FOLIO - Décades de TITE LIVE + Polybe / Complet reliure époque

Recueil précieux de la franc-maçonnerie (et hymnes), 1786, vélin de l'époque

FRANC-MACONNERIE : UNIQUE & RARE document de 1868 - SECRETS DES RITES - 25 pages Rarissime document maçonnique - GRAND ORIENT DE FRANCE


BIBIENA - La poupée, 1788, roman érotique - CURIOSA

LE ROMAN DE LA MOMIE GAUTIER ILLUSTRE PAR ROCHEGROSSE PARIS 1920 BELLE RELIURE

Les obsèques d'Edouard Pelletan ANATOLE FRANCE ENVOI HELLEU EX NUMEROTE RARE

Almanach De Marseille 1781 Maroquin Aux Armes

1894 - Alexandre Dumas - Chevalier de Maison-Rouge sur JAPON avec SUITE & Envoi SUPERBE RELIURE - REMARQUABLE PROVENANCE - 3 VOLUMES

BIBLIOPHILIE/VOLNEY/VOYAGE EN SYRIE ET EN EGYPTE/1787 COMPLET DES 2 CARTES DEPLIANTES & 3 PLANCHES DE TEMPLES

rare livre ancien Homeri Odyssea id est de rebus 16ème grec latin homère odyssée

1706-PASSE-TEMPS ROYAL AMOURS SECRETES DE MME DE MAINTENON-PAMPHLET-CURIOSA

Marcel PREVOST Demi-vierges EX/JAPON EAUX-FORTES SUITE AVY 1909 RELIURE SIGNEE


IN-FOLIO, Plein MAROQUIN ROUGE ++ Adam l'aîné + 1754 + Recueil de 62 GRAVURES + superbe recueil de gravures ++ Peintre Lorrain ++ ARMES

Rousseau Collection Complete des Oeuvres 1774-90 15 vols 4to Moreau 37 Plates NR THE DELUXE QUARTO ISSUE; 37 PLATES BY MOREAU; UNTRIMMED

LA FONTAINE ++ FABLES ++ 6 TOMES + 1765 + 723 GRAVURES de FESSARD ! ++ COMPLET SUPERBE EXEMPLAIRE ++ RELIURE en VEAU PORPHYRE +COMPLET

ENCHYRIDION LEONIS PAPAE - 1660 - GRIMOIRE MAGIE OCCULTISME RARE EXEMPLAIRE


QUADRINS HISTORIQUES DE LA BIBLE .A LION PAR JAN DE TOURNES . 1560 . 231 GRAVURES DE BERNARD SALOMON . GUILLAUME PARADIN

POST-IN CU NA BLE1525 BIBLIA MAGNA-Grav. Guillaume II Le Roy.Maitre au Nombril Explanations in English -Please have a look -

INFORTIATUM CODE CIVIL FLORENCE DROIT LE CONTE CUJAS GODEFROY INFOLIO LATIN 1589

BIBLIOPHILIE BOCCACE DES DAMES DE RENOM 1551 EDITION ORIGINALE DE LA TRADUCTION

P.OVIDE OPERA -Hackiana 1670- avec les Metamorphoses - 3 Vol in 8°-19 grav..



Berquin L'Ami des Enfants - Gravures - RELIURES maroquin signées BOZERIAN 1796

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La Neuvième Porte, version cinématographique de Club Dumas, un film pour bibliophile?

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Amis Bibliophiles Bonsoir,

Si les romans sur la bibliophilie sont rares, les films le sont encore plus. A part le téléfilm sur Stephen Carrie Blumberg, qui est indisponible en France, et le Nom de la Rose, je ne connais que l'adaptation du roman bibliophile d'Arturo Perez-Reverte, Club Dumas, qui est sorti au cinéma sous le titre "La Neuvième Porte".




Je crois que plusieurs d'entre vous avaient découvert le livre grâce au blog, laissez-moi vous parler aujourd'hui du film.

"La Neuvième Porte" est un film de Roman Polanski, sorti en 1999, avec Johnny Depp et Emmanuelle Seigner. Il est disponible en DVD.

Le film n'est pas réellement une adaptation du roman, il serait plus juste d'écrire que Club Dumas a inspiré le scénario de "La Neuvième Porte". D'ailleurs, La Neuvième Porte ne reprend pas l'intrigue principale de Club Dumas, à savoir les références aux Trois Mousquetaires et en particulier a manuscrit de l'un des chapitres, le Vin d'Anjou.

En fait, le long métrage se concentre sur l'intrigue secondaire du roman, à savoir la quête d'ouvrages ésotériques rares, menée par un "traqueur" de livres rares, qui devient Dean Corso, au lieu de Luca Corso dans la version écrite. Néanmoins, la personnalité de ce personnage principal est assez bien retranscrite, ainsi que le chemin vers la Neuvième Porte, à laquelle le bibliophile accédera en rassemblant des livres ésotériques.

L'histoire? Corso, mercenaire des bibliophiles, personnage en clair-obscur, recherche des livres rares pour le compte de bibliophiles fortunés. L'un d'entre eux, Boris Balkan, le lance sur la piste d'ouvrages ésotériques, de New-York à Paris, en passant par Tolède.

Le genre du film? Fantastique assurément, avec une touche de thriller. Bon film? Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais je crois qu'un bibliophile aura plaisir à le regarder.

Autre question : dans le personnage assez fascinant de Corso, on retrouve un peu du courtier ou du "rabatteur", mais à une toute autre échelle, et avec une approche différente de celle du marchand. Savez-vous si ce genre de "traqueur" existe dans la vie réelle?

H
P.S. : le film est disponible à partir de 6,50 euros sur amazon.

Demande de retrait d'informations par le mandataire de la société Aristophil

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Amis Bibliophiles bonjour,

Ouverture du courrier ce matin, après plusieurs jours d'absence... et je découvre ceci. .. Chacun est libre de penser ce qu'il souhaite, et pour me connaître un peu vous savez donc ce que je pense, et ce que je pense de la demande ci-dessous.

Je vais enlever ce matin les éléments en question, n'ayant aucun envie de me lancer dans un combat juridique contre ces gens. 

Chacun pourra se faire son propre avis... :). Si vous intervenez dans les commentaires sur le sujet, je vous demanderais de le faire judicieusement, et d'évoquer par exemple la forme de cette demande, plutôt que le fond. 

H

....

Troisième version de ce message, puisque j'ai à nouveau été contacté par le conseil de la Société Aristophil et de M. Lhéritier, juste après mon post de ce matin, qui me demande à 10h30 de modifier la 2ème version de ce message en vertu des articles...

- 29 de la loi du 29 juillet 1881
- 1382 du code civil français
- l'article 226-15 du code pénal
- articles L.122-4 ; articles L.335-3 et 335-3 al.1er du code de la propriété intellectuelle.
- 6 janvier 1978 modifiée
- l'article 38 (droit d'opposition pour des motifs légitimes)
- les articles 226-16 et suivants du code pénal.

Tout ceci m'exposant à un maximum de 5 ans de prison et 645 000 euros d’amende si on cumule tout.

Je retire donc et modifie ce message... Je préfère en effet investir 645 000 euros dans des livres que dans mon amicale relation avec Aristophil. :)

Ebayana, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection d'ouvrages intéressants en vente actuellement sur ebay.
















































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Portrait de relieur: Pierre-Marcellin Lortic (1822 - 1892) dit « Le Frondeur »

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Amis Bibliophiles bonjour,


1855. Le rapport de l’Exposition universelle est sans appel pour ce qui est de la reliure quand il assène ce terrible axiome : « Nous ne pouvons que copier les anciens ». Et Clément de Ris confirmera quelques années plus tard cette exigence de la clientèle des bibliophiles du xixe siècle, pour lesquels la référence restera longtemps le pastiche et les reliures rétrospectives, en écrivant : « [...] quand nos relieurs modernes veulent faire un chef d’œuvre, ils ont le bon esprit de se borner à imiter ce que l’on faisait il y a trois cents ans ». Ce goût aura une influence majeure sur les reliures créées à l’époque, faisant des quelques iconoclastes des figures majeures de la reliure au xixe siècle, ainsi Marius Michel, ainsi également Pierre-Marcellin Lortic, dit « Le Frondeur ».

Né à Saint-Gaudens le 4 avril 1822, le Gascon Pierre-Marcellin Lortic, arrive à Paris à la fin des années 1830 et intègre comme ouvrier l’atelier de Pierre-Paul Gruel. Le jeune homme se distingue par un fort caractère et des conceptions personnelles qu’il affirme haut et fort, avec son fort accent méridional. En 1844, alors qu’il n’a que 22 ans, il s’installe à son compte et ouvre un premier atelier au 199 rue Saint-Honoré, adresse qui sera la sienne jusqu’à son déménagement au 1 rue de la Monnaie, vers 1860. 

Lortic
Pour favoriser son installation, il privilégie pendant un temps les décors rétrospectifs très en vogue à l’époque, en particulier avec ses plaquettes réputées pour leur finesse et leur parfaite exécution. Les reliures de Pierre-Marcellin Lortic se distinguent par le poli de leur maroquin, leur fermeté, leur légèreté (plats minces qui nécessitèrent hélas parfois l’emploi du  laminoir, comme l’indique Quentin-Bauchart), la finesse de leurs cartons et leurs nerfs très pincés, et la subtilité de leur dorure, même si « Le Frondeur » n’est pas doreur et qu’il confie ses travaux aux plus grands spécialistes de l’époque, notamment Wampflug et Maillard.

Cette finesse attirera d’ailleurs quelques critiques, dont celles des amateurs de reliures exécutées par Trautz, très grand relieur, mais auquel on peut néanmoins faire le reproche d’avoir caché une absence presque totale de créativité derrière un savoir-faire irréprochable. Ces détracteurs qualifièrent ainsi le style de Lortic de « lorticulture ». Là où Lortic crée, avec une technique qui peut parfois, il est vrai, prêter à débat, l’austère Trautz se contente d’imiter les anciens. Tout en somme, y compris la dorure profonde de Trautz, qui repassait trois ou quatre fois sur le même filet, et celle plus légère de Lortic, distinguait les deux maîtres.

Alors que Trautz est austère et se plie volontiers aux caprices de sa clientèle en matière de reliures rétrospectives, Lortic « Le Frondeur » est un original : il fuit les conseils et les recommandations de la clientèle, et accroche un panneau « défense d’entrer » sur la porte de son atelier pour décourager ceux parmi les amateurs qui voudraient influer trop lourdement sur ses choix. Mais surtout, Lortic est un innovateur, et au delà de son perfectionnisme et de la maîtrise incontestable dont il fera preuve, il va révolutionner cet art industriel qu’est la reliure, que ce soit au niveau de la relation avec le bibliophile, de l’approche commerciale et même de la technique.

Techniquement, les deux apports principaux de Lortic à la reliure française du xixe  siècle sont le recours aux gardes de brocart ou de soie moirée, et le décor à caissons, qu’il créera à l’époque où il est l’un des premiers à s’émanciper de la tendance rétrospective. Le décor à caissons est une variante du décor « plafonnant » à compartiments, caractéristique de son prédécesseur et « pays », Le Gascon. Il consiste à couvrir la reliure ou la doublure d’un ouvrage de caissons dorés, eux-mêmes remplis de dorures très fines et de fers tortillés de pur « estyle », accent méridional oblige. 

La relation que développe Lortic avec ses clients est également particulière : il a une conception très personnelle de son art et n’apprécie que modérément la critique et le conseil des bibliophiles. De là naîtra peut-être sa principale innovation commerciale : ne plus attendre le client, acquérir lui-même des ouvrages, les relier à son goût et les proposer directement à la vente dans un atelier qui devient également, par le fait, une librairie. Le concept est révolutionnaire, à une époque où la reliure de luxe procède de la commande d’un particulier qui apporte ensuite son ouvrage chez le relieur, avec ses indications. Il vaudra à Lortic les critiques des libraires et des amateurs, mais démontre que le relieur avait une très bonne connaissance du livre et des goûts de l’époque, si ce n’est bibliographique. 

Son goût le pousse d’ailleurs plutôt vers des ouvrages d’exception ou des raretés bibliographiques dont il ne se dessaisit qu’avec réticence pour les vendre aux grands bibliophiles de son époque qui sont ses clients : Didot, Lesoufaché, le duc de Parme, le duc d’Aumale, Daguin, le duc de Rivoli, Edmond de Goncourt, Poulet-Malassis, Asselineau, Banville et bien sûr Baudelaire avec lequel il nouera une relation particulière.

La vente de la bibliothèque de Pierre-Marcellin Lortic, qui se tient à Drouot les vendredi 19 et samedi 20 Janvier 1894, en apportera d’ailleurs la démonstration éclatante : les 204 livres du catalogue (Paris, Ém. Paul, L. Huard et Guillemin, 1894), répartis par thèmes, Théologie, Sciences et Arts, Beaux-Arts, Belles-Lettres et Histoire, sont tous, ou presque, des ouvrages rares, habillés de reliures de luxe signées Lortic, mais également Le Gascon, Duru, David, Marius-Michel, Niedrée, Capé, Masson-Debonnelle, Gruel  … et même Trautz.

Pierre-Marcellin Lortic semble avoir une prédilection pour les xvie et xviie siècles, et on note aussi bien des livres d’Heures du xviesiècle, des incunables, une série de Rommant de la rose, une édition originale des  Fleurs du mal, reliée par Lortic, qu’un curieux exemplaire de La Peau de chagrin de Balzac, formé des épreuves sur lesquelles l’édition originale a été imprimée : elles portent des corrections et des annotations de la main de Balzac, et signées, ainsi que plusieurs bons à tirer, de ses initiales « H. B. » ou « Bc ».

Romans & Contes, Voltaire, relié par Lortic
Le catalogue des livres se termine par une dizaine d’ouvrages bibliographiques, dont l’édition originale de L’Enfer du bibliophile par Charles Asselineau, avec un envoi de l’auteur, qui consacre une partie de son 9e chapitre à son ami Lortic (le bibliophile et son démon lui rendent visite en son atelier de la Monnaie) et les ouvrages de Gruel ou Uzanne sur la reliure. Le 201e lot du catalogue est Statuts et règlements pour la communauté des maistres relieurs et doreurs de  livres de la ville et université de Paris (Paris, P.G. Le Mercier, 1750) relié par Lortic.

Intéressé par les statuts de ses prédécesseurs du xviiiesiècle, Lortic sera également un membre important de la communauté des relieurs du xixe siècle, un membre reconnu par ses pairs, qui iront même jusqu’à rédiger une pétition pour que leur confrère, retiré des affaires en 1884, soit membre du jury de l’Exposition universelle de 1889. 

Pierre-Marcellin Lortic aura d’ailleurs été lui même récompensé à de nombreuses reprises, aux Expositions universelles de Londres (1851, il n’a alors que 29 ans), Paris (1855 et 1878), Vienne (1873) et Philadelphie (1876), avant d’être le premier relieur français fait chevalier de la Légion d’honneur en 1878. Ces multiples décorations figurent d’ailleurs sur son étiquette de relieur que l’on peut parfois retrouver en haut du premier feuillet de garde, en plus de son fer, situé au centre du premier contre-plat. 



Fer de Lortic
Pierre-Marcellin Lortic met fin à ses activités professionnelles en 1884. Il eut quatre fils, dont deux, Marcellin et Paul, lui succédèrent. On identifie leurs reliures par les signature « Lortic Frères », et « Lortic Fils », qui est celle de Marcellin. L’association des deux frères se termine en 1891, et c’est Marcellin seul qui reprend alors l’activité paternelle, dans l’atelier familial de la rue de la Monnaie, puis au 50 rue Saint-André-des-Arts, et enfin au 7 rue Guénégaud. 

Baudelaire appréciait la finesse du travail de Lortic dont il fut très proche, au point qu’il lui confia huit exemplaires de l’édition originale des Fleurs du mal, dont trois des vingt exemplaires sur Hollande : son propre exemplaire, celui qu’il destinait à sa mère et qui sera finalement offert à Achille Fould et celui d’Aglaé Sabatier, qui inspira plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Ces trois exemplaires furent reliés en plein maroquin, ainsi que l’un des exemplaires sur papier ordinaire, destiné à l’avocat du poète, Gustave Chaix d’Est-Ange, alors que les quatre autres exemplaires, tous sur papier ordinaire, furent reliés par Lortic en demi-maroquin janséniste.

Dans son article Les Exemplaires sur hollande de l’originale des Fleurs du mal ( In Bulletin du Bibliophile. Paris, Promodis, 1975, III), Maurice Chalvet décrit ces quatre exemplaires comme caractérisés « par la minceur des cartons, l’étroitesse des chasses, le bombé accentué du dos, la finesse de cinq nerfs, très saillants, sertis de caisssons à froid, et la dorure du titre effleurant à peine le maroquin, très poli. L’ouvrage trouve un surcroît d’élégance dans le fait qu’il a été battu presque à l’excès. Toutes choses propres aux demi-reliures que Lortic semble avoir abandonnées, une fois le grand succès venu ». Baudelaire confiait également d’autres ouvrages à Pierre-Marcellin Lortic dont son exemplaire de Madame Bovary sur vélin.
Dos d'ouvrages reliés par Lortic
Considéré comme l’un des plus importants relieurs du xixe siècle, Pierre-Marcellin Lortic a cristallisé les passions de ses contemporains et son imagination est salutairement venue remettre en cause la mode des reliures rétrospectives, pour ouvrir la voie à des successeurs célèbres comme Marius Michel. C’est justement parce que l’homme était « espécial » – combien de relieurs laissèrent une bibliothèque de cette qualité ? – et que son approche contrariait les habitudes bien ancrées de certains bibliophiles, que les opinions à son sujet manquèrent souvent de mesure, même si aujourd’hui tous s’accordent à faire de lui l’un des relieurs majeurs du xixe. En voici trois en guise de conclusion :

Ernest Quentin-Bauchart : « Je ne partage donc à aucun degré l’intolérance de certains de mes amis, fervents adorateurs de Trautz, qui achetaient des Lortic pour se donner le plaisir de les casser et de les jeter par la fenêtre, ou qui s’écriaient "que s’ils étaient jamais damnés, leur enfer serait de remuer une de ses reliures" ! » 

Edmond de Goncourt : « Mais, pour moi, quand il est dans ses bons jours, Lortic, sans conteste, est le premier des relieurs. C’est le roi de la reliure janséniste, de cette reliure toute nue, où nulle dorure ne distrait l’œil d’une imperfection, d’une bavochure, d’un filet maladroitement poussé, d’une arête mousse, d’un nerf balourd, – de cette reliure où se reconnaît l’habileté d’un relieur ainsi que l’habileté d’un potier dans une porcelaine blanche non décorée. Nul relieur n’a, comme lui, l’art d’écraser une peau et de faire de sa surface polie, la glace fauve qu’il obtient dans le brun d’un maroquin La Vallière ; nul, comme lui, n’a le secret de ces petits nerfs aigus qu’il détache sur le dos minuscule des  mignonnes et suprêmement élégantes plaquettes que lui seul a faites. » Le même se permettra cette boutade, inscrite sur la garde d’un demi-maroquin de Pierre-Marcellin Lortic : « dans une de ces demi-reliures à petits nerfs, comme aucun relieur, soit ancien soit moderne, n’est arrivé à en faire – des petits-nerfs auprès desquels les nerfs de Bauzonnet sont des nerfs de choumaque et de rapetasseur de chaussures. »

Relieur, libraire, bibliophile, gascon, Pierre-Marcellin Lortic, dit « Le Frondeur », s’est éteint à Paris le 16 avril 1892.

H

Source: La Nouvelle Revue des Livres Anciens III

Bibliographie:
Catalogue de la bibliothèque de feu M. Lortic. Paris, Ém. Paul, L. Huard et Guillemin, 1894.
Chalvet (Maurice). Les Exemplaires sur hollande de l’originale des Fleurs du mal. In Bulletin du Bibliophile. Paris, Promodis, 1975, III.
Devauchelle (Roger). La Reliure. Recherches historiques, techniques et biographiques sur la reliure française. Paris, Éditions Filigranes, 1995.
Quentin-Bauchart (Ernest). Mélanges bibliographiques (1895-1903). Paris, Henri Leclerc, 1904.

Petit conte de Noël: la bibliodépression ou la quasi fin du monde pour le Bibliophile

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Chers lecteurs du blog du Bibliophile,

L'histoire que je vais vous conter est en un sens banale, mais non moins importante. Il y a quelques mois j'ai décelé chez le créateur du blog du Bibliophile, Hugues pour le nommer, les symptômes inquiétants d'un mal qui peut ici tous nous ronger un jour : La terrible, l'affreuse, la redoutée bibliodépression. Je sais que le sujet est tabou, que beaucoup préfèrent ignorer la maladie et la cacher sous une douce garde moirée comme on enfouit un secret honteux sous le tapis moelleux du salon et croyez bien que j'ai peine à l'aborder; mais il m'a semblé judicieux d'enfin crever cet abcès qui a mis au tapis des bibliothèques entières et ruiné des réputations jusqu'alors sans tâche.

Le statut d'amateur dont je m'honore ne m'empêchant pas de dévoiler des secrets que les professionnels s'interdisent de divulguer, je vais parler. Pour les jeunes générations bien sûr, mais aussi pour les plus âgés, car, quand le mal frappe tardivement, il se révèle souvent des plus insidieux et il est parfois trop tard pour y remédier.

L'auteur au chevet du rédacteur du Blog du Bibliophile
Hugues me pardonnera, je le souhaite, de dévoiler son intimité dans ce qui va suivre. Il est, je le sais, mal avisé de tirer des conclusions générales d'un cas particulier, aussi ne voyez en Hugues qu'une froide et clinique illustration du grand mal. La seule limite que je ne franchirai pas sera celle de la bibliothèque à coucher, car le sujet n'est pas ici de dévoiler les maroquineries orgiaques dans lesquelles notre bon ami se livre à corps perdu et dont on ne saurait finalement lui tenir rigueur. C'est là une bien maigre perversion. 

J'ai commencé à m'inquiéter à son sujet il y a plusieurs mois de cela. Rien de bien grave, juste quelques signaux étranges au détour de quelques conversations. Aussi l'ai-je entendu prononcer quelques bizarreries telles que "Capé finalement, c'est pas si mal...", "Elle claque cette reliure en veau non ?", ou encore un "Ah non je ne suis pas au courant de cette vente". Bien bon me disais-je, rater une vente prestigieuse, cela arrive, Capé, passe encore, et même si le veau m'avait davantage inquiété, je ne voyais là qu'une de ces normales interrogations pouvant saisir n'importe quel bibliophile au sujet de l'orientation de sa bibliothèque, bref, une tocade, une simple fièvre passagère dont on se remet vite.

Hélas, je crois que déjà à ce moment, la bête immonde et impie s'était emparée de lui, et ce que je prenais pour de pardonnables faux-pas (bien que je fusse parfois choqué, pensez, du veau !) étaient en fait les prémices de ce mal sournois, la bibliodépression. Elle répandait déjà ses miasmes dans l'intellect de mon délicat ami et je ne fus pas long à établir un indiscutable diagnostic. Ah ! Je me souviens de ce samedi comme d'hier, nous écoutions un enregistrement pirate d'un concert de Nirvana, que j'avais fait, jadis, lors d'un périple intellectuel aux USA, la divine patrie des reliures abimées et chères. Accompagnés par cette douce mélopée, tout absorbés moi par une bière fraîche, lui par une austère tisane - mais ensemble par un beau catalogue - j'entendis sortir de sa bouche une phrase qui me fit comme un électrochoc, jugez plutôt : "Et si je m'étais trompé ? Si les reliures d'époque étaient en fait le seul choix qui s'impose ? Lortic et Marius Michel ne sont que des erreurs temporelles sur des ouvrages du XVIIIe !"    

Cette réflexion parfaitement incongrue de sa part, lui qui avait construit sa bibliothèque précisément sur cette -contestable même si je n'ai jamais rien dit - faille spatio-temporelle, fut le point de départ de semaines et de mois hallucinés. Tout y passa, un engouement subit pour les incunables "Les plus beaux livres du monde, mais rends toi compte un peu ce livre a plus de 500 ans !", suivi d'un brusque rejet des reliures signées jugées trop snob, puis une passion dévorante pour la basane accompagnée de cris lugubres qui résonnent encore en moi :"La basane ! La reliure du peuple !". Des théories loufoques : Un rejet du marché traditionnel du livre -il ne faisait plus que les petits vides greniers de campagne, persuadé d'y trouver la perle de sa collection-, et puis soudain une brusque ruade, prêt à dépenser la fortune de son foyer dans une vente pour un Pompadour ! (Dont je le dissuadais finalement sur le fil du rasoir). 

L'abattement aussi, souvent, rejetant pratiquement tous les exemplaires qui jadis pouvaient le faire rêver, ne faisant plus aucune acquisition, levant à peine le sourcil sur un mirifique La Fontaine relié en maroquin par Lortic et jamais passé sur le marché. Il envisagea un temps de passer sa bibliothèque au fil pour recommencer à zéro une collection d'Elzevier, "la noblesse de nos ancêtres bibliophiles, le retour aux sources !" disait-il. Un soir qu'il était au plus mal, terrassé par cette obscure gangrène, je l'entendis déblatérer à moitié conscient sur la possibilité théorique d'une collection en peau de Martiens d'ici l'horizon 2060...


Egaré, pour ne dire perdu, laissant stagner sa bibliothèque dans un demi coma, vendant parfois sur un coup de tête, n'achetant plus rien... Tel était-il devenu. Horrifié, oui, je l'étais, peiné surtout. La passion des livres le quittait petit à petit. Ne sachant plus pourquoi il possédait des livres, il était devenu incapable d'en avoir de nouveaux, et encore moins de choisir lesquels. La frontière entre le tout et le rien est frêle, une peau fragile prompte à se rompre. Il est facile de se perdre dans les livres, sous les livres, de ne plus voir en eux qu'un vain parcours vers ce qu'on sait ne jamais pouvoir atteindre, sentiment douloureux, qui fait de nos livres jadis aimés des ennemis qui nous tourmentent. Leur attribuer une signification plus grande que leur simple existence physique et matérielle ne leur donne pas... en faire autre chose que des objets, les transcender, tout cela est aussi noble et passionnant que risqué.

Il était en proie à ces affres qu'aucun d'entre nous ne peut avoir la certitude de ne pas éprouver un jour, et c'est tant mieux, la perspective inverse serait moins dangereuse mais bien fade. Cependant, il faut savoir s'en prévenir je crois, sous peine d'irrémédiable catastrophe.

Si il n'avait plus le goût des livres, il fallait lui redonner le goût d'un livre. Une bibliothèque, du moins est-ce mon idée, ne peut être que l'addition d'un exemplaire, d'un autre exemplaire et encore d'un autre. Ce ne sont pas des livres, jamais, ce sont un livre à chaque fois. Et une bibliothèque composée d'un seul exemplaire ne me paraîtrait pas farfelue, pourquoi pas ? Juste un.

L'appétit venant en mangeant, je décidai alors de procurer à mon bon ami un objet illustrant au propre comme au figuré cet adage plein de bon sens. 


Tout doucement, il recouvrit son appétit. J'avais pris soin d'ouvrir sur le lutrin quelques exemplaires qu'il affectionnait, accompagnés de quelques tartines sur lesquelles il n'est jamais présomptueux d'étaler sa confiture. Il pouvait ainsi s'adonner à son vice pour les boissons non alcoolisés tout en caressant d'élégantes peaux, passant délicatement ses doigts sur le creux des fers en fermant les yeux - cette joie de pouvoir identifier un fer à l'aveugle, tel un joueur d'échec maîtrisant à la perfection son échiquier mental - n'ayant sous les yeux qu'un livre, un seul à la fois. Libre était-il d'en tourner les pages.

Et il finit par tourner la page, la noire. Je m'en rendis compte lorsqu'il fit l'acquisition d'un joli petit maroquin comme il en existe tant, mais qui ne sont pourtant qu'un. Il le rangea dans sa bibliothèque avec une certaine nonchalance et il est vrai peu d'entrain. Le lendemain il le reprit en main, le soupesant, le faisait tourner entre ses doigts. Ce petit manège dura une semaine; il le feuilletait au passage, repérant quelques petits défauts et des qualités, la première étant probablement qu'il avait la conviction que ce serait un livre qu'il n'oublierait pas.

Je cessais alors de m'inquiéter.

Nicolas.

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Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay...













































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Portrait de bibliophile: le duc d’Aumale, Prince des bibliophiles

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Amis Bibliophiles bonjour,



Tant pis, j’ose. J’ose commettre ce billet sur le bibliophile français le plus célèbre.

Le duc d’Aumale, Henri d’Orléans, fut aussi un soldat courageux, un prince, un écrivain, un académicien français, un père malheureux, un fabuleux collectionneur et un Français inconditionnel. La bibliothèque qu’il a réunit dans son château de Chantilly rassemble 10 000 volumes précieux, 1500 manuscrits, 700 incunables, entre autres. Pour autant une telle réunion fait-elle le bibliophile?


Aumale semble n’être devenu bibliophile que lors de son premier exil en Grande-Bretagne en 1848. Il se trouve auparavant quelques livres à ses armes, probablement livres de présents, ils arborent des fers qui ne sont pas répertoriés parmi ceux qu’il utilisera ensuite pour sa bibliothèque.

En 1848 il fait parvenir en Angleterre les manuscrits les plus précieux hérités des Condé qu’il étudie avidement. À cette époque il commence à visiter les libraires Londoniens, achète d’occasion le manuel de Brunet puis fait quelques acquisitions en ventes publiques de livres en rapport avec ses manuscrits. Très vite il étudie les catalogues, se renseigne à la source, consulte les experts et les conservateurs du British Muséum sur ses manuscrits et intervient dans les grandes ventes parisiennes. L’étude de ses manuscrits le rapproche sans cesse de la bibliophilie, la bibliographie, la reliure, les éditions imprimées qui sont en rapport.

Pour enrichir sa collection il fait appel à des commissionnaires ou des prête-noms et le plus souvent  à son secrétaire Cuvellier-Fleury qu’il mandate très exactement. Ses moyens financiers sont immenses, surtout rendus disponibles par un décret de 1852 qui l’oblige à vendre ses biens en France et le conduise à réinvestir et replacer ses fonds.

L’achat intégral de deux grandes collections prestigieuses, celle de Franck Hall Standish en 1850 puis celle de Armand Cigongne oriente d’emblée sa recherche vers l’excellence. Pour la première, il s’est porté acquéreur aux enchères des 3500 volumes de la collection Standish riche de nombreux d’incunables issus de la collection du milanais Gaetan Melzi. Pour la seconde en revanche, il achète la collection Cigongne (3000 volumes), riche d’éditions gothiques rares, avant la vente en salle, en 1859.

Aumale emporte des livres dans toutes les grandes ventes, celles de la bibliothèque de Louis-Philippe à Neuilly 1852, celles de Sébastiani 1852,  Montmerqué 1851, Coste 1854, Renouard 1854, Bertin, Solar 1860, Double 1863, Yéméniz 1867, Brunet 1868, Pichon 1869, Sunderland 1882, Lignerolles 1894, Ambroise Firmin-Didot 1879 etc. Il achète aussi chez les libraires Potier, Techener, Durel. Il vérifie soigneusement les notices puis ses achats et n’hésite pas à refuser un livre aux défauts volontairement omis, voir à s’emporter quand il s’estime trompé. Sa longévité lui permet parfois de récupérer à une vente ultérieure des livres qui lui avaient échappé une première fois.

Cachet de bibliothèque
Fers à dorer HO
Aumale ne recherche que les livres rares et parfaits, voire uniques. Son goût le porte sur la bibliophilie rétrospective.  Les origines du livre, l’histoire de la France et de sa famille, les grands textes littéraires. Il est impitoyable pour les exemplaires en médiocre condition. Il recherche les exemplaires “hors ligne”comme il dit. Aussi affectionne t-il les exemplaires imprimés sur vélin, les manuscrits enluminés, les reliures anciennes exceptionnelles (reliures à la Duodo, à la cire, estampées à froid, aux médaillons, à la fanfare etc...). Il sait s’abstenir quand un livre qu’il recherche vient à passer en vente mais présente quelques défauts. Déjà en 1850 il parle “d’acheter (un livre) malgré sa reliure de mauvais goût si le papier est bon. Sans cela je préférerais attendre.” Il donne personnellement ses instructions d’achat lors des grandes ventes. Parfois il revend des exemplaires en double.

Il y a des livres qu’il n’aime pas, ainsi n’a t-il aucun Champfleury et bien que membre de nombreuses sociétés ne pratique-t-il pas de manière très active la bibliophilie contemporaine.

Sur les travaux de reliure, il choisit ses relieurs en fonction de leurs qualités et de ce qu’il attend d’eux. Les livres aux reliures usagées ou vulgaires et les livres récents se voient dotés de reliures le plus souvent en maroquin où le traitement du décor est en rapport avec la rareté et le prix de l’exemplaire. Pour les éditions modernes à petit tirage il fait souvent relier deux exemplaires dont un pourra être offert ce qui explique la présence de ces livres sur le marché. Ses propres ouvrages qu’il destine à offrir, reçoivent des reliures à ses armes de plus en plus luxueuses en fonction de la proximité des bénéficiaires. Le maroquin doublé au semé est réservé aux intimes.

Reliure de Capé, doublée
Capé “un véritable artiste”et Bauzonnet sont ses relieurs de prédilection. Il offre aussi du travail à Duru (pour les jansénistes), Petit (pour les veaux fauves et les demi reliures), mais aussi à Lortic, Trautz (les jansénistes)et la veuve Niédrée. Pour autant, il trouve Capé dont il est “une assez bonne pratique” cher et se plaint de ne pas être traité “raisonnablement”. Il lui fait la plus grande confiance pour les reliures à décor qu’il appelle “de fantaisie” c’est à dire dans un style historiciste. Il regrettera sa mort.

Même en exil il fait travailler les relieurs français auxquels il donne exactement ses recommandations. Ce qui lui permet de pester quand les tranches d’un livre sont rognées ou dorées contre son avis. Il tient à jour son catalogue scrupuleusement et note les particularités de ses exemplaires qu’il collationne, étudie, compare, vérifie.

Reliure aux armes, 1845
Dans chacune de ses résidences en Angleterre ou à Chantilly, il se préoccupe sans cesse de l’accueil de ses livres. Il souffre des affres du bibliophile pour le rangement, l’harmonie de la présentation et la crainte des chutes pendant les déménagements. À Chantilly le cabinet des livres qui abrite la collection précieuse fait appel à des techniques modernes. Les étagères sont métalliques recouvertes de cuir, des cartes entoilées peuvent se descendre devant les vitrines pour être étudiées bien sûr et occulter le soleil sans interdire l’accès, la mezzanine est accessible par un escalier rejeté à l’extérieur pour ne pas nuire à l’esthétisme et à l’encombrement, la porte d’accès se referme sur un décor de faux livres portant des titres imaginaires ou des ouvrages disparus...  La bibliothèque du théâtre (ouvrages de recherche et du XIXe, 27 000 volumes) est conçue comme un magasin moderne, des cabinets distincts sont consacrés aux archives et aux plans.

"Bibliothèque du Théâtre (c. André Pelle)"
Aumale ouvre sa bibliothèque aux confrères bibliophiles dont il affectionne la compagnie, se livre à des échanges. Il adhère aux sociétés de bibliophiles, la Philobiblion Society en 1853, les Bibliophiles François en 1872, les Amis du livre en 1881, le Roxburghe Club en 1884.

Parmi ses extraordinaires acquisitions notons trois manuscrits. En 1855 il a acheté les Très riches Heures du duc de Berry qu’il est allé voir de près à Gênes, puis le psautier d’Ingeburge en 1892 et le Bréviaire de Jeanne d’Evreux en 1894.

Et quelques livres imprimés :
- La très élégante.. Hystoire du roy Perceforest, Galliot du Pré, 1528 en 6 volumes, imprimé sur vélin, enluminé et en maroquin aux armes comte d’Hoym; 
- De bello judaico, incunable de Pierre Maufer à Vérone en 1480 imprimé sur vélin, aux armes de Malborough; 
- l’édition originale des Précieuses ridicules en basane au chiffre de Julie d'Angennes; 
- l’exemplaire annoté de Racine “et aliae tragaediae” d’Eschyle, 1552; 
- l’exemplaire de Rabelais de “Comicorum principis, comoediae undecim” Aristophane, 1549. 
...Ou cinq reliures “aux écussons” Nodier-Thouvenin.

Enfin son lègue à l’Institut est exemplaire, il garde jalousement chez lui ses chers livres et ne disperse pas sa collection, mais il ouvre sa bibliothèque au public et fait aménager une salle de lecture pour les chercheurs.

Lauverjat

Ebayana, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis Bibliophiles bonjour,

Une fracture du poignet droit explique ces quelques jours d'absence. Il m'est en effet beaucoup plus difficile de poster des messages avec un bras dans le plâtre.

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay, plutôt attrayante je trouve...





















































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Portrait d'une grande famille de relieurs: les Derome aux xviie et xviiie siècles

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Amis Bibliophiles bonjour, 

« Les livres décrits dans ce catalogue sont en partie reliés par le célèbre Derome, le phénix des relieurs ». C’est ainsi que le rédacteur anonyme du Catalogue des livres rares et précieux de M. Goutard (Paris, De Bure l’aîné , 1786, in-8°), avec un précis sur sa vie et sur sa bibliothèque par Louis Popon de Maucune,qualifie le travail de l’un des plus fameux relieurs du xviiiesiècle, Nicolas-Denis Derome.

Si Nicolas-Denis Derome fût sans conteste le plus célèbre de cette longue dynastie de relieurs, il n’est pas le seul Derome à mériter l’intérêt des bibliophiles, et il nous a semblé opportun de proposer une synthèse des informations disponibles sur cette illustre famille.

Cette dynastie de relieurs parisiens fût fondée par Pierre Derome au début du xviiesiècle. Pierre Derome, marié à Marie Pétillon en 1630, aurait eu deux fils, Claude et André, tous deux marchands libraires et relieurs au quartier Saint-Hilaire, la paroisse de tous les relieurs. André se maria à Marie Élie avant 1665, dont il eût un fils, Jacques, et une fille, Marie, qui épousa le 3 octobre 1689, à Saint-Hilaire, « Valentin Plumet, libraire-relieur, âgé de 24 ans, fils de Nicolas Plumet, parcheminier ». Le jour de son mariage, Marie avait 23 ans et était orpheline de père et de mère. C’est à partir de ces deux frères, Claude et André, que la dynastie se scinda en deux branches distinctes, qui se perpétuèrent sous un nom ou un autre, jusqu’au xixe siècle.

La branche Claude Derome 

Claude Derome se maria deux fois. La première fois avec Jeanne Audot, le 25 juin 1651. Il demeurait alors sur le territoire de Saint-Sulpice et, selon l’acte lu par Auguste Jal, il signait «claude de rome», sans majuscule. Après le décès de Jeanne Audot, Claude Derome épousa, avant 1662, Barbe Gaubot ou Gobiau, dont il eût au moins trois enfants : Marie, Colombe et Louis. Marie épousa « Claude Gérard, marchand libraire-relieur ». Colombe mourut le 20 septembre 1683 : elle était alors l’épouse du libraire « Henry Delatte ». Barbe Gaubot survécût à Claude Derome, se remaria à Vincent Robert, libraire, et décéda le 13 avril 1691 : elle avait alors 53 ans.

Louis Derome :
L’unique fils de Claude, Louis Derome, est né en 1662. Le 25 janvier 1687, à l’âge de 24 ans et demi, Louis épousa « Anne Sénécar, âgée de 19 ans, fille d’Éloy Sénécart, marchand libraire » à Saint-Hilaire.  

De ce mariage naquirent treize enfants, dont deux au moins semblent être décédés en bas âge : 
1. Anne-Colombe, morte le 26 décembre 1697 ; 
2. Claude, mort le 6 septembre 1692, à l’âge de 3 ans et demi, et donc né vers 1689. 
Les autres furent : 
3. Éloy, né le 9 avril 1690; 
4. Marie-Louise, née le 8 mai 1691 ; 
5. Marie-Claude, née le 14 septembre 1692 ; 
6. Marie, née le 28 février 1694 ; 
7. Louis (II), né le 18 septembre 1696 ; 
8. Léon, mort le 15 novembre 1701 ; 
9. Étienne, né le 6 octobre 1698 ; 1
0. une autre Marie-Louise,selon Jal, née le 18 janvier 1700 ; 
11. Marie-Anne, née le 12 juillet 1701 ; 
12. Nicolas-François, né le 30 mai 1706, et 
13. Jean-Louis, né le 9 janvier 1709, alors que Louis Derome est âgé de 47 ans et est qualifié de « marchand libraire-relieur » sur le baptistaire de son fils. Il demeurait rue «Chartière» et signait alors indifféremment « Louis de Romme » et « Louis de Rome ».

Louis (II) Derome:
Louis (II) Derome, né de Louis et Anne le 18 septembre 1696, épousa « Claude-Élisabeth Doré » à Saint-Hilaire le 15 juillet 1720. Il eût au moins quatre fils : Jean-Baptiste-Joseph, Louis-Éloy, Louis-Nicolas et Jacques (II).

Jean-Baptiste-Joseph devint maître relieur papetier et épousa Anne-Denise Boutault en 1749. On peut donc raisonnablement dater sa naissance entre 1720, année de mariage de ses parents, et 1724, s’il suit les habitudes familiales et se marie entre 20 et 25 ans. Il était établi rue des Amandiers. Selon Jal, il eut au moins sept enfants dont les destins furent liés de près ou de loin à la communauté des relieurs parisiens.
Les autres fils de Louis (II) étaient :
- Louis-Éloy, maître relieur, qui épousa Marie-Françoise Cornu-Limage le 23 octobre 1781. Ses témoins furent ses deux frères, Jean-Baptiste-Joseph et Jacques (II), tous maîtres relieurs. Louis-Éloy signait « L.E. Derome ».
Jean-Baptiste-Joseph et Jacques (II), cités ci-dessus.
- Louis-Nicolas, qui épousa le 6 septembre 1745 Marie-Anne Boileau, fille mineure de Jean-François Boileau, fondeur en caractères d’imprimerie, rue Chartière. Il signait « Louis-Nicolas De Rome ».

Des quatre frères, Jean-Baptise-Joseph semble avoir été le plus estimé et le plus apprécié de ses pairs. Ses cinq fils deviendront plus tard maîtres relieurs. On sait peu de choses de Jacques (II).

De la branche issue de Claude Derome, essentiellement établie rue des Amandiers, sur la montagne Sainte-Geneviève, neuf membres sont reçus entre 1743 et 1777, dont trois, les trois fils de Louis (II) Derome, exercèrent les fonctions de garde ou de syndic de leur communauté.

La branche André Derome

Il semble que la seconde branche des Derome, et particulièrement Jacques-Antoine, soit issue de André Derome, fils de Pierre Derome.

Jacques (I) Derome, fils d’André né vers 1666, se maria quatre fois. 

Sa première épouse fût Marie Blajard, dont il eut deux enfants, une fille, Marie, puis Jacques-Antoine. Alors que Jal précise que Marie décéda le 20 juillet 1698, Jules Guiffrey donne cette date comme celle de la naissance de Jacques-Antoine. À moins d’un extraordinaire concours de circonstances, décès d’un enfant et naissance d’un autre le même jour, on peut estimer que Jal se trompe et il semble pertinent de conserver le 20 juillet 1698 comme la date de naissance de Jacques-Antoine. 

Après Marie Blajard, Jacques (I) épousa Marie Nion, puis, le 5 octobre 1720, Catherine de Boissy. Au décès de Catherine, Jacques (I) se maria une quatrième et dernière fois, avec Marie Dupont, le 13 février 1724. 


De cette ultime union naquit un autre Jacques, qui mourût âgé de deux jours, le 26 avril 1725. Jacques (I) signait soit « de rome », soit « j. de rome ». Âgé de 79 ans, il décéda le 28 janvier 1745 et fût inhumé au cimetière Saint-Benoît ; les témoins de son inhumation furent ses petits-fils, Charles et Nicolas.

Le seul héritier de Jacques (I) Derome est donc Jacques-Antoine
Né le 20 juillet 1698, Jacques-Antoine épousa Anne Vauvilliers, le 23 juillet 1718.  
Ils eurent onze enfants : 
1. Marie-Anne, le 19 août 1719 ; 
2. Jacques-Marin, le 7 septembre 1720 ; 
3. Charles, le 9 septembre 1721 ; 
4. Marie-Jeanne, le 9 septembre 1722 ; 
5. Étienne, le 20 octobre 1723 ; 
6. Nicolas, le 30 novembre 1724 ; 
7. Marie-Thérèse, le 30 décembre 1725, qui mourût probablement très jeune ; 
8. une autre Marie-Thérèse, le 22 mars 1728 ; 
9. Jacques, le 2 avril 1729 ; 
10. Anne-Louise, le 31 juillet 1730 ; 
11. Nicolas-Denis le 1eroctobre 1731.

Cinq seulement parmi ces enfants survécurent à leur père Jacques-Antoine :
- Marie-Anne, l’aînée, qui dirigeait la maison familiale où elle vivait avec son père et ses frères.
Charles, maître relieur doreur, comme son père.
- Nicolas, maître relieur, qui épousa, le 24 décembre 1758, la fille d’un autre maître relieur, au nom célèbre,  Marie-Henriette Bradel.
Nicolas-Denis, maître relieur, qui se fît appeler « Derome le Jeune », le « phénix », évoqué dans le catalogue Goutard.
- Marie-Thérèse, qui épousa Jean-Henri Fournier, maître libraire à Versailles.

1718 est une année importante pour Jacques-Antoine: il se marie le 23 juillet, juste après avoir accédé à la maîtrise le 25 juin. 

Jacques-Antoine Derome, établi rue Saint-Jacques, joua un rôle important dans sa communauté : il en est élu garde, du 2 septembre 1737 au 10 juin 1739. Très bon technicien, Jacques-Antoine excelle dans les décors à dentelle et les mosaïques, comme son contemporain Antoine-Michel Padeloup. S’il est identifié comme maître relieur doreur, le procès verbal d’apposition de scellés après son décès montre qu’il ne possède à ce moment de sa vie aucun matériel de doreur, à moins que le matériel n’ait été préalablement «mutualisé» dans l’atelier familial, ce qui expliquerait cette curieuse absence. 

Jacques-Antoine signe « Jacques antoine De Rome » ou « Derome ». Il décède le samedi 22 novembre 1760 vers 15 heures et est enterré le 24. Le samedi 22 novembre, à six heures du soir, Jean Sirebeau, commissaire au Châtelet est déjà sur place, rue Saint-Jacques, pour apposer les scellés. Il y retrouve Marie-Anne, qui gère la maison familiale et est désignée comme « principale locataire ». Il est accompagné, pour la prisée, du relieur doreur François-Laurent Le Monnier et du notaire Claude Bernard.  Ils se rendent dans la chambre de Jacques-Antoine, où ils apposent les scellés, à la demande de Marie-Anne. L’inventaire permet de se faire une idée précise des possessions du défunt :
« Un tableau dessus de porte peint sur [toille], représentant des paysages, dans sa bordure de bois sculpté doré ; une pendulle [sic] faite à Paris, dans sa boîte et sur son pied de bois de marqueterie avec ornements de cuivre en couleur.
Une cheminée composée d’une glace dans son parquet de bois peint en vert avec ornements de bois sculpté doré, surmontée d’un tableau peint sur [toille] représentant paysage.
[…] Cinq presses dont quatre à rogner et à endosser.
Une douzaine de petites presses à rogner sur tranche.
Quatre porte presse avec leur table.
Cent paires d’aist à fouetter in-12 et in-8.
Cent paires d’aist à endosser, compris les membrures et entredeux.
Vingt paires d’aist in-4 à fouetter.
Vingt paires d’aist à endosser, compris les membrures et entredeux.
Quinze paires d’aist in-folio à fouetter.
Cents paires d’aist à endosser, compris les membrures et entredeux.
Deux fers à polir, grattoirs, frotoirs [sic], racloirs, compas, règles, poinçons, chevilles, petits marteaux, sizeaux [sic], le tout de fer.
Cent paires d’aist à presser, de poirier, tant in-12 qu’in-8.
Un couzoir [sic] et sa barre garnie de ses chevillettes. »

Le vendredi 28 novembre 1760, quelques jours après l’inhumation, la levée des scellés est effectuée en présence des quatre enfants, Charles, maître relieur doreur, Nicolas, maître relieur doreur, Nicolas-Denis, le « phénix », qui a 29 ans et qui n’a pas encore été reçu maître, Marie-Anne, qui habitent tous la maison familiale, et Jean-Henri Fournier, le mari de Marie-Thérèse. 

Les cinq héritiers reçoivent chacun un cinquième de l’héritage, ainsi que quelques pièces d’argenterie. On le voit, si Jacques-Antoine ne vit pas dans le luxe, il a vécu à la fin de sa vie dans une certaine aisance.

Jacques-Antoine est l’un des grands relieurs du xviiiesiècle, même si son talent a été éclipsé par celui de son fils Nicolas-Denis, au point qu’on attribuera à tort à ce dernier quelques reliures de son père, en raison de leur exécution remarquable.


Nicolas-Denis Derome, dit « Derome le Jeune », ou le « phénix », est né le 1er octobre 1731. C’est le sixième fils de Jacques-Antoine. Il a pu profiter de l’enseignement de son père jusqu’à ses 29 ans, mais aussi de celui de ses deux frères aînés, Nicolas et Charles, tous deux maîtres relieurs doreurs comme leur père, et qui habitaient la même maison de la rue Saint-Jacques. 

Même s’il n’a pas encore été reçu maître, il ne le sera que le 31 mars 1761, il prend la succession de son père à son décès, dès 1760, mais, surtout, il signe dès cette même année ses reliures d’une étiquette qui porte : « Relié par DEROME, dit le jeune, établi en 1760, rue St jacques près le collège du plessis n°65 ».


Pour éviter la confusion avec son frère aîné, qui se prénomme également Nicolas, Nicolas-Denis se fait appeler « Derome le Jeune », comme l’avait déjà fait un autre grand relieur du siècle, son confrère Antoine-Michel Padeloup. 

Rapidement, sa renommée est immense et il est réputé tant pour ses talents de relieur que pour le raffinement de ses dorures. Il disait ainsi du corps d’ouvrage de ses volumes que c’est « la couture et l’endossure qui font le tact de la reliure ». Côté dorure, il perpétua la tradition familiale en livrant des mosaïques remarquables, avec des variantes à compartiments, mais ce sont ses dentelles aux petits fers qui firent sa gloire, notamment les célèbres « dentelles à l’oiseau ». Elles furent jugées plus fines que celles de Padeloup, dont il acheta d’ailleurs une partie des outils après son décès. 

À partir de 1780, Nicolas-Denis revînt à plus de sobriété et proposa des décors à chaînettes, d’inspiration anglaise. Néanmoins, l’irrégularité de la qualité des dorures issues de l’atelier de Nicolas-Denis Derome suggère que, face à l’afflux de commandes, le «phénix» employa plusieurs doreurs, voire sous-traita une partie de l’activité. Ainsi trouve-t-on, dans son inventaire après décès, près de 1035 fers et 12 alphabets, et, dans celui du doreur Germain-Antoine Cros, une dette active de la part de « Derome le Jeune » ainsi qu’un compte en cours avec lui pour travaux.


Nicolas-Denis, dit « Derome le Jeune » décéda le 28 février 1790 et, si son atelier fût repris par un membre de la famille Bradel, il ne survécut pas à la disparition du talentueux «phénix».

La question du nom : Derome, De Rome, ou même Deromme...

Le nom de Derome restera dans l’histoire de la reliure française comme celui du plus talentueux relieur du xviiie siècle, mais aussi comme celui porté par plus d’une douzaine de relieurs sur au moins trois générations. 

Julien Fléty indique ainsi que  plusieurs descendants de cette illustre famille de relieurs exerçaient encore à Paris au début du xixe siècle : Jacques Derome, 18 rue des Sept-Voies, Paul Derome, 9 rue des Amandiers, où exerçait déjà, au siècle précédent, Jean-Baptiste-Joseph, et même un « Deromme jeune », établi au 15 rue des Amandiers. Marius Michel lui-même, né en 1846,  évoque un « De Rome, qu’il a connu autrefois vieux et demeurant au Mont Saint-Hilaire […] sa reliure était solide et généralement appliquée aux livres destinés aux étudiants ». 

La lignée des Derome se perpétuera, quoi qu’il en soit, longtemps par le jeu des alliances, auxquelles se sont prêtés ses membres, par exemple avec les Bradel.

Il semble que les membres de la famille issue de Pierre Derome aient signé de différentes façons. Une tendance se détache néanmoins : les deux fils de Pierre, Claude et André, signaient « de rome », comme le firent ensuite leurs fils Louis (I) et Jacques. 

Le fils de Louis (I), Louis-Nicolas, signait lui aussi encore « De Rome ». C’est Jacques-Antoine qui semble le premier signer indifféremment « derome » ou « de rome ». Ses fils, eux, signaient soit « De Rome », comme c’est le cas pour Charles, soit « Derome », pour Nicolas. C’est en tout cas dans la seconde partie du xviiie siècle, probablement sous l’impulsion de Nicolas-Denis et de son succès, que la signature « Derome » s’imposa et passa finalement, probablement à tort, à la postérité.

H

Source: La Nouvelle Revue des Livres Anciens IV - HO 

Bibliographie:
FlÉty (Julien). Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours. Paris, Technorama, 1988.
Guiffrey (Jules-Joseph). Les Grands Relieurs du xviiie siècle. In Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’île-de-France. Paris, H. Champion, 1884, 11e année, p. 98-112.
Jal (Auguste). Dictionnaire critique de biographie et d’histoire. Paris, Henri Plon, 1867, p. 1082-1084.
Le Blog du bibliophile.
Le Bris (Sabrina). Derome, famille. In FouchÉ (Pascal), PÉchoin (Daniel), Schuwer (Philippe) [dir.]. Dictionnaire encyclopédique du livre. Paris, Cercle de la librairie, 2002, p. 754.
Marius Michel. La Reliure française depuis l’invention de l’imprimerie jusqu’à la fin du xviiie  siècle. Paris, D. Morgand & C. Fatout, 1880.
Thoinan (Ernest). Les Relieurs français (1500-1800). Paris, Ém. Paul, L. Huard et Guillemin, 1893, p. 246-256.

Portrait de relieur: Charles Capé

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Amis Bibliophiles bonjour,


Pendant son agonie, le relieur Charles Capé rêvait qu'il recevait la Légion d'Honneur. Du moins à ce que prétend, en 1895, Henri Béraldi qui ne l'apprécie guère. 

Charles François Capé était né à Villeneuve Saint-Georges en 1806. Il fit son apprentissage de papetier à Paris et épousa,  en 1826, la fille d'un portier du Louvre.

D'abord relieur à la bibliothèque du Louvre, qu’il défendit pendant les journées de 1830, il s'établit 16, rue Dauphine  en 1848.

Il compte parmi ses clients, Benjamin Delessert, le libraire Auguste Fontaine, Baudelaire, Victor Luzarches, le baron Taylor, le prince Labanoff, et bien sûr le duc d'Aumale. Celui-ci le faisait travailler depuis son exil anglais et lui adressait des trains de reliure. Aumale porte une grande estime à Capé. Sous le second Empire il devient le relieur attitré de l'impératrice Eugénie.
Reliures de Capé, les deux volumes de gauche proviennent de la vente de sa bibliothèque
Béraldi et Devauchelle à sa suite, ont reproché à Capé "un corps d'ouvrage plat" "défectueux et mou", "une couvrure trop fine", "grêle et anémique", "une dorure mince", "des titres maigres"... Clairement Béraldi préfère Trautz et n'a pas de mots assez durs. Son avis s’inspire de celui de Marius Michel lui-même qui reproche à Capé “une recherche d’extrême élégance qui paraît l’avoir seule préoccupé, dans ces reliures si élégantes mais si fragiles qu’après vingt années seulement d’existence beaucoup d’entre elles sont déjà fatiguées...” Anatole France juge les reliures de Capé “élégantes et légères jusqu’à l’excès”.
Exemplaire portant la devise de la Bibliothèque de Victor Luzarches (catalogue librairie Valette).
Il me semble en effet que la finesse des reliures, des coiffes, des mosaïques et des dorures des livres signés Capé en font tout leur prix.

Aumale ne s'y trompe pas qui juge Capé, "un véritable artiste", qui excelle sur les reliures de "fantaisie".

En effet Capé, crée beaucoup de reliures à décor d'inspiration historiciste. C'est à dire qu'il réinterprète les décors des siècles passés que le mouvement stylistique de la fin du XIXe siècle l'accusera d'avoir servilement copié.  Il trouve son inspiration sur les reliures à la cire du XVIe siècle, les reliures de Grolier* ou de Thomas Mahieu, les fanfares,  les fleurons centraux de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle, les décors de Le Gascon, le décor à la Du Seuil. Pour autant le dessin est souvent simplifié, épuré. Par exemple, voyez cette reliure à entrelacs mosaïquée interprétée d'un décor à la cire.
Reliure Capé, sur Lesné 1827,catalogue Bérès
À sa décharge il faut ajouter que les bibliophiles de son temps recherchaient les éditions anciennes qu’ils souhaitaient habiller de  reliures neuves en accord avec  le temps de l'impression. Comme tous ses concurrents, Capé répondait à une demande.

Capé est aidé par un doreur d'exception, Marius Michel père. On doit à ce dernier les fabuleuses dorures aux semés de Capé. D’ailleurs Beraldi, encore lui, ne connaît de Capé que Marius Michel. Quant au fils Maius Michel, second du nom il ne participa qu'assez peu aux travaux de son père sur les reliures de Capé, son arrivée dans l'atelier paternel précède de peu la mort de Capé.

Dès 1848 Capé s'était associé ponctuellement dans son travail avec un doreur (Marius Michel) et un ornementaliste (Charles Rossigneux à cette époque) sur une édition Perrotin de Notre-Dame de Paris, de 1844, exposée en 1849 et passée inaperçue sauf pour Jules Chenu. Pour l'exposition universelle de 1867, Capé présente, une reliure en maroquin  supportant des plats en écaille platine et or conçue par Eugène Cléray sur la  bible illustrée par Gustave Doré de 1866. Médaille de bronze, Cléray contesta la compétence du jury par une affiche déposée dans sa vitrine, la Commission ne pouvant faire retirer cette affiche, elle fit couvrir la vitrine....
Reliure de Capé, catalogue Laurent Coulet n°27
Capé quand il ne faisait pas aussi commerce de livres, se livrait au jardinage à Passy. Il se blessa le genou avec une hache et mourut des suites de sa blessure le 5  avril 1867, chez lui, 14 bis rue Vineuse. Jules Janin fit son épitaphe dans le Journal des Débats. Aumale regretta son "pauvre Capé" et reçut son dernier train de reliures le 28 mai 1867. La bibliothèque de Capé  fut vendue aux enchères par le libraire Potier du 27 janvier au 5 février 1868 en 7 vacations. Le catalogue, “livres rares et précieux la plupart en belles reliures anciennes et modernes composant la bibliothèque de feu M. Capé ancien relieur”, compte 1137 lots et une préface de Jules Janin. 

Reliure maroquin rouge, décor à l'imitation des petits fers du XVIIe siècle
(vente Binoche et Giquello 8 novembre 2011)


Aumale enchérit peut-être sur quelques livres mais “songe surtout au souvenir de l’honnête et habile relieur”. Ce catalogue comporte tout à la fois des reliures anciennes, des reliures signées (Thouvenin, Simier, Niédrée, Derome..) et une majorité d’oeuvres personnelles. Outre des ouvrages modernes tirés à petit nombre comme ceux de Louis Perrin, on y trouve des livres du XVIe, une belle série de belles lettres et quelques ouvrages précieux, les Heures de Kerver et de Hardouyn toutes deux sur peau de vélin, celles de Simon Vostre, des impressions de Tory et ses successeurs, les contes de La Fontaine reliés par Derome, un commentaire sur Platon de la bibliothèque de Montaigne, des livres sur l’histoire du livre et de la bibliophilie...  La vente produisit 75 000 francs.

Reliure Capé,au semé chiffre de Charles III et croix de Lorraine, BM Nancy
L'atelier fut repris par les deux ouvriers de Capé, Germain Masson et Charles de Debonnelle dont on rencontre des reliures ainsi signées :Capé-Masson-Debonnelle S(uccesseu)rs  puis Masson-Debonnelle. Leur association dura jusqu’en 1885.

Désormais, la place était libre aux Trautzôlatres et Lorticophiles... Sic transit gloria mundi!

Lauverjat

Ebayana, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle

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Amis bibliophiles bonjour,

Voici une sélection d'ouvrages intéressants actuellement en vente sur ebay:




























































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