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Les grands livres de la Bibliophilie: les Fleurs du Mal I - l'exemplaire sur hollande de Lucienne Bréval

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Amis Bibliophiles bonjour,

Au moment où je travaillais à un article sur les éditions originales des Fleurs du Mal pour le blog, le hasard a voulu que l'un des merles blancs de cette édition mythique, l'un des rares exemplaires sur hollande, fasse son apparition dans une vente prestigieuse (Sotheby's, bibliothèque Simonson, 19 juin 2013 - lot 72).

Record en vue, c'est absolument certain. 


Baudelaire - Fleurs du Mal - ex. sur hollande - exemplaire Bréval / Meeus / Simonson
L'édition originale des Fleurs du Mal est l'un des ouvrages les plus en vue du moment - même si les exemplaires présents au Grand Palais n'ont semble-t-il pas trouvé preneur -, et dans le cas présent, c'est l'un des rarissimes exemplaires sur hollande qui est mis aux enchères, exemplaire bien connu des bibliographes, et dont l'histoire ne laissera pas indifférent les bibliophiles. 

En effet, non seulement cet ouvrage a suivi un parcours bien connu des bibliographes, mais il a aussi subi un sort assez peu commun: sa reliure de maître fût cassée par un libraire, Carteret, et remplacée par une reliure issue des mains d'un autre maître relieur.

J'aurai l'occasion d'y revenir prochainement, mais voici les fondamentaux de l'édition originale des Fleurs du Mal:
Le premier tirage, imprimé au mois de juin 1857 à Alençon, est effectué à 1 300 exemplaires et mis en vente le 25 juin.
- Ce tirage ne comporte qu'un seul grand papier, le papier de Hollande.
- Le contrat d'édition signé par Baudelaire et Poulet-Malassis le 30 décembre 1856 fait état de 20 exemplaires sur Hollande.
- On connaît aujourd'hui 22 exemplaires de cette édition originale sur papier de Hollande, c'est la liste de Maurice Chalvet (Bulletin du Bibliophile - III - 1975) qui fait référence, elle a précisé et rectifié la première bibliographie de F. Vanderem.
- Il est probable que certains des exemplaires recensés dans cette liste soient des doublons. 
- Le collationnement des Fleurs du Mal est le suivant (Chalvet, 1975): "couverture jaune clair imprimée, faux-titre, titre rouge et noir, 248 pages y compris le feuillet de dédicace à Théophile Gautier, et deux feuillets non chiffrés pour la table des matières. Aucun feuillet blanc, ni en tête, ni à la fin du volume".
- "Les exemplaires sur hollande possèdent une couverture identique à celle des papiers ordinaires, sauf pour le prix, qui est de 6 francs, indiqué au dos" (Chalvet, 1975). Il est à noter que certains exemplaires sur papier ordinaire ont été brochés avec la couverture des hollande, et portent donc un prix de 6 francs au dos). Cette distinction a induit Vanderem en erreur, en lui faisant penser que certains exemplaires sur papier ordinaire étaient sur hollande (ainsi les exemplaires Champfleury et Walewski - Watteville).
Baudelaire aimait que les exemplaires qu'il offrait soient corrigés de toutes les petites fautes d'orthographe ou typographiques. Il corrigeait ordinairement lui-même les exemplaires. 

L'exemplaire mis en vente chez Sotheby's est bien l'un des 22 exemplaires connus sur identifiés comme étant sur hollande. 

Son destin fût particulier:

En effet, il fait partie des exemplaires sans dédicace et c'est Poulet-Malassis qui a corrigé de sa main les fautes d'orthographe ou typographiques. Cet exemplaire en comporte six, effectuées à l'encre, dans les marges (alors que Baudelaire avait lui pour habitude de corriger au crayon).

Tout conduit à penser que cet exemplaire ne fait pas partie des exemplaires que le poète offrît à ses proches ou à ses protecteurs. Et, d'ailleurs, il n'est apparu sur le marché que tardivement. On le connaît sous la dénomination "Exemplaire de Lucienne Bréval". On considère en général qu'il fût offert à cette cantatrice (née en 1869, soit 12 ans après la parution) par un admirateur. 


Lucienne Bréval
Cet exemplaire est décrit pour la première fois en 1922 par Vanderem de la façon suivante (n°7 de sa 1ère liste, Bulletin du Bibliophile, 1er juin1922), description confirmée par le libraire Ronald Davis dans son catalogue d'octobre 1924:

Maroquin brun janséniste doublé de maroquin rouge, signé de Noulhac (1902), tête dorée, non rogné, sans couverture, 4 portraits de Baudelaire sur chine ajoutés. Signature de Lucienne Bréval sur le feuillet de garde.

Il est très important pour la suite de noter que l'ouvrage était alors relié par Noulhac sans ses couvertures brochées de l'époque. 

Et c'est ici que le destin de cet exemplaire bascule. Il fût en effet acheté par le libraire Carteret qui souhaitait le vendre au grand bibliophile belge Laurent Meeus.

La reliure de Noulhac fut alors brisée et "la garde, portant la signature de Lucienne Bréval, détruite. (...) Des couvertures (sic) y ont été ajoutées et les tranches dorées sur témoins. Cette reliure, exécutée par Mercier en 1934, est signée Cuzin [mort en 1890]”. La couverture sans dos fut donc ajoutée. Le grand papier n’en ayant pas de particulière sauf le dos à 6 fr., elle est, comme il se doit, du 3e état de la 1ère avec les 5 fautes corrigées (R. Desprechins, Le Livre et l’Estampe, 1967, n° 51-52, version revue de celle de 1966 qu’utilisa la réédition Carteret du Véxin français en 1976).

L'exemplaire en vente est donc singulier à de nombreux titres:
- la reliure de Noulhac fût brisée.
- elle fût remplacée en 1934 par une reliure de Mercier (mais signée Cuzin, pourtant décédé en 1890), ce qui est pour le moins original.
- le feuillet portant la signature de Lucienne Bréval fût enlevé et détruit.
- en revanche on ajouta 3 feuillets blancs (1 en tête et 2 en queue).
- on ajouta enfin à cet exemplaire sans couverture brochée, celle du 3ème état de la 1ère édition. Le dos de cette édition ne portant pas le bon prix de 6 francs, il fût volontairement "oublié" par le relieur!

Laurent Meeus a acheté les Fleurs du Mal le 28 décembre 1933 à Carteret pour 33.000 francs. Vanderem signale une facture de reliure de Mercier, successeur de Cuzin, demandant 1950 francs pour la reliure et 60 francs pour l’étui, et datée de mars 1934.

C'est donc bien en 1934 que l'exemplaire change de reliure, se voit amputé de son feuillet signé Bréval et adjoindre des couvertures brochées de l'époque, mais sans le dos, porteur d'une mention de prix fautive, qui aurait dévoilé la manipulation. Au passage, Laurent Meeus ajoute son ex-libris (cf Wittock, 1982, n° 945).

Après le décès de Laurent Meeus, l'ouvrage parvient dans les mains d'un autre libraire, Simonson, auquel la veuve confia la bibliothèque en octobre 1950, et qui s'attribua tous les Baudelaire. 

Le voici à nouveau sur le marché. Vous trouverez ci-dessous la fiche rédigée par l'expert de la vente. Il est curieux de noter que personne, ni Chalvet, ni l'expert, ne semble avoir compris que si le dos broché manque, c'est parce qu'il aurait trahi que la couverture n'est pas celle d'un exemplaire sur hollande de l'édition originale!

Des manipulations qui laissent songeur...

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La fiche du catalogue Sotheby's:

BAUDELAIRE, CHARLES


LES FLEURS DU MAL. PARIS, POULET-MALASSIS ET DE BROISE, 1857. IN-12. MAROQUIN BORDEAUX, PLATS DÉCORÉS D’UNE GRANDE COMPOSITION DORÉE DANS LE STYLE LE GASCON AVEC FILETS D’ENCADREMENTS DROITS ET COURBES ET UN GRAND FLEURON CENTRAL QUADRILOBÉ AUX PETITS FERS POINTILLÉS, DOS À NERFS ORNÉS DE CAISSONS À PETITS FERS COURBES POINTILLÉS, DENTELLE INTÉRIEURE À ROULETTES ET FILETS DORÉS, GARDES DE PAPIER PEIGNE, COIFFES GUILLOCHÉES, DOUBLE FILET SUR LES COUPES, TRANCHES DORÉES SUR TÉMOINS, COUVERTURE (CUZIN) (SIC).
Estimation: 80,000 - 120,000 EUR 
2 ff.n.ch. (f.-t. et t.), 248 pp., 2 ff.n.ch. de table (le f.bl. après le 1er plat et les 2 ff.bl. avant le 2e ont été ajoutés à la reliure, les Fleurs n’en ayant pas).



édition originale.


un des [20] ex. sur vergé d&c Blauw (écu couronné), dit couramment papier de hollande, numéro 16 de la liste Chalvet (1975) qui nous livre les informations suivantes.

Anciennement exemplaire de Lucienne Bréval dans une reliure janséniste doublée de Noulhac de 1902 (tête dorée, non rogné, sans couverture), tel qu’il est encore décrit dans un catalogue Ronald Davis en octobre 1924 avec la signature de Bréval sur une garde.

Acheté en 1932 par Carteret “qui le destinait à Laurent Meûs, il a subi les modifications suivantes : La reliure de Noulhac a été brisée et la garde, portant la signature de Lucienne Bréval, détruite. (...) Des couvertures (sic) y ont été ajoutées et les tranches dorées sur témoins. Cette reliure, exécutée par Mercier en 1933 [1934, voir infra], est signée Cuzin [mort en 1890]”. La couverture sans dos fut donc ajoutée. Le grand papier n’en ayant pas de particulière sauf le dos à 6 fr., elle est, comme il se doit, du 3e état de la 1ère avec les 5 fautes corrigées (R. Desprechins, Le Livre et l’Estampe, 1967, n° 51-52, version revue de celle de  1966 qu’utilisa la réédition Carteret du Véxin français en 1976).


*Reprenant son étude de 1960 du Livre & l’Estampe, Maurice Chalvet en dénombre 22 en 1975 dans le Bulletin du Bibliophile, mais il convient lui-même que des exemplaires ont pu être transformés, - auxquels il faut ajouter le Banville découvert en 1984. Poulet-Malassis signalait 20 exemplaires sur vergé ; La Fizelière-Decaux seulement 10. L’étude du vergé des Poulet-Malassis de 1857 serait instructive. Lui-même parle simplement de vergé ou parfois de vergé de fil. Notons que le filigrane D&C Blauw n’a jamais été précisé par les baudelairiens.

[pièces jointes (montées) :] 


suite des 4 (sur 5) portraits à l’eau-forte (re)tirés sur Chine dont les 2 par Manet. Ils figurèrent en 1er tirage sur vélin dans la biographie du poète par Asselineau (P., Lemerre, 1869). Déjà montés en 1902 par Noulhac. 



lettre autographe signée à [Alphonse de Calonne], 15/12/1859. Une page sur un feuillet in-12 (175 x 135 mm) sur vélin mince au timbre sec de la ville de Paris, monté sur un feuillet de garde (CPL I, 1973, p. 637). Le directeur de la Revue contemporaine refusa les 3 poèmes qu’il lui envoie : [A une Madone], Le Cygne et [Le Squelette laboureur]. C’est l'obscure petite revue La Causerie qui les accueillit ! Belles gloses de 3 autres poèmes projetés qu’il écrivit finalement en prose, sauf le premier sous les 2 formes. La Belle Dorothée [et Bien loin d’ici] : “beauté de la nature tropicale ; idéal de la beauté noire”, La Femme sauvage... : “sermon adressé à une petite-maîtresse qui a des douleurs imaginaires” et Les Tentations... : “la fortune, l'amour et la gloire, s’offrent, pendant son sommeil, à un homme qui les repousse, et qui dit en se réveillant : si j’avais été éveillé, je n’aurais pas été si sage !” (titres définitifs abrégés).

Petit point d’acidité p. 9 et passim, déchirure marginale p. 199, sinon bel exemplaire avec de beaux témoins (H. 191,5 mm).

De la cote des ouvrages anciens et des autographes: "comment ça, ta part de livre achetée chez Aristophil n'est pas cotée au PFC40, le CAC40 de l'autographe?"

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Amis Bibliophiles bonjour,

Qu'on le veuille ou non, nous vivons dans une époque où l'on compte, on compte son temps - passe encore -, mais aussi et peut-être plus que jamais on essaie de mettre une valeur en face de chaque chose.

Les livres anciens et les autographes n'échappent pas à cette règle. Ainsi les amateurs français connaissent-ils tous désormais Aristophil et son partenaire Finestim, qui se chargent pour vous de tenter de faire rimer investissement et passion. Mais connaissez-vous Paul Fraser et le PFC40, une proposition assez proche, avec néanmoins quelques nuances? 


Le PFC40 est un index qui regroupe les 40 autographes (leurs auteurs en fait) les plus vendus sur le marché et leurs valeurs. Comme le dit msn.com "si vous avez la chance de posséder un autographe signé par l'une des 40 personnalités du Paul Fraser's Collectibles PFC40, alors vous pourriez être assis sur une petite fortune".

Et oui, si le CAC40 est le principal indice boursier de la place de Paris, que l'acronyme CAC signifie Cotation Assistée en Continu (indice élaboré à partir des cours de quarante actions cotées en continu sur le premier marché parmi les cent sociétés dont les échanges sont les plus abondants sur Euronext Paris), l'acronyme PFC40, lui, signifie tout simplement Paul Fraser's Collectibles, du nom de son inventeur. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, c'est vrai.

Le PFC40 est un index des autographes les plus performants sur la période 2000-2012. Cet index a été créé par Paul Fraser, lui-même vendeur d'autographes. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, c'est vrai (x2).

Mais que nous apprend le PFC40?

1. Que sur la période 2000-2012:
- l'augmentation moyenne de la valeur des autographes sur cette période est de 383%.
- l'augmentation moyenne par an de 14% par an.
- l'autographe qui a connu l'augmentation la plus forte en 12 ans est de Georges Harrison (+1310%).
- Nelson Mandela est l'auteur le plus "profitable", avec +391% en 12 ans.
- Que l'autographe le plus "valuable" est une photo signée des Beatles (25 000£).

2. Et que sur la période 2011-2012:
- l'index a augmenté de 4.37% (médiocre si vous voulez mon avis).
- la plus belle progression est à attribuer à Neil Armstrong.

Mais pourquoi le PFC40?

Et bien c'est très simple, pour vous aider à mieux investir votre argent chez Paul Fraser's Collectibles, qui vous garantie une plus-value de 20%. En effet, si vous achetez un autographe chez PFC, vous pouvez le renvoyer dans les 5 ans qui suivent et vous serez remboursé à hauteur de 120% du prix d'achat original... en bons d'achat chez PFC. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, c'est vrai. Et ce n'est pas parce que votre histoire d'amour avec votre autographe vous laisse un goût d'inachevé et qu'à trop feindre l'indifférence à vos yeux langoureux, ce dernier vous ait lassé, ne doit pas signifier que votre love-story avec PFC ne peut pas continuer. Ne doit pas continuer devrais-je dire.

D'autant plus que si vous le souhaitez PFC se charge de stocker votre autographe pendant la durée de votre investissement. Une méthode simple et agréable quand on aime que ce soit quelqu'un d'autre qui ait votre "collection" sous les yeux.

Mais trêve de bavardage, je vous vois vous impatienter. Quelles sont aujourd'hui les vedettes du PFC40? Et bien les voici:



Il n'y a qu'un seul français dans le PFC40, et c'est sans surprise l'Empereur Napoléon Bonaparte. On aura la satisfaction de constater qu'il est loin devant le petit Horatio Nelson.

L'Empereur à la cool, juste après être repassé devant Fidel Castro
Bref, n'oubliez pas de consulter le PFC40 avant d'écouter les battements de votre petit coeur de bibliophile.

Il ne nous reste plus qu'à espérer un CAC40 des livres anciens et rares, parce que je ne sais pas vous, mais moi, ça va me faire perdre le sommeil cette histoire! Comment-ça perdre de l'argent en achetant un livre, juste par passion? Nous mais vous me prenez pour un héritier ou quoi?

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Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et des curiosités

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Amis Bibliophiles bonjour,

De retour de voyage, voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay.

A noter, de nombreuses et belles reliures.

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus http://encheresbibliophiles.fr/


BUFFON -9 VOL-HISTOIRE DES MINERAUX- COMPLET-TOME 9 AIMANT-1783



ALEXIS PIRON-OEUVRES COMPLETES-7 VOLUMES RELIES-1776-THEÂTRE-OPERA-POESIES-

P. Daniel: Histoire de France Paris 1735 8 vols.

RARE RELIURE INFOLIO MAROQUIN ARMES CHIFFRES BLASON NEUVILLE LIMOUSIN CORREZE lp


ARISTOTE. 1562. 6 TITRES / 1 VOLUME. LOGICA, TOPICORUM, SOPHIA..

Scudéry : Alaric ou Rome vaincüe / 1685 / dédié à la reyne de Suède 12 gravures sur cuivre par Chauveau / très rare / état exceptionnel

Stefan RITTER Poemata 1614 RARISSIME EO reliure aux ARMES Gomez de la Cortina


1699 Binet PRO- WITCHCRAFT Occult SORCERY Witch Trials SATAN Demonology RITUALS



EO BOSSUET Traités libre arbitre 1731 Très gd de marge RELIURE SIGNEE THIBARON

Theophile Gauthier Ferroud reliure signée plein veau illustré superbe

LES DECADES QUI SE TROUVENT DE TITE-LIVE. 2V, avec Figures. Chez l'ANGELIER 1606

Manuscrit Victor Hugo Les châtiments jolie reliure, belle caligraphie, UNIQUE

" L'AN 2440 " L- S MERCIER PHILO UTOPIE ROI PARIS VERSAILLES 1775 TRES RARE

FRANC-MACONNERIE MANUSCRIT AUTOGRAPHE D'UN DICTIONNAIRE LEXIQUE MACONNIQUE 1855 RARISSIME OUVRAGE DE 93 PAGES

Un des 30 exemplaires avec Dessins Originaux les Fleurs du Mal illus. Ballivet

LIVRE D'HEURES -1896/98-PLEIN MAROQUIN LESORT-enluminé à la main-Missel-



Le règne végétal. Reveil. Gerard. Dupuis. Herincq. 411 planches coloriées. 1870 Bel ensemble, bien relié et parfaitement complet.

RICHARDSON-LETTRES ANGLOISES ou HISTOIRE DE MISS CLARISSE HARLOVE-1766-13 VOL-

 

VOYAGE DU JEUNE ANACHARSIS EN GRECE 7/7 reliures ABBE BARTHELEMY De Bure 1801

1528. Galliot du Prè. Robert Gaguin.Les Annales de la Monarchie Française.


LOUIS JOU 1946 1/100 in -4 Superbe LOUISE LABE Sonnets Pref. Marie Mauron RARE

Superbe MAROQUIN Signe THIVET PAUL VIRGINIE SAINT PIERRE + JANIN Jouaust 1/300

BOILEAU DESPREAUX. OEUVRES. Plein maroquin de Chatelin. 1718. In-4. Bel exemplaire, bien relié. 16 planches hors-texte.

LE PRINCE DE MACHIAVEL. Troisième édition Chez Henri Wetstein, 1686.

LOUIS NAPOLEON BONAPARTE reliure aux Armes plein maroquin cuir de Russie 1912 EO SUPERBE exemplaire somptueusement relié Prince Impérial



1844 Edition Originale : GRANDVILLE Un autre monde chez FOURNIER : rare

Livre TRITHEMIUS POLYGRAPHIE ET ECRITURE CABALISTIQUE 1625 KERVER CLAVICULE

LAURENT RUSÉ * LA MARESCHALERIE...RELIURE MAROQUIN SIGNÉ - CHEVAL - EQUITATION EX-LIBRIS ISIDORO FERNANDEZ -RARISSIME-1610-64 PLANCHES


Manon Lescaut, Didot, 1797, grd papier en maroquin avec fig. avant la lettre ! Tirage limité à 100 ex., rares gravures, bonnes marges.

RARE RELIURE INFOLIO MAROQUIN ARMES CHIFFRES BLASON NEUVILLE LIMOUSIN CORREZE lp

superbe 1687 TRAITÉ DE L'AIMANT de J. d'Alence. MAROQUIN. HAUTE BIBLIOPHILIE Collection du Duc de La Vallière


SUPERBE RELIURE AUX ARMES LOUIS PHILIPPE D ORLEANS OFFICE LATIN HOURY 1745

LES AMOURS PASTORALES DE DAPHNIS ET DE CHLOÉ - traduites par AMYOT- DIDOT 1800

RELIURE AUX ARMES ORLEANS OFFICE DE LA QUINZAINE latin francais maroquin 1739

4 Reliures MAROQUIN ROUGE Dominique de La Rochefoucauld OFFICE Rouen 1775


RELIURE MAROQUIN AUX ARMES FRANCOISE MARIE DE BOURBON DUCHESSE D'ORLEANS 1718

RELIURE MAROQUIN AUX ARMES DE DUCHESSE D'ORLEANS 1739

Melle de Maupin Th Gautier / Reliure en maroquin signée Knecht / 1878 illustré

1892 DUMAS FILS UN CAS DE RUPTURE FEMMES DIVORCE EUGENE COURBOIN BIBLIOPHILIE

Reliure MAROQUIN AUX ARMES & CHIFFRE ex Dono DE LA SAUVAGERE Semaine Sainte 1707

Autour du livre...

1895 UZANNE CONTES POUR LES BIBLIOPHILES ROBIDA 1/30 RARISSIMES JAPON RELIURE EO



Le même, non relié: ROBIDA , Octave UZANNE , contes pour les bibliophiles . Ex n° 463 . Ed 1895 .

1887 RELIURE ARTISTIQUE BIBLIOPHILIE PAR OCTAVE UZANNE MAROQUIN AUX ARMES EO

Bibliophilie LA MARTINIERE Conseils pour former une bibliothèque choisie 1756

1898 OCTAVE UZANNE L'ART DANS LA DÉCORATION EXTÉRIEURE DES LIVRES BIBLIOPHILIE

1897 BIBLIOPHILIE O. UZANNE NOUVELLE BIBLIOPOLIS DILLON SYMBOLISME ART NOUVEAU

1896 UZANNE DICTIONNAIRE BIBLIOPHILOSOPHIQUE BIBLIOPHILIE TRES RARE EO SUPERBE


Trésors de la Biblio. Nationale * Livres manuscrits enluminures * Bibliophilie

( bibliophilie ) Manuel du libraire et de l'amateur de livres par J-C Brunet

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Promenade de bibliophile: exposition à Chantilly, « Histoire de rire, histoires à rire »

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Amis Bibliophiles bonjour,

Courez, courez, l’exposition actuelle de la bibliothèque du château de Chantilly, "Histoire de rire, histoires à rire", se termine le 2 juillet!

Heureusement, un catalogue annoncé devrait paraître prochainement.


Les commissaires de l’exposition, Madame Louise Amazan-Comberousse et Monsieur Olivier Bosc se proposent d’explorer l’histoire du rire à travers  « les joyeuses narrations et devis gaillards du Moyen Âge au Grand Siècle » c’est-à-dire, s’agissant de la collection du duc d’Aumale, au moyen des livres précieux, depuis les manuscrits enluminés jusqu’aux facéties imprimées. L’exposition (environ 80 numéros) est dense et fouillée et difficile à résumer en quelques lignes.

Hélas, bien sûr,  le livre II de la poétique d’Aristote sur la comédie et le rire n’est pas exposé. Il est perdu, comme vous savez si vous avez lu Umberto Eco et son « Nom de la rose ». Parmi les manuscrits présentés notons celui  « les Quinze joies du mariage» du XVe siècle qui voisine avec l’édition incunable (1498) de Jean Trepperel. Après les fabliaux et les narrations comiques du Moyen âge, le Décaméron de Boccace servit de modèle à nombre de conteurs. Quatre éditions différentes sont exposées dont l’incunable sur vélin d’Antoine Vérard.


Enfin Rabelais vînt. « Cornucopie et joyeuseté de la raillerie » président à son écriture. Cinq éditions rarissimes de ses œuvres sont présentées, Pantagruel (Lyon, 1534), Gargantua (Lyon, 1535 et Troyes, 1556),  le Tiers livre (Lyon, 1548) et du Quart livre (1552).

Avant de quitter le XVIe siècle nous n’oublierons ni Marguerite de Navarre (l’Heptaméron des Nouvelles) ni Bonaventure des Périers (Les Nouvelles récréations et joyeux devis) ni Tabourot (Les Escraignes dijonnaises)…


Le siècle de XVIIe est celui des bons mots.

Les imprimeurs rééditent les œuvres du siècle précédent et impriment des recueils récréatifs et des opuscules satiriques. Par exemple, les histoires récréatives parues sous le nom de « Roger Bontemps » ou encore « les caquets de l’accouchée ». Parmi beaucoup d’autres exemples, et un aparté sur la contrepèterie, on s’étonnera pourtant de n’y pas trouver cette langue de vipère de Ménage.


L’exposition s’achève sur l’évocation des facéties mises en scène, c’est-à-dire les pièces publiées des acteurs comiques. Les comédiens de l’hôtel de Bourgogne excellèrent dans la farce et furent édités, Gaultier Gargille ou Gros Guillaume ou Buscambille (les fantaisies, Paris, Jean Millot, 1615).

Tabarin, bateleur de la place Dauphine (inventaire universel des œuvres, Paris, 1623), bénéficia d’un gros succès d’édition.

On notera encore deux vitrines intitulées « la récréation du bibliophile » qui présentent une accumulation fort plaisante de plaquettes rares rééditées au XIXe (collection Jannet et librairie Techener) dans des conditions fort désirables.

S’il faut exprimer un regret,  il concerne les cartels.  Ceux-ci ne font pas état (par choix) des particularités des exemplaires présentés, (reliure, provenance, dédicace, édition, etc.), toutes caractéristiques bibliophiles omniprésentes dans la bibliothèque du duc d’Aumale et qui nourrissent notre monomanie.  Il est cependant loisible de consulter en ligne le catalogue de la bibliothèque…


En conclusion,  voilà une étude très étayée sur l’histoire du rire à travers l’écrit et le livre, où la bibliothèque précieuse de Chantilly fournit une illustration de choix. 

Lauverjat

Sommes-nous à la veille du plus grand des bibliocides ?

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Amis Bibliophiles bonjour,

Une fois n'est pas coutume, le Blog du bibliophile va reprendre intégralement (avec l'accord de l'auteur) un article issu d'un autre blog dédié à l'amour du livre ancien. 


Ce message a en effet retenu mon attention au point que je sois allé le lire et le relire plusieurs fois sur http://blog.naturalibris.fr. Il pose une vraie question. :)

Mais je donne la parole à SebV, et à son message.

"Nous vilipendons les bibliophiles et relieurs du XIXème siècle pour avoir rogné sans modération les livres des siècles précédents, pour avoir remplacé des reliures endommagées (parfois d’origine prestigieuses) pour les remplacer par des pastiches en maroquin. Leurs méthodes ne correspondent plus à nos critères de conservation et de restauration.

Toutefois il me semble que les livres anciens sont aujourd’hui soumis à un plus grand danger que la lame du massicot : le choix.

En effet le choix de livres qui s’offre aux bibliophiles du XXIème siècle est sans commune mesure avec celui qu’ils avaient il y a quelques décennies. La tentation est donc grande d’attendre l’exemplaire parfait, le merle blanc, le maroquin signé aux armes avec envoi de l’auteur, gravures dans tous leurs états et ex-libris prestigieux. 

La rareté est une qualité aujourd’hui bien galvaudée. Les Contes et nouvelles de la Fontaine édition des Fermiers généraux ? Rare ? Vous plaisantez il en passe à la vente au moins un par mois, le plus souvent en maroquin…

Votre libraire préféré vous présente cette petite « rareté » qu’il vient de rentrer ? Un petit tour sur Vialibri vous apprend qu’il y a 14 exemplaires en vente de par le monde ! Et monsieur le libraire qui veut vous vendre un exemplaire décoiffé ?!! Margoulin !

Plus l’offre est large, plus l’exigence est élevée. Cela pousse libraires et bibliophiles à aller vers des livres toujours plus qualitatifs, satisfaction intellectuelle d’aller vers le beau mais piège dont ne sortirons pas les médiocres.

Car il est bien là le problème, le bouquin, le détomé, le décoiffé… personne n’en veut plus. La bibliophilie d’entrée de gamme que constitue la bouquinerie est en train de mourir d’une trop grande offre. Une épidermure ou une mouillure trop large, valent désormais pour une condamnation à l’autodafé. Un feuillet manquant ? Ce n’est plus un livre mais une épave !

Prenons l’exemple d’un des mal-aimés que j’ai sur mes étagères. Il n’a rien pour lui: religiosa écrit en latin, début XIXème, petit format, reliure basane délabrée, rousseurs. Autant dire le bas de l’échelle bibliophilique.
DS3_8193.jpg
Proposé à 5€ depuis des mois personne n’en veut. Je peux comprendre, d’aucun me traiterait de fripier de livres (  ) pour oser mettre ce genre d’ignominie en vente. Le fait même de montrer cette photo est presque subversif, il est bien connu que les beaux livres ne peuvent côtoyer les moches dans la même boutique !
Beaucoup de confrères résolvent le problème en se débarrassant de telles drouilles à la poubelle. Je connais un bouquiniste qui loue une benne de temps en temps pour vider ses lieux de stockage.
J’ai pour l’instant beaucoup de scrupules à faire de même. Sans doute parce que le stockage ne me coûte rien pour l’instant, mais aussi parce que du haut de cette drouille in-32 deux siècles d’histoire me contemple et me juge. Oh je ne suis pas blanc-bleu, j’avoue avoir jeté au fond de la corbeille quelques épaves en me cachant de moi-même, mais le livre était au fond de la poubelle et regardait Caïn… 

Des Solutions ? Il n’y en a pas, qui peut supporter le coût d’une telle restauration pour ce livre ? Personne pas même moi qui travaille à un taux horaire qui ferait rire les Bengalis. Je pourrais refaire les coiffes, mais je ne suis même pas certain que le livre s’en vendrait mieux. 
Il faut donc se résigner, le mouvement est inexorable, les bouquins vont disparaître. Les bibliophiles de demain nous jugeront.
SebV"

Cet article est aussi l'occasion de découvrir ou de redécouvrir http://blog.naturalibris.fr. SebV est libraire, l'objectif de son blog est de regrouper des extraits de texte (plus ou moins longs), des aphorismes, des biographies d'auteurs peu connus ou peut être mal lus. Nous verrons que sous la poussière et les vieux cuirs couvent des pensées encore révolutionnaires... mais aussi  de mettre en ordre quelques réflexions sur le monde de la bibliophilie, des livres anciens et modernes.
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Promenade de Bibliophile: un bibliophile à New York

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Amis Bibliophiles bonjour,

Un déplacement professionnel à New York m'a amené sur Madison Avenue à la John Pierpont Morgan Library. J'avoue n'avoir fait que plus tard le rapprochement avec la Banque JP Morgan, aujourd'hui Morgan-Chase. 

John Pierpont Morgan était immensément riche et, surtout sur la fin de sa vie, il amassa une assez incroyable collection d'objets d'art, d'antiquités et... de livres. Il fut d'ailleurs caricaturé comme le Magnet attirant à lui par la force d'attraction de sa fortune tout ce que le monde comptait d'objets d'intérêt et de valeur. 


Je vais m'en tenir à la collection de livres même si la Morgan Library accueille également des œuvres d'art (et notamment une très belle exposition de dessins récemment acquis où j'ai croisé un très beau Gauguin et un non moins beau Odilon Redon). Les livres de Morgan se trouvent, évidemment, dans sa bibliothèque mais aussi dans son bureau. Signe de son intérêt la pièce réservée à sa bibliothécaire est attenante. Car la responsable des achats de Morgan était une Diane chasseresse, Belle Da Costa Greene, à fort caractère (une de ses lettres au « patron » est d'ailleurs exposée) qui répondit espièglement à la question de savoir si elle avait été la maîtresse de Morgan : « nous avons essayés ». 


Dotée de fonds quasi-inépuisables elle va acheter pour le compte de Morgan tout ce qui se présentait sur le marché de plus beau. La Morgan Library est ainsi notamment célèbre pour posséder trois Bibles de Gutenberg (dont une sur vélin). Si l'on ajoute qu'à deux blocs de là la New York Public Library en possède également une, on reconnaîtra que cela fait beaucoup au kilomètre (ou mile) carré. 


Il faut reconnaître que la bibliothèque est impressionnante. La plupart des livres sont rares et dans de belles, voire exceptionnelles reliures (malheureusement on ne peut que les deviner). Le rayon français (Morgan parlant français et allemand) est très fourni tant en auteurs anciens qu'en contemporains de Morgan. Les vitrines, outre un des exemplaires de la Bible de Gutenberg, proposent certains joyaux de la collection : livres et manuscrits mais aussi lettres (dont une de Mozart se plaignant de ses problèmes d'argent) et partitions (Beethoven). 





J'ai noté (en me demandant comment il avait pu se trouver sur le marché) un manuscrit provenant de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel (simple tropisme personnel : je suis né à deux pas, à Avranches qui abrite aujourd'hui le musée des manuscrits de l'Abbaye). Sur les rayonnages des éditions originales à foison, des exemplaires d'auteurs, etc. 

Bref, c'est un peu le Disneyland du bibliophile qui ne sait où donner de la tête. 

A la réflexion, je me suis tout de même dit que cette bibliothèque de bibliophile ouverte au public était un peu vaine. Si la conservation, pour l'étude et l'exposition, des pièces uniques (manuscrits notamment) est louable j'ai beaucoup plus de mal à trouver du sens à ces rayonnages où se trouvent retirés du circuit bibliophilique (et dans des armoires cloisonnées) des ouvrages de grand intérêt bibliophilique mais sans doute de moindre intérêt scientifique. 

Pour avoir enchaîné avec un déplacement à Londres, la British Library a trouvé une solution originale avec « The King's Library » qui est à la fois visible de l'extérieur et accessible (pour l'étude si l'on n'est pas un Windsor) de l'intérieur. Idem au British Museum où l'une des salles accueille les rayonnages d'une bibliothèque remplie désormais de livres factices. Ce qui est à la fois suffisant et souhaitable lorsque l'on voit des touristes mâchonner des sandwiches accoudés sur un marbre égyptien...




Bref, un musée bibliophilique tel que la Morgan Library a-t-il un sens ? Sachant qu'une des particularités des livres est que l'on ne peut guère ne profiter sans les avoir en main...    

Olivier

Portrait satirique de bibliophile: le glouton, ou le bibliomane qui lisait, lui.

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Amis Bibliophiles bonjour,

"Dionis n'a aucun sens du confortable. Il perche au 5e étage d'une pisseuse maison de la rue Monsieur-le-Prince, dont les locataires ignorent les voluptés du chauffage central et de l'électricité. Une carte de visite jaunie apprend que la porte ouvre sur le logis de Dionis.


Le logis? plutôt le repaire. Une sorte de cordon de tirage agite une sonnette vieillotte et aigrelette. Dionis vient lui-même tirer la porte. On entre: des livres, des livres, encore des livres, partout des livres. Dès l'antichambre sombre on devine la menace de piles de livres en équilibre instable ou de tablettes surchargées. Toutes les pièces se ressemblent: meublées de livres; des bibliothèque de tout acabit, vitrées ou grillagées, pansues ou héronnières, les planches, les tablettes, les sièges, les tables, les commodes, les armoires, les cheminées, tout est utilisé à héberger des livres. Toutes les pièces se ressemblent par leur encombrement livresque; à peine dans l'une un lit indique-t-il que Dionis couche, dans l'autre les reliefs d'un repas frugal qu'il y mange. Dans la cuisine s'amoncellent des revues, des brochures, des paquets de journaux, des livres. 

Il règne une odeur de poêle de fonte rougie, de pétrole, de camembert, de pipe et de moisi - un mélange, comme disent les élégants, très personnel.

D'une main, Dionis fait la police d'une chevelure en révolte continue, de l'autre, il inspecte les réceptacles de livres toujours à la recherche d'un volume qui se dérobe.

- Les Illuminés, de Gérard de Nerval, où est-il? J'ai absolument besoin de ce bon ami. Je l'ai eu il y a quelques années sur les quais pour dix sous heureusement, car le chef d'oeuvre est épuisé, introuvable.
- Vous avez besoin de ce volume Dionis? Vous écrivez une étude sur l'auteur de Sylvie...
- Non, mais j'ai lu ce matin quelque chose qui me paraît suspect ... et je veux contrôler.

Dionis s'est agenouillé pour explorer le rez-de-chaussée d'une armoire qui a elle seule contient le savoir de vingt générations. Il se relève d'un air triomphant et brandit un affreux bouquin sans couverture.
- Voilà! Ah! nous allons régler son compte à cet âne bâteé!
- Une polémique? Dionis.
Dionis hausse les épaules. Il lui suffit de relever l'erreur du grand écrivain, admis à écrire dans un périodique académique. Ce n'est pas lui, pauvre forçat de la plume, condamné à d'obscurs travaux de compilation anonymes, qui va entreprendre de redresser publiquement les torts d'un ténor de la littérature. Sa victoire demeure cachée, il triomphe modestement. Il a mis le doigt sur la page vengeresse et lit goulûment. Goûlument, Dionis est un glouton de lecture. Il aime le livre à la passion, il ne vit que dans le livre, par le livre. C'est un puits de science. De célèbres auteurs, d'adroits éditeurs ont recours à ce qu'il sait. Il sait tout, en effet, hors le moyen de se faire valoir. Il accepte des besognes ingrates et chichement rétribuées. Qu'importe. Pourvu qu'il gagne de quoi acheter un quelconque repas à un humble bistrot et surtout de quoi s'offrir le luxe qui le tente au hasard de ses incessantes randonnées.

Il sacrifiera le prix d'un seau de charbon pour payer un bon bouquin repéré à la devanture d'un libraire et qui l'attire comme un aimant. Il connaît des joies immenses quand il rentre le soir dans son antre en serrant contre lui l'objet de sa convoitise. Il n'a de mouvements de révolte que si l'état de sa caisse lui interdit l'achat d'un livre déniché, ou si un chaland, plus avisé, lui a ravi l'occasion qu'il n'a pas pu ou su saisir tout de suite.

Jamais Dionis n'a vendu un livre. Depuis trente-cinq ans - il en a cinquante - Dionis entasse son butin. Il y a de tout chez lui. Des volumes rarissimes, de rares bijoux découverts à force de patience et d'adresse, et des bouquins qui ne valent pas le poids du vieux papier. Il a même subi les affres de la tentation, soit dans les bibliothèques qu'il fréquente assidûment et dont il connaît les ressources, mieux que les bibliothécaires, soit chez certains libraires; il aurait voulu emporter, ravoir certains livres qu'il guigne, qu'il sait introuvables. Mais son honnêteté l'a toujours emporté sur son désir. D'ailleurs, s'il ne détient pas le livre qui l'obsède, il le possède quand même, il sait ce qu'il contient, il l'apprend par coeur, il se le récite - combien d'érudits pourraient en dire autant?

Dionis pourrait réaliser une petite fortune en écrémant ses richesses. Il n'y pense pas et repousse toutes les offres qu'on lui fait parfois. Sa voracité se réjouit d'avoir toujours, à portée de la main, de quoi se rassasier... Près de ce garde-manger bien garni il risquerait de mourir de faim, car il a un formidable appétit de lecture et lorsque ses chasses n'ont pas été fructueuses, il lui faut avoir quelque chose à se mettre sous la dent.

C'est un en-cas tout prêt qu'il retrouve le soir en regagnant son perchoir: il y puise largement, toujours sûr d'une satisfaction renouvelée. C'est un ogre, il aime les livres comme d'autres aimaient la chair fraîche. Et il s'assimile tout cela avec assez de bonheur pour que d'autres en profitent."


in "Bibliophiles?" par André Delpeuch
Paris, 51 rue de Babylone, 1926.

Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé est laissée à la libre appréciation des lecteurs. 

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et des curiosités

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Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay.

A noter, de nombreuses et belles reliures.

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus sur http://encheresbibliophiles.fr/


François Mazot le Tableau de la Croix 1651 Reliure Plein Maroquin XVII Planches Guilliam de Gheyn Jean Collin Gravures



TROIS RELIURES SIGNEES-PLEIN MAROQUIN ROUGE AUX ARMES DE PIE VII-1821-

RELIURE, MAROQUIN, LIVRE ENTIEREMENT GRAVE, SENAULT,HEURES, GARDES EN SOIE, TBE.


Lot De 205 Livres Anciens de Collection XVIII eme et XVIIII eme Siécle

VOYAGES-DELAPORTE-LE VOYAGEUR FRANCOIS-1772-28 VOLUMES-VOYAGES AUTOUR DU MONDE-


TAINE : L’ANCIEN RÉGIME - LA RÉVOLUTION - RELIURE de CHAMPS - STROOBANTS

BENVENUTO CELLINI EN PLEIN VEAU ESTAMPE SIGNE CHAMPS & MARTIN-SABON SYMBOLISME EXCEPTIONNELLE RELIURE A FERMOIR ET PLAQUE REHAUSSEE


RABELAIS OEUVRES DELARUE 17 GRAVURES SERPENTES LEGENDEES EXEMPLAIRE SUR CHINE 6 VOLUMES COMPLET TRES BEL EXEMPLAIRE 1877

MOLIERE OEUVRES DELARUE EXEMPLAIRE IMPRIME SUR CHINE AVEC PORTAIT DE L'AUTEUR 8 TOME RELIES VOLUMES EN 4 VOLUMES COMPLET TBE !


LA FONTAINE CONTES ET NOUVELLES FIGURES EISEN CONTREFACON FERMIERS GENERAUX 1777 2 VOLUMES RELIES EN PLEIN VEAU D' EPOQUE BEL EXEMPLAIRE

VERRIER CONTERIE VENERIE NORMANDE CHASSE CHIEN COURANT MASSON CERF LOUP FANFARE

ALFRED DE MUSSET LES NUITS IMPRIME SUR BOIS PLEIN MAROQUIN DOUBLE SIGNE CRETTE FEUILLES DE SYCOMORE TIRE A SEULEMENT 10 EXEMPLAIRES !


MACHIAVEL ANDRE SUARES LE PRINCE BOIS DE LOUIS JOU 1/20 SUR VIEUX JAPON 1921 TRES BEL EX ! RELIE EN PLEIN VELIN PREMIER LIVRE DE JOU


FRANC-MAÇONNERIE - RECUEIL de CHANSONS pour la MAÇONNERIE des HOMMES et FEMMES

RARISSIME REUNION DES 15 VOLUMES DES OEUVRES DE BELLEGARDE 1710 1760

Spagnoli, 1513, in-folio en belle reliure de l'époque, post-incunable ! Jolie impression et beau titre gravé, Josse Bade


Le Faut-Mourir, Lyon, 1702, Danses macabres, frontispice, complet ! En vers burlesques, médecin, avocat, criminel, gueux...

HENRI MARTIN HISTOIRE DE FRANCE POPULAIRE GRAVURES 7/7 ED. FURNE JOUVET IN4

RELIURES aux CHIFFRES des DUC ROHAN, Prince SOUBISE : REVOLUTIONS HONGRIE 1789

Maroquin Rouge Armes Christine de FRANCE Duchesse SAVOIE HENRI IV MEDICIS 1708

Rare-ERROTIKA BIBLION MIRABEAU (Comte de) Reliure MAROQUIN Aux Armes Royales



1681 - OEUVRES DE CYRANO DE BERGERAC- PORTRAIT - ETAT DE LA LUNE- 2 VOL COMPLETS SCIENCE FICTION - EMPIRE DU SOLEIL - EMPIRE DE LA LUNE

CORTEZ: HISTOIRE DE LA CONQUETE DU MEXIQUE 2 VOLUMES 12 PLANCHES 1774 6EME Ed.

LA FONTAINE: CONTES ET NOUVELLES ILLUSTRE DE 70 GRAVURES 2 VOLUMES COMPLETS 1776

EL INGENIOSO HIDALGO DON QUIXOTE 9 Vol.Madrid vignettes carte 1798 Cette édition passe pour la meilleure de Don Quichotte.


1582 LIVRE A VIGNETTES BOIS impr. à SENS. Jean Robert Le Formulaire. Absent BNF

Homère : L'Iliade - L'Odyssée : Bruyset aîné, 1796, édition rare et recherchée


RARE -1795-LES AVENTURES DE TÉLÉMAQUE Fils d'Ulysse-FÉNELON-4/4 complet-gravures

1780 - ATLAS DE TOUTES LES PARTIES CONNUES DU GLOBE - 49 CARTES [RAYNAL - BONNE]

LA FONTAINE CONTES ET NOUVELLES EN VERS 2 vol. AMSTERDAM 1685-1699 / 59 gravures

SECOND ET TIERS LIVRE DES ILLUSTRATIONS DE GAULE ET SINGULARITEZ DE TROYE 1533


1569_P. MANUCE_VENISE_Reliure MAROQUIN_AMERICAN PROVENANCE_MOROCCO BINDING_Yale Antiquitatum Romanarum Liber de Legibus_YALE BOOKPLATE


Werther - Goethe Paris 1792


ANCIENNE PRESSE RELIURE NOTAIRE RELIEUR IMPRIMERIE XIX EME NAPOLEON FONTE DECO


Et quelques ouvrages en achat immédiat:

EDOUARD CHIMOT 12 Eaux Fortes Curiosa Pierre LOUYS Bilitis 1925 ART DECO


BATAILLON Paris Revolution 1789 Gravure BERSIER 1956 MAROQUIN Double FOUGEROLLE

La RELIURE en FRANCE - DEVAUCHELLE Roger - 1959-61 (Complet 3 vol.)

CALENDRIER de la COUR 1767 Reliure Maroquin - Noblesse Europe Ephemerides


ETRENNES SPIRITUELLES 1775 MAROQUIN ROUGE MOSAIQUEGravures In-16 LATIN FR

RELATIONS TOULOUSE 1562-1762. PROTESTANTS. 1762. PLEIN MAROQUIN SIGNE.ANDRIEUX.



ECOLE FLAMANDE DU XVIIEME SIECLE, SCENE DE SORCELLERIE, SORCIERES AU SABBAT L’arrivée au sabbat ou le trésor des sorcières

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Connaissance de la reliure: les reliures d'agonothètes

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Amis bibliophiles bonjour,

On rencontre parfois de ces impressionnantes reliures à décor doré aux petits fers ou au semé et  aux armes dorées poussées aux centres des plats. La reliure est le plus souvent en basane ou en veau fauve, souvent fragile, et porte des pièces d’armes au dos isolées ou en semé. Le charme du décor tient plus à son effet d’ensemble qu’à la précision du travail de dorure. Les tranches sont dorées. 

Armes de Jean de MONTPEZAT de CARBON, archevêque de Bourges. 

La garde est un papier peigne, la contre garde un papier blanc si elle existe. Ensuite figure l’ex-praemio.  Il s’agit de la dédicace manuscrite du livre au lauréat, en latin, d’une quelconque discipline scolaire. En bas un cachet ou timbre à froid authentifie la provenance. On y apprend  le nom du lauréat, le nom de son établissement et de son directeur ou du dirigeant des études qui signe l’ex-praemio.  L’ex-praemio s’adresse au destinataire du livre, à son premier possesseur en somme. Surtout le nom  du donateur du livre est mentionné ce qui permet une identification rapide des armes. Plus rarement se sont les armes du collège qui sont poussées sur la reliure.


Ex-praemio 1682, le récipiendaire est Jacques Bengy,
futur conservateur des privilèges royaux de l'université de Bourges,
vicomte des Porches, l'agonothète François de Rohan prince de Soubise.

Dans l’antiquité grecque les agonothètes étaient des magistrats qui garantissaient le bon déroulement des concours, le plus souvent ils se transformèrent en mécènes soutenant de leur générosité et de leurs libéralités bénévoles (au sens premier du terme) les réalisations.

La reliure d'agonothète est donc le fruit de ce généreux donateur.

Le donateur est un protecteur de l’établissement scolaire. Les évêques, archevêques, cardinaux sont bien représentés, ainsi que les gouverneurs, baillis voire seigneurs influents du lieu. Des corps constitués peuvent aussi  tenir ce rôle, comme le parlement de Rouen.

Armes de Jean du MESNIL-SIMON, abbé de Beaulieu, ex-praemio du collège des Jésuites de Bourges de 1656, Une roulette est attribuée par Esmerian à « un imitateur de Le Gascon »
La plupart des reliures richement décorées rencontrées datent du milieu du XVIIe siècle.

Ces livres de prix n’ont donc jamais figuré dans la bibliothèque du donateur, sous cette livrée en tous cas. Les livres sont très variés, parfois anciennes éditions parues 80 ans plus tôt, parfois éditions récentes. Cependant les ouvrages religieux et les classiques latins dominent et les grands formats également, ce qui va de pair, s’agissant d’un livre de récompense scolaire. La fragilité de la peau utilisée et le format important expliquent aussi la rareté des exemplaires parfaitement conservés, d’autant que leur premier possesseur n’était pas obligatoirement bibliophile.

Armes et monogramme  de Michel PONCET de la RIVIERE,
Archevêque de Bourges ex-praemio du collège des jésuites de Bourges de 1676. 
L’esprit de ces reliures clinquantes  (d’aspect luxueux mais de réalisation économique, rarement ou jamais en maroquin,  à l’ornementation dorée exubérante mais pas toujours soignée) sera repris dans les livres de prix en percaline du XIXe siècle. Au  XVIIIe siècle pourtant  les reliures se firent  plus sobres, seulement frappées des armes du donateur.

Il faut soupçonner une reliure d'agonothète  privée de son ex-praemio quand la page de garde manque.
Voici en illustrations  quelques exemples tirés de ma bibliothèque avec ex-praemio berrichons et d’autres découverts en ligne sur le site de  la bibliothèque médiathèque de Nancy (http://bmn-renaissance.nancy.fr)

Armes de François de ROHAN prince de SOUBISE,
gouverneur de Berry, ex-praemio du collège des jésuites de Bourges 1682.
Restent des questions pratiques. Les établissements d’enseignement passaient-ils commande auprès de leur libraire habituel qui fournissait à sa convenance livre et reliure ou le livre pouvait-il être fourni  et choisi par le donateur ?

Quels ateliers réalisaient ces reliures ? Je n’ai pas trouvé d’étude ayant abordé la question. Par exemple, confiait-on la réalisation aux ateliers locaux ou à des ateliers de grands centres urbains (Paris, Lyon, Rouen…) spécialisés dans ces travaux ? La comparaison de mes exemplaires  offerts à Bourges au XVIIe ne met pas en évidence de fers communs aux différentes reliures. L’étude sur un large corpus de livre pourrait-elle être plus concluante?

Lauverjat

Miscellanées de Monsieur H.: programme des vacances... et petite histoire des estimations en salle des ventes

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Amis Bibliophiles bonjour,

Cet été le Blog du Bibliophile continuera de vous proposer 3 à 4 messages par semaine, selon un "subtil" dosage de messages inédits et de republication des anciens messages les plus populaires. Rassurez-vous, depuis 6 ans et demi, le blog a publié plus de 1500 articles, vous en avez forcément manqué quelques uns!

Je vous proposerai notamment deux cycles, l'un autour de la reliure, l'autre autour de grands personnages de la bibliophilie et de l'univers du livre ancien: auteurs, imprimeurs, relieurs, illustrateurs, et bien sûr bibliophiles.

En attendant, une petite histoire de SVV et "d'experts", qui sont décidemment une source inépuisable d'anecdotes amusantes.

Trois experts estimant un livre:
"- T'en penses quoi Manu?
- 10 000 Monsieur le commissaire-priseur, non?
- Ok, ça roule coco, tu vas me mettre 1000 comme estim. dans le catalogue...
- Ok boss, c'est vous l'expert!"
 
Voici, puisque nous sommes entre nous, ma dernière petite aventure avec les estimations des ventes publiques. 

Etant dans l'incapacité d'acheter par téléphone sur un lot lors d'une récente vacation dans l'une des SVV spécialisées dans les ventes de livres, et ne voulant pas déranger un ami, j'ai choisi, une fois n'est pas coutume, de confier mes intérêts à une grande librairie parisienne, en lui demandant de bien vouloir enchérir pour moi à hauteur de 2100 euros, sachant que l'ouvrage était estimé 1000/1200 euros par l'expert.

La librairie accuse réception de l'ordre d'achat. La vente se passe et rapidement les résultats sont publiés sur deux sites internet, précisant que l'ouvrage en question est "non vendu".

Bigre, je contacte la librairie, qui me confirme avoir pris l'ordre et l'avoir exécuté en mon nom... Dans le doute, le libraire vérifie auprès du commissaire-priseur et me confirme que l'enchère a bien été portée, mais que mon ordre n'atteignait pas le prix de réserve... Le commissaire-priseur se proposant de me contacter pour me faire une offre, que j'attends toujours d'ailleurs. 

Petite histoire amusante qui montre désormais qu’un expert peut estimer un livre à moins de la moitié de son prix de réserve! Mais est-ce un scoop?

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Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et des curiosités

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Amis Bibliophiles bonjour,


Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay.

A noter, de nombreuses et belles reliures.

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus sur http://encheresbibliophiles.fr/
 



























































Et autour des livres:







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Achetez un livre ancien à un libraire, mais si, mais si...

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Amis Bibliophiles bonsoir,

Achetez un livre ancien à un libraire, mais si, mais si... derrière ce titre un peu racoleur se cache la nouvelle proposition de Hachette Livre et la BNF.

Vous recherchez un texte rare, vous avez essayé addall, vous êtes allés chez votre libraire préféré et celui-ci vous a dit qu'il était introuvable, du coup, dans le doute, vous êtes donc allés vérifier sur vialibri. 

Bernique, il est donc vraiment introuvable. Le pire c'est qu'en plus d'être bibliophile, vous vous targuez d'être lecteur. On aura vraiment tout vu.

Bref, il ne vous reste plus qu'aller chez votre libraire pas ancien... pour lui commander en librairie un livre ancien et rare, qu'il vous imprimera à la demande ? 

C'est en effet devenu possible via un service unique issu d'un partenariat entre Hachette Livre (Lagardère) et la Bibliothèque nationale de France. Ainsi 40 000 livres anciens retrouvent le chemin des librairies pour échouer dans les mains des amateurs, chercheurs ou passionnés.

Les ouvrages seront brochés, dans un format 15,6 cm x 23, 4 cm, avec une vraie couverture en couleur.

En fait, ça fonctionne comme ça:



Le catalogue de ces livres est accessible en ligne sur un site web  (hachettebnf.fr). Organisé en dix thématiques (Arts, Histoire, Religion, etc...) il offre la possibilité de visualiser, sous forme d'un fichier PDF, un extrait de chaque ouvrage. 

On passe ensuite commande de l'exemplaire chez le libraire situé le plus près de chez soi ou via les sites en ligne (amazon, decitre, furetdunord et librairiedialogues). Les prix débutent à 5,70 € et peuvent monter jusqu'à 30 ou 40 euros... ou comment on monétise le patrimoine...

L’impression à la demande de l'exemplaire unique d’un livre numérisé intervient dans les heures qui suivent la réception de la commande du client. Cette opération est réalisée dans les mêmes délais, affirme Hachette Livre, qu'un titre prelevé sur stock.

L'impression est effectuée dans le site de Maurepas (Yvelines) de la société Lightning Source France. Cette co-entreprise est détenue à parité par l'éditeur français et le spécialiste américain de l’impression à la demande, Lightning Source.

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Pierre Moreau, calligraphe, graveur et imprimeur.

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Amis Bibliophiles Bonsoir,


Pierre Moreau paraît dans l’histoire typographique comme un météore : brillant, éclatant même, mais éphémère. Issu de la calligraphie, il ne viendra à la typographie qu’à la fin de sa carrière. Mais reprenons son parcours depuis le début :

Moreau est issu d’un milieu aisé. En 1626, il publie un traité de calligraphie gravé en taille-douce : Les vrais caracthères de l’écriture financière. Ce premier traité ne nous est connu que par des références, et aucun exemplaire semble avoir survécu.


À la suite de ce premier essai, Moreau publie deux autres traités calligraphiques :
– Les œuvres de Pierre Moreau, Parisien, 1627 ou 1628, un seul exemplaire (incomplet) connu.
– Original des pieces escrites et burinees par P. Moreau, 1633, deux exemplaires recensés.


Les manuels de calligraphie de Pierre Moreau ne comprennent que quelques planches, assez élégantes, d’écritures italiennes (bâtardes et rondes) ou de financière. Outre ces trois traités, Moreau publie aussi des livres de dévotion, entièrement gravés : Les Saintes prières de l’âme chrestienne (1631, 8°, 106 ff.), les Devotes prières (1634) et les Heures chrestiennes (réemploi du texte gravé des Saintes Prières).
Après ces débuts dans l’écriture manuscrite, Moreau se lance dans un projet encore plus ambitieux. Conscient que les pratiques manuscrites ont changé depuis le XVe siècle et que l’italique et le romain ne sont plus en phase avec l’écriture de l’époque, Moreau décide d’imiter les écritures cursives françaises de son temps. Il grave donc les poinçons de cinq fontes typographiques : deux rondes (moyen et petit modules) et trois bâtardes (gros, moyen et petit modules).
Ses caractères sont parmi les plus étonnants, les plus innovants et les plus beaux de l’époque. Les écritures sont superbes, bien équilibrées. Aux cinq corps de caractères sont associés un certain nombre d’ornements supplémentaires : arabesques flottantes, fleurons de traits « entortillés », grandes lettrines gravées sur cuivre.
Conscient de la valeur de sa création, Moreau se protège de la contrefaçon en obtenant un privilège du roi pour les « caractères de son invention ». Ce privilège sera respecté, et Moreau sera seul à utiliser ses nouvelles « lettres », ce qui limitera considérablement leur diffusion. Entre 1644 et 1648, date de la mort de l’imprimeur, Moreau n’aura le temps de produire que 33 impressions (dont plusieurs petites brochures). À sa mort, ses caractères tomberont dans l’oubli, et ne seront ressuscités qu’éphémèrement par Fournier dans son Manuel typographique (1764), comme représentants de la « Ronde ». Quelques uns des poinçons originaux sont conservés, aux côtés des « Grecs du Roi », dans le cabinet des poinçons de l’Imprimerie nationale.
Les photographies qui accompagnent cet article sont tirées de l’Énéide de Virgile (1648, in-4°), dernier livre imprimé par Pierre Moreau et avec ses caractères. L’édition bilingue est dédiée à Mazarin, avec une carte dépliante et un frontispice. Ce livre est un véritable bijou bibliophilique : trois artistes importants du XVIIe siècle s’y croisent. D’abord, Pierre Moreau, notre calligraphe/imprimeur de talent. Ensuite, Pierre Perrin, poète un peu oublié, mais assez talentueux, théoricien de l’opéra avant Lully et Quinault, qui donne ici la traduction du texte. Enfin, Abraham Bosse qui inaugure chaque chapitre avec une gravure en demi page. Pierre Moreau n’aura malheureusement pas le temps d’achever cette publication, et seul le premier tome, contenant les six premiers chants, paraîtra avant sa mort. Le deuxième tome ne sera publié que dix ans plus tard, en 1658, chez Loyson, avec la suite des gravures d’Abraham Bosse, mais dans une typographie en romain, Loyson n’étant pas parvenu à obtenir les caractères de Pierre Moreau.
Mon exemplaire, photographié ici, ne comporte que le tome 1 seul, auquel il manque le majestueux frontispice (il reste, maigre consolation, la page de titre et la carte dépliante). Je m’en contente, et j’espère que les photographies vous aideront à me comprendre !

PS/ Cet article est basé sur l’excellent livre d’Isabelle de Conihout, publié par la bibliothèque Mazarine : Poésie et Calligraphie imprimée à Parisau XVIIe siècle, Paris, Editions Comp’Act, 2004. L’ouvrage comprend un fac similé de la Chartreuse de Pierre Perrin, imprimée par Moreau, suivie de plusieurs études sur Pierre Moreau, ses caractères, Pierre Perrin et la calligraphie gravée. C’est un superbe ouvrage, à la fois passionnant par son contenu et élégant par sa mise en page, qui se vend pour la modique somme de 35 euros.

Rémi

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et des curiosités

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Amis Bibliophiles bonjour,


Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay.

A noter, de nombreuses et belles reliures.

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus sur http://encheresbibliophiles.fr/


TRARE -HERODIAN-HPOAIANOY IETOPIÆON BIBAI'A par H.ESTIENNE-LYON 1611 TRARE RELIURE PROTESTANTE DE JEAN D'ESCORBIAC MONTAUBAN




















































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La Reliure: aux grands noms la Reliure reconnaissante, ou le joli certificat d'apprenti du Syndicat de la Reliure

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Amis Bibliophiles bonjour,

Continuons la lecture de La Reliure, l'organe de la Chambre Syndicale Patronale des Relieurs, Brocheurs, Cartonneurs, Doreurs sur cuir, Doreurs sur tranches et Marbreurs.

Je vous propose aujourd'hui de découvrir le sympathique certificat d'apprentissage délivré par le Syndicat Patronal de la Reliure et de la Brochure aux apprentis ayant effectué les 3 années d'apprentissage.


Le bibliophiles note avec plaisir les patronymes des grands noms figurant dans la décoration du certificat: Les Eve, Les Ruette, Canevarius, Le Gascon, De Thou, Bradel, Maoili, Grolier, Boyet, Duseuil, Lemonnier, Longepierre, Dubuisson, les Alde, Tory, Padeloup, Badier, Derome... Chechez l'intrus! (Duseuil, non?)


Version imprimable sur demande pour nos amis relieurs sur simple demande! :)

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Quelques images de La Reliure, l'organe du Syndicat des Relieurs

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Amis bibliophiles bonjour,

Pour clore ces quelques messages autour de La Reliure, l'organe de la Chambre Syndicale Patronale des Relieurs, Brocheurs, Cartonneurs, Doreurs sur cuir, Doreurs sur tranches et Marbreurs, je vous propose de découvrir aujourd'hui quelques images tirées de cette très intéressante publication.

Evolution de la couverture de La Reliure au fil des années, un organe dans l'air du temps.






Un atelier de relieur en 1867, on est frappé par le nombre d'ouvriers.




L'atelier Taupin pendant la seconde Guerre Mondiale, pénurie d'électricité.


En effet, une célébrité!


Je reviendrai prochainement sur cette publication, avec des articles de fond.

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Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et des curiosités

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Amis Bibliophiles bonjour,

De retour de voyage, voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay.

A noter, de nombreuses et belles reliures.

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus http://encheresbibliophiles.fr/


























































Autour des livres:







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Les experts de livres à Drouot: le mauvais scenario ou que reste-t-il des estimations?

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Amis Bibliophiles bonjour,

Que reste-t-il des estimations ?

La vente aux enchères  du mercredi 15 mai dernier chez Beaussant Lefèvre dispersait le fond précieux de la bibliothèque de Marcel Desjardin. La première partie riche de 72 numéros concernait  les livres incunables et du XVIe siècle jusqu’en 1560, la seconde partie, les livres de 1561 à 1800 du numéro 73 au numéro 220 et la troisième partie les livres du XIXe siècle pour 57 numéros. http://www.bibliorare.com/drouot/cat-vent_lefevre15-05-2013.htm. Expert Charles de Broglie, Cabinet Revel.


Vous dirais-je mon enthousiasme à la réception de ce catalogue et à la lecture de la première partie, manifestement la plus séduisante et considérable puisqu’elle occupe une bonne moitié du catalogue par ses descriptions et illustrations?  Je cochais ainsi bien trop de références ce qui me fait entrer dans le vif de mon sujet. 

La passion ne suffit pas, encore faut-il pouvoir y subvenir financièrement. 

Les estimations proposées étaient peut-être alléchantes mais elles me semblèrent d’emblée particulièrement basses, singulièrement pour des ouvrages du XVIe en français, illustrés, dans de bonnes conditions, sur des sujets de littérature ou d’histoire.  

Exemples :

- N° 6 « le livre intitulé l’art de bien vivre… » circa 1530, Paris, bois gravés, vélin à rabats, 1000/1200 €
-N° 7 Jean Antoine de Baïf, « Quatre livres de l’amour de Francine… » Paris, 1555, in-12, veau XVIIe un peu usé 300/ 350 €
-N°12 Jean Bouchet « les anciennes et modernes généalogies des Roys de France.. » Poitiers, 1527,  reliure maroquin aux armes de Hardy, bois gravés, deux photographies au catalogue deux belles pages à lui seul, 1500/2000 €
-N°15 Alain Chartier, « les fais maistre… » circa 1494 in-4 cuir de Russie Bozérian jeune  également deux photographies au catalogue deux belles pages à lui seul, 2000/2500 euros
-N° 16 Guillaume Coquillart « les œuvres de maistre… » 1546, in-16, veau époque à la Du Seuil, fleurons dorés et argentés, 300/400 €
-N° 31 Horae, Lyon 1538, in-12, bois gravés copiés des Heures de Tory, 800/1000€
-N° 34 Heures à l’usage de Rome, Lyon, 1499, sur peau de vélin, nombreuses illustrations, P1 à P8 en déficit, 3000/4000 €
-N° 43 Le Caron Louis « La Poesie » Paris 1554 et Jacques Grévin, Les Regrets de Charles d’Autriche… » Paris 1558 in-12, veau aux armes XVIIIe 300/350 €
-N° 62 Ronsard « Les hymnes » 1555, « Hymne de Bacus » 1555, « le second livre des hymnes » 1556 toutes trois en éditions originales, vélin doré d’époque, deux photographies au catalogue deux belles pages à lui seul, 4000/5000 €
-N°69 « les grandes proesses du tres vaillant noble et excellent chevalier Tristan.. «  Paris 1533, in-4°, maroquin à décor de Lortic, 2500/3000 €

-N° 71 Villon « les œuvres » 1542  150/200 € 

plus loin en seconde partie :

-N° 101 Brantôme Mémoires, Leyde 1665 à 1722, 9 volumes in-16, maroquin attribuable à Boyet aux emblèmes du baron de Longepierre, 4000/5000 €
-N°125 Du Bellay, « les œuvres » Lyon, 1575 2 vol. in-12 maroquin rouge de Chambolle-Duru 600/800 €
-N° 137 La Boétie « vers françois.. » Paris 1572 in-12, 20 pp. E.O. vélin 250/300 €

J’arrête de peur de vous lasser à reproduire ce très bel ensemble.

Quant à moi, après réflexion j’ai limité mes efforts à un seul livre, que je n’ai d’ailleurs pas emporté, renonçant même à enchérir sur le N°43 persuadé que l’estimation serait largement dépassée. Ce qui fut le cas.

La gazette Drouot  s’esbaudie du succès et des estimations pulvérisées.

Voici les prix d’adjudication des lots énumérés ci-dessus 

N° 6 : 1000/1200 vendu 21 000 € (17,5 fois l’estimation haute)
N° 7 : 300/350 vendu 8 200 €  (23,5 fois l’estimation haute)
N° 12 : 1500/2000 vendu  5 500 €
N° 15 : 2000/2500 vendu  22 500 €
N° 16 : 300/400 vendu  7 000 € (17,5 fois l’estimation haute)
N° 31 : 800/1000 vendu  5 500 €
N° 34 : 3 000/ 4 000 vendu 16 500 €
N° 43 : 300/350 vendu  4 800 € (13 fois l’estimation haute)
N° 62 : 4000/5000 vendu  175 000 € (35 fois l’estimation haute)
N° 69 : 2500/3000 vendu  15 500 €


N° 71 : 150/200 vendu 12 000 €  (60 fois l’estimation)
N° 101 : 4000/5000 vendu  100 000 €  (20 fois l’estimation haute)


N° 125: 600/ 800 vendu 4 500 €
N° 137: 250/ 300 vendu 62 000 € (206 fois l’estimation haute)

.... Oui, vous avez bien lu, 206 fois l'exposition, ou plus de 20 000%...

Résultats auxquels il faut ajouter 21,10 %. 

Bien sûr pour que le prix d’un livre s’envole il suffit que deux acheteurs le veuillent à n’importe quel prix ; l’un d’eux l’aura à ce prix-là !

Quelques livres respectèrent leurs estimations, ouvrages en latin, cependant, le N° 23 Flavius Joseph illustré de 14 bois à pleine page in-8 de 1517 se vendit même 800 € sur une estimation  de 1200/1500, et  le N°  57,  édition vénitienne de 1506 de la légende des saints estimée 2000/2500 € fut vendue 800 €, un petit coup de fatigue dans la salle ?

Des 72 premiers lots, seul le 70 ne fut pas vendu. La somme totale des estimations hautes des 71 lots restant était de 127570 €  ils totalisèrent 633 530 € soit presque 5 fois plus. 

Ceci dit je suis persuadé que nombreux sont ceux qui auraient voulu casser leur tirelire à l’estimation.

La seconde partie  de la vente, en dehors des lots ci-dessus, recueille au contraire une plus grande adéquation  estimations/résultats.  (Bien que l’impact des reliures aux armes sur le prix final semble sous-estimé). Les livres y étaient beaucoup plus communs et  la césure étrange « livres de 1561 à 1800 » indique assez le changement de registre attendu par les organisateurs de la vente.

Est-il normal que les estimations sur de bons ou très bons livres  soient si souvent dépassées ou sont-elles volontairement trop basses ?

Et parfois de façon aussi disproportionnée?

L’expert considère-t-il en conscience que les acheteurs sont dans l’erreur et que les livres à vendre ne valaient pas plus que ses estimations ? 

Cependant, à considérer la mise en valeur des livres de cette première partie il est trop évident que les responsables de la vente en attendaient de bons résultats.  

Existe-t-il une stratégie psychologique du prix d’appel bas?

A partir de quel niveau cette stratégie de prix bas franchit-elle allègrement le ridicule, posant la question de la compétence de l'expert, ou de son indépendance(on peut rêver)?

Dans ce cas, en ce qui me concerne, cette stratégie échoue puisque je n’enchéris même plus. Quant à attirer le néophyte pour qu’il enchérisse sur une expertise  4, 5 ou 10 fois dépassée…. A partir de quand ceci ira-t-il trop loin et éloignera les amateurs? 

Peut-être, en définitive, cette estimation s’adresse-t-elle plus au vendeur qu’à l’acheteur ? Le vendeur ne pourra pas faire grief d’un lot invendu à cause d’une surestimation, mais à ce point de sous-estimation il risque de se poser des questions.

A moins que l’acheteur du Ronsard puisse ainsi laisser traîner  ce catalogue dans la maison familiale sans encourir les récriminations d’un conjoint scandalisé !

Alors qu’en pensez-vous ?

Lauverjat

Un classique de la bibliophilie, les Chroniques: l’Histoire de saint Louis par Joinville

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Amis Bibliophiles bonsoir,

Jean de Joinville, sénéchal de Champagne, familier du roi saint Louis est né en 1225. À compter de 1244, Louis IX, roi de France,  prépare le voyage en terre Sainte pour soutenir les royaumes d’Orient. Les chevaliers du royaume suivirent le roi par fidélité, ainsi fit Jean de Joinville : « je ne voullu onque retourner mes yeux vers Joinville pour ce que le cuer ne me attendrisist du biau chastel que je lessoie et de mes deux enfans ». Aussi cette septième croisade n’enthousiasma guère le reste de l’Europe. La flotte quitta Aigues-Mortes le 25 août 1248. Elle gagna Chypre et y passa l’hiver. Enfin elle appareilla de  Chypre en mai 1249 et se présenta devant Damiette quelques jours plus tard. L’armée réduite par les fortunes de mer, débarqua de vive force le lendemain. Sur mer, sur le Nil et tout le long de la côte, les français repoussèrent les sarrasins qui fuirent Damiette après pillage des maisons chrétiennes et incendie. La ville ouverte fut occupée le lendemain. 

Edition princeps
Edition princeps, le roi se croise

L’armée campa devant Damiette sur les deux rives du Nil et une île du delta.  Joinville déplore qu’elle se conduisit mal, pillant, violant, volant. Les chevaliers y donnèrent des fêtes et beaucoup s’endettèrent. L’armée dans l’attente des renforts  perdit un temps précieux dans cette nouvelle Capoue, harcelée par les Sarrasins. Quand elle se remit en marche, les armées du sultan d’Egypte étaient prêtes et les batailles devant Mansourah se soldèrent par une retraite catastrophique. Joinville fut fait prisonnier comme le Roi. Les principaux croisés furent libérés contre rançon et reddition de Damiette. Joinville et le roi se rapprochèrent.  Louis IX séjourna ensuite dans les royaumes d’Orient puis regagna  la France en 1254.  Joinville l’accompagna. Plus tard, en revanche, il refusa de participer  à l’expédition de Tunis.

La reine Jeanne Ière de Navarre épouse de Philippe Le Bel, lui commanda cette Histoire du Roi Louis IX. Joinville en termina l’écriture en 1309 au mois d’octobre et présenta son travail à Louis alors roi de Navarre, futur Louis X le Hutin. L’essentiel de son récit concerne les six années de la septième croisade. Ce livre nourrit l’iconographie historique de la nation avec des scènes aussi célèbres que celles de saint Louis rendant la justice sous un chêne ou lavant les pieds des pauvres. Témoin heureux à l’enquête en canonisation de saint Louis en 1282, Joinville mourut en 1317.

Joinville  est reconnu pour la simplicité et la spontanéité de son style. Il se met beaucoup en scène mais n’oublie pas qu’il n’est pas le héros. Il produit un « récit dicté par un homme candide et intelligent qui voit bien et sait raconter avec grâce »  dit Hauser. Par exemple, il avoue ingénument la joie et le désespoir de Blanche de Castille à la double nouvelle de la guérison de son fils et de son départ en croisade « Lors la Royne sa mère oy dire que la parole li estoit revenue, et elle en fist si grant joie comme elle pot plus. Et quant elle sot que il fu croisé, … elle mena aussi grant deu(i)l comme se elle le veist mort ».

Joinville Manuscrit Source gallica.bnf.fr  Bibliothèque nationale de France
Il déclare ne pas vouloir mettre dans son livre ce qu’il n’a pas vu.  Ainssi le récit de Joinville est précieux pour son témoignage historique. Mais il se remarque également par sa précocité à utiliser le français pour cet usage. Il fait partie des grands précurseurs de la littérature française avant Froissart  (qui naît en 1337) mais  après Villehardouin.  Cependant si Villehardouin  sort l’histoire française des sagas légendaires écrites en latin, il demeura longtemps ignoré et n’atteignit aux honneurs de l’imprimerie que beaucoup plus tard.

Le manuscrit de la librairie de Charles V avait disparu au XVe  siècle. L’édition princeps de « L’histoire et chronique du très chrétien Roy S. Loys, IX du nom, et XLIIII. Roy de France. Escripte par feu messire Jehan, sire, seigneur de Ionville et seneschal de Champaigne...Et maintenant mise en lumière par Anthoine Pierre de Rieux » paraît chez Jehan et Enguilbert  de Marnef, à Poitiers en 1547. L’achevé d’imprimé date de1546, le privilège, du 20 janvier 1545. Le toulousain Guillaume La Perrière signe la préface  et  la publication est dédiée au Roi François Ier. Un manuscrit avait été retrouvé deux ans plus tôt par Antoine Pierre (selon la signature de la dédicace) à Beaufort-en-Vallée, au pays d’Anjou, parmi de vieux registres du roi René de Sicile. L’ordre du texte de cette édition princeps a été modifié par rapport au manuscrit et la langue actualisée. En 1561, le seul Enguilbert  de Marnef, donne une seconde édition, toujours à Poitiers.

Prise de Damiette, Source gallica.bnf.fr  Bibliothèque nationale de France
En 1617, Claude Mesnard livre, à Paris, en la boutique de Nivelle Sebastien Cramoisy, une nouvelle édition établie à partir d’un manuscrit tardif mais dépourvue des modifications de langage appliquées à l’édition princeps. Cependant, en 1666, Jacques Cottin publie à Paris « les mémoires de messire Jean, sire de Jonville », in-12 qui reprend, encore, le texte de 1547. 

Joinville 1761,Source gallica.bnf.fr  Bibliothèque nationale de France
Le texte le plus proche de l’original fut publié en 1761 à partir du plus ancien manuscrit conservé. La miniature de la première page représente Joinville faisant hommage de son livre à Louis X, elle aurait été peinte vers 1330-1340. Le manuscrit entre dès avant 1373 dans la bibliothèque de Charles V. Il compte 392 pages de parchemin format in-4° en lettre de forme à deux colonnes. Vendu au duc de Bedford il entre ensuite dans la bibliothèque des ducs de Bourgogne. Abandonné, il est redécouvert dans les sous-sols de la chapelle royale de Bruxelles après la prise de la ville par les troupes du maréchal de Saxe  en 1746. Il gagne la Bibliothèque du Roi. Anicet Melot puis l’abbé Claude Sallier puis Jean Capperonnier, qui remplace ses deux collègues décédés prématurément,  s’attachent à la publication de ce manuscrit et à la réalisation du glossaire. Le livre est publié à Paris par l’imprimerie royale au format in-folio.

Aujourd’hui le manuscrit est conservé à la Bnf sous le numéro FR 13568. Le site gallica le propose en ligne ce qui permet à chacun de comparer le texte de son édition.

Lauverjat

Un Livre à l'honneur : L'An 2440, rêve s'il en fût jamais, par Mercier

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Amis Bibliophiles Bonsoir,

C'est ouvrage que l'on croise régulièrement dans les catalogues de ventes, chez les libraires ou dans les salons, voire sur ebay. Il n'est pas rare, mais son titre interpelle toujours. Vous savez mon intérêt pour les utopies, et vous propose d'en découvrir une autre ce soir, "L'an 2440, rêve s'il en fût jamais" par Louis-Sébastien Mercier, paru en 1770.
Louis-Sébastien Mercier (1740 - 1814) est ce que l'on peut appeler un polygraphe, il se décrivait d'ailleurs lui-même comme "le plus grand livrier de France". Il a écrit de nombreux ouvrages, essais critiques (De Jean-Jacques Rousseau considéré comme l’un des premiers auteurs de la Révolution, Paris, Buisson 1791 ou Rapport fait au nom d’une commission spéciale sur l’enseignement des langues vivantes, Paris, Impr. Nationale, 1796), près de 50 pièces de théâtre, mais il est surtout passé à la postérité pour deux textes recherchés des bibliophiles : le Tableau de Paris, et, justement L'An 2440, rêve s'il en fût jamais.
Je passe (trop) rapidement sur le Tableau de Paris, grand texte et témoignage irremplaçable sur les moeurs de la capitale en cette seconde moitié du 18ème siècle. On dit d'ailleurs que Mercier décrivît Paris de jour, quand Restif de la Bretonne décrivait Paris la nuit. Les derniers des 12 volumes furent publiés en 1788.

L'An 2440, rêve s'il en fût paraît lui en 1770. Ce texte est une utopie, et même plus, c'est une uchronie (ahaha! on apprend des choses sur le blog, n'est-ce-pas?), c'est-à-dire une évocation imaginaire dans le temps, ce qu'on appellera plus tard l'anticipation ou la science fiction. Le mot "uchronie" fût créé par par Charles Renouvier, qui s’en sert pour intituler son livre Uchronie, l’utopie dans l’histoire, 1857. C'est un néologisme fondé sur le modèle d’utopie (inventé en 1516 par Thomas More pour servir de titre à son célèbre livre, Utopia), avec un « u » privatif et, à la place de « topos » (lieu), « chronos » (temps). Étymologiquement, le mot désigne donc un « non-temps », un temps qui n’existe pas.

Et c'est précisément le cas pour le texte qui nous intéresse aujourd'hui. L'An 2440, rêve s'il en fût jamais nous conte en effet l'histoire d'un narrateur qui, après une discussion avec un Anglais, qui lui montre toutes les tares de la société française en ce dernier tiers des Lumières, s’endort et se réveille en 2440, après avoir dormi six cent soixante-dix ans, dans une société rêvée, qui a été libérée par une révolution tranquille et heureuse, dans laquelle les préceptes des Lumières règnent. Le narrateur se promène dans Paris et découvre dans chaque scène de nombreux étonnements et des raisons de se réjouir. L'ouvrage se termine sur une autre scène évocatrice puisque le narrateur croise finalement un vieillard en pleurs, qui n'est autre que Louis XIV, dans un Versailles en ruine. C'est là qu'un serpent mord le narrateur qui se réveille enfin.
La lecture est agréable, et c'est particulièrement la mise en perspective qui est intéressante, puisque le narrateur découvre la nouvelle société "de ses rêves" en la comparant à celle qui est la sienne, celle de cette seconde moitié de 18ème siècle. Il peut donc se livrer, et c'est aussi le sel de l'ouvrage, à une critique significative de la monarchie française de l'époque et de ses moeurs : culte de l'apparence de la noblesse, intrigues, monarque peu éclairé, le tout dans une société fondée sur l'ascendance (titres hérités) et l'argent. A contrario, dans la société de l'an 2440, où l'oppression a disparu, la valeur et la distinction sont personnelles, de véritables reconnaissances d'un mérite et non d'un titre de noblesse et le citoyen participe activement à la vie de la Nation.

Ce qui est amusant, c'est que l'ouvrage s'avèrera finalement être réellement un ouvrage d'anticipation, puisque plusieurs des prophéties évoquées par Mercier se réaliseront : l'idée d'une révolution qui embraserait les parlements, la remise à plat des privilèges, où la disparition de l'enseignement en latin ou en grec au profit des langues modernes, etc.

L'ouvrage ne fût pas inquiété par la censure, ce qui peut sembler surprenant. Je vous en recommande la lecture, ainsi que celle du Tableau de Paris, dont les plus de mille chapitres invitent plus à un picorage qu'à une lecture continue, mais qui est passionnant (vous y saurez ainsi tout sur les décrotteurs, les vendeuses de chapeaux, les équarrisseurs de la rue aux Ours, ou les divers petits peuples qui vivaient alors dans la capitale, comme les tire-goussets et autres.).

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